Voix du Midi (Lauragais)

Il fait revivre le Lauragais d’il y a 60 ans

Depuis la mi-mai, Sébastien Saffon publie chaque jour, sur le blog « Les Carnets d’Émile », des extraits du journal de son grand-père, métayer en 1956 dans le Lauragais.

- Caroline Muller

« MERCREDI13 JUIN- Temps couvert - Avons fini de couper le fourrage aux champs devant le moulin du poivre. Avons ramassé celui du champ du Roc et soigné celle de la pointe. Marius S. nous a porté une paire de boeufs. Les maçons sont venus arranger le petit hangar qu’avait coupé le vent. » Nous sommes en 1956, dans une ferme du Lauragais. Il y a 60 ans, Émile 29 ans, tient un journal dans lequel il raconte son quotidien de métayer. Il s’y appliquera chaque jour jusqu’à la fin de sa vie, en 2002. Ces petits carnets, son petit-fils, Sébastien Saffon, a aujourd’hui décidé de les faire revivre. Chaque jour, sur un blog, il partage les quelques lignes que son grand-père avait écrites il y a 60 ans, jour pour jour. « Quand j’étais petit, j’ai vu mon grand-père s’asseoir tous les soirs à table et griffonner le résumé des activités du jour », confie Sébastien, aujourd’hui directeur d’école maternelle à AvignonetL­auragais. Météo, relevé des activités agricoles mais aussi événements familiaux ou religieux, tout était noté de manière très concise dans ces petits carnets, qui remplissen­t aujourd’hui une étagère entière. « C’est un très bel héritage, sourit Sébastien. Et ils ont une valeur historique certaine. » exploitati­ons françaises étaient encore en métayage, explique Sébastien. Un métayer, c’était un agriculteu­r qui ne possédait pas ses propres terres, ni sa maison, et qui partageait la moitié de ses récoltes avec le propriétai­re. » Ces récits quotidiens permettent de se rendre compte de la lente évolution de l’agricultur­e dans le Lauragais, mais paradoxale­ment de la modernisat­ion très rapide des années 1960. « En 1956, il n’y avait pas encore de tracteur dans la ferme de mon grand-père. On travaillai­t encore avec les boeufs, ajoute Sébastien Saffon. Il arrivera trois ou quatre ans plus tard. » Aujourd’hui, Sébastien Saffon fait vivre le quotidien de son grand-père sur son blog, mais également sur Twitter, où il a créé un compte pour Les Carnets d’Émile. « Twitter, c’est un peu aujourd’hui la traduction des carnets d’hier : on y dit ce qu’on fait tous les jours ! » À l’avenir, Sébastien Saffon aimerait enrichir son blog d’articles, de photograph­ies « et pourquoi pas de témoignage­s ou de réactions », ajoute-t-il, persuadé que son blog peut éveiller des souvenirs chez les Lauragais. Mais Sébastien reste humble. De ces petits bouts d’histoire locale et de ce patrimoine lauragais, Sébastien insiste, il n’en est que le passeur. lescarnets­demile.over-blog.com Sébastien Saffon a anonymé

les noms dans son projet.

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Sébastien Saffon a trouvé une mine d’or de patrimoine local : les carnets de son grand-père.
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Météo et relevé d’activités agricoles étaient consignés.

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