Voix du Jura

Témoignage : comment il a localisé l'épave de l'avion

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Pascal Chambon, conseiller grussois résidant à un kilomètre du crash, a découvert les restes de l’avion.

Parapentis­te confirmé et passionné, ce gendarme retraité connaît parfaiteme­nt tous les coins et recoins du territoire, parcourus à pied avec son chien bigle depuis de nombreuses années.

« Samedi, le plafond était très bas, à environ 400 à 450 m, c’est-à-dire que Saint-Laurent la Roche n’était absolument pas visible de Grusse, surtout l’après-midi, noyé dans un épais brouillard. Je suis rentré d’une marche quotidienn­e vers 16 h 30. A 17 h 15, je reçois un sms de Bénédicte Faton-Rosain, maire de Grusse. Elle me dit qu’un appel des pompiers signale qu’un avion de tourisme se serait perdu dans le secteur de Saint-Laurent. Si quelqu’un a vu ou entendu quoi que ce soit, il fallait prévenir les secours. N’ayant rien vu ni entendu, je n’ai pas répondu. À 19 h, lorsqu’un gendarme est venu nous interroger, je me suis rappelé avoir entendu un léger bruit de porte qui claquait aux alentours de 17 h. Ce bruit furtif m’avait fait descendre mais je n’avais rien constaté d’anormal. À 21 h, j’entends l’hélicoptèr­e de la gendarmeri­e qui survole Grusse. C’était du sérieux. En tant que conseiller municipal et citoyen, je suis sorti voir ce qui pouvait bien se passer. Les infos étaient la disparitio­n d’un avion de tourisme sur un secteur situé entre Saint-Laurent, Augisey et Grusse. Ça faisait une zone très vaste pour les recherches. L’hélico qui était venu de Dijon devait revenir le lendemain en journée pour continuer les recherches. Mon intention était, si le temps le permettait, de survoler la zone en parapente afin d’aider les recherches ».

À 22 h 30, nouveau SMS du maire de Grusse. Les témoignage­s de plusieurs personnes ayant entendu des bruits avaient permis d’orienter les recherches sur un espace situé entre le lieu-dit La Grange-en-Cey et La Grange-en-Ley. « À ce moment-là, j’ai décidé de partir faire des recherches muni de ma grosse lampe torche. J’étais seul et peu informé. Je ne savais pas ce qui se passait à Saint-Laurent, ni qui était sur place et ce que je cherchais vraiment ! Je suis parti un peu à l’aventure mais avec un but précis : je voulais partir de La Grange-en-Cey en direction de Rotalier, entre la côte de Varilles et celle de Malessard et ainsi quadriller un secteur qui n’avait pas été foulé par d’autres chercheurs. Bénédicte Rosain était informée de mes intentions ».

Il devait être 22 h 40 quand Pascal Chambon est parti en direction de la Grange-enCey. Un véhicule des pompiers barrait la route. « J’ai continué à pied marchant dans le noir et dans un silence absolu, quittant les sentiers carrossabl­es. Par déductions, l’avion ne pouvait être que dans cette zone. Je dirigeais le faisceau de ma lampe en hauteur, histoire de trouver des impacts, des signes ». ll était 23 h 25 lorsque, presque par hasard, il a remarqué des anomalies sur les sapins. La blancheur de l’arbre écorcé se voyait bien dans le faisceau lumineux. Puis un gros sapin couché. « J’ai compris en voyant de la ferraille dans les arbres, des pull-overs, des vêtements éparpillés… que le crash avait eu lieu ici. Il y avait des débris jonchés sur le sol, sur 200 mètres de long, 50 de large… Une vision apocalypti­que. Vu ce qui restait de l’appareil, il était clair qu’il n’y aurait aucun survivant. Je cherchais la carlingue qui aurait pu éventuelle­ment protéger les passagers mais là encore, rien. Les plus gros morceaux ne dépassaien­t pas 2 mètres carrés. Je n’ai strictemen­t rien trouvé. Avant d’alerter, j’ai attendu quelques minutes espérant entendre un appel au secours des personnes à bord, mais là encore rien ! ». Il ajoute : « Je n’ai aucun mérite ; si ce n’était pas moi qui avais retrouvé les débris, cela aurait été quelqu’un d’autre. »

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