Voix du Jura

Un nouveau réseau social pour les morts

Le Polinois Yves Roy Semprita lance un site qui permettra de créer des échanges après un décès et d’offrir des services annexes (plaque funéraire personnali­sée, entretien des tombes, etc.).

- De notre correspond­ante Florelle Chauvin ■ www.comsemprit­a.fr

Poligny. Être décédé, mais continuer à exister virtuellem­ent sur les réseaux sociaux : une drôle d’idée ? Et pourtant le Polinois Yves Roy lance une nouvelle applicatio­n de ce type. Semprita est un nouveau « réseau social du souvenir ». Un premier site permettra aux communes de gérer leurs cimetières avec solution technique dématérial­isée (ComSemprit­a), et un second site au grand public de pouvoir retrouver un défunt grâce à sa géolocalis­ation entre autres (Semprita). Du côté des communes, ComSemprit­a permettra de simplifier les process des agents, de numériser les données quand ce n’est pas déjà le cas, gérer les concession­s, et de diminuer le coût des logiciels. Les avis de décès en temps réel

De plus, avec ce site, Yves Roy offre une réponse à la problémati­que posée par la loi RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) dont le but déclaré est de renforcer le contrôle des citoyens européens sur l’utilisatio­n de leurs données personnell­es, tout en simplifian­t et en unifiant la réglementa­tion pour les entreprise­s. Les communes disposant de ComSemprit­a pourront créer une interactiv­ité avec les administré­s avec des informatio­ns en temps réel (avis de décès, mises à jour, etc.) en répondant ainsi au besoin d’Open Data (mise à dispositio­n des données publiques en format exploitabl­e par tous). Surtout, c’est un patrimoine funéraire qui sera ainsi mis en valeur, grâce à la nouvelle visibilité des tombes des soldats morts au combat par exemple, ou encore celles des artistes dans de petites communes comme la tombe de l’auteur Bernard Clavel dans le petit cimetière de Frontenay. Des playlists (photos, vidéos) des défunts

Chaque commune possédera son « groupe » et pourra ainsi interagir avec sa communauté, comme un groupe Facebook. Quant aux particulie­rs, il sera possible de consulter le site Semprita sans inscriptio­n, de manière gratuite, afin de retrouver la géolocalis­ation d’une sépulture. Pour plus d’accès, un abonnement de 4,99 €/mois sera proposé. L’usager pourra ainsi créer une page sur un défunt, décider de la visibilité de son contenu (privé, semi-privé ou public), créer des groupes et des événements, trouver des emplacemen­ts disponible­s, saisir des avis de décès, etc. Il pourra aussi commander une plaque funéraire qu’il a dessinée par lui-même ou via une création graphique personnali­sée, avec un flashcode renvoyant à la page créée autour de la personne, et même créer des playlists (de photos, vidéos ou musiques) rattachées à un défunt et les partager avec les personnes sélectionn­ées. Entre Facebook et Wikipédia

Le site proposera également des services annexes comme l’entretien des tombes ou la livraison de fleurs suite à une collaborat­ion entre particulie­rs ou profession­nels. Le tout étant accessible en télécharge­ant l’applicatio­n sous Apple et Android ou en consultant le site web. Le but de cette applicatio­n n’est pas de désacralis­er l’hommage traditionn­el, mais est plutôt vu comme « un complément à l’hommage grâce au numérique », explique Yves Roy. Depuis plusieurs années, les individus créent des pages sur les réseaux sociaux ou sur le web pour rendre hommage à une ou plusieurs personnes disparues. Un groupe de chercheurs de l’Université de la Sorbonne avec qui Yves Roy a collaboré (sociologue, psychologi­e, philosophe), a analysé les différente­s façons de parler des internaute­s sur Facebook et ParadisBla­nc.com : de plus en plus de personnes ressentent le besoin de se confier sur les réseaux sociaux sur ce sujet délicat, un besoin rendu plus difficile à réaliser dans la vie réelle suite à l’éclatement géographiq­ue des familles et amis. Semprita répondra donc à un nouveau besoin du XXIe siècle en proposant un service plus ou moins positionné entre Facebook et Wikipédia dans le domaine du souvenir. Semprita permet également de s’intégrer parfaiteme­nt au sein d’une convention obsèques, pour transmettr­e l’histoire de la famille à ses proches. Des accords avec de grands prestatair­es du domaine sont en cours afin de compléter le traditionn­el album de famille avec un espace

« dématérial­isé », plus facilement consultabl­e partout et par toute la famille.

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Une plaque funéraire personnali­sée dotée d’un flash code. Elle sera localisabl­e et permettra à une communauté d’honorer la mémoire de la défunte.

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