Le gang des slips est passé aux aveux
Les guirlandes de slips sont l’oeuvre de collégiens dans le cadre d’un projet pédagogique sur les rumeurs et les fake news. Il faudra bientôt dire adieu à la petite centaine de culottes qui flottent au-dessus de la place et des rues principales de la cité
Ils ont « piégé » France TV,
20 minutes, Libération, Les Grosses têtes de RTL, Virgin radio, France Info, Plein air, Le
Parisien, Paris Match, BFM TV, France Inter, France Soir, et une bonne douzaine d’autres médias nationaux et régionaux. « Ils » se sont les 26 collégiens de 4e du collège Notre-Dame de Poligny. Depuis le mois de septembre, la classe cogite et agit sur le thème de l’année : la liberté d’expression et ce qui en découle parfois (désinformation, rumeurs et fake news). C’est donc un canular « pour faire parler » qui a été monté de toutes pièces et le moins qu’on puisse dire et que l’objectif a été atteint. Le mystère des slips alimente toutes les rumeurs dans la petite cité de 4 000 âmes depuis deux semaines : « Ça doit être des clients éméchés d’un pub », avant de prendre une tournure plus commerciale : tel commerçant pour ennuyer tel autre, ou bien un magasin de sous-vêtements pour se faire de la pub. « Tout est allé vite »
D’autres y ont vu un message plus historique ou politique : le retour des sans-culottes, puisque la place du général Travot (qui les a combattu) a été bien pourvue de guirlandes. « Tout est allé
trop vite, on ne pensait pas que cela prendrait de telles
proportions », ont témoigné les collégiens le 19 février, jour de leur « coming out » (d’ailleurs avancé d’une semaine pour faire face à l’emballement médiatique).
Leurs actes n’étaient pas gratuits, et ils entendent bien tirer les leçons de ce buzz avec leurs complices : leur professeur de français Laëtitia Garreau, l’artiste Nicolas Turon et l’association MiScène. « À partir de ces faits, nous avons écrit un spectacle, ’’Histoires de slips’’, qui sera présenté à Poligny. Nos fameuses guirlandes ne sont porteuses d’aucune revendication, et ont été posées dans un seul but pédagogique et scolaire ». « Mamie culotte » comme inspiration
Avant d’opter pour les slips, les collégiens ont passé en revue les thèmes qui pourraient faire le
buzz : « Cheese land, un parc d’attractions sur le fromage (fierté locale, Poligny étant la capitale du Comté N.D.L.R.), ou une vache montbéliarde kidnappée à la veille d’un voyage vers les Indes ». C’est au final le slip qui l’a emportée
grâce à « Mamie culotte ». « Dans l’ancien collège, les élèves passaient devant une maison où une mamie étendait toujours ses culottes après la lessive. Cela nous a donné l’idée de départ », témoigne Laëtitia Garreau.
La pièce écrite par les collégiens ne manquera pas de sel, puisqu’elle racontera entre autres l’histoire de chaque culotte, comme celle de ce pompier. Ou l’histoire de la SSS (Société Secrète du Slip), qui organise et planifie ses coups d’éclats à Poligny… mais aussi à l’international !
La réalité dépassera-t-elle la fiction ? Plusieurs « fêtes du
slip » organisées à travers le pays prouvent que la France n’a pas tout à fait perdu son sens de l’humour (le but consistant à y venir en sous-vêtements). Alors à quand d’autres guirlandes de slips au-delà du Jura ?
Histoire de slips, le mardi 6 mars, à 19 h à la Chapelle de la Congrégation à Poligny.