Au temps des baloches toulousaines
Toulouse, reine des bals de quartier. La ville en dénombre jusqu’à près de 80 à la fin des Années folles et dans les premières années de la Libération.
Toulouse, reine de la fête. De l’entre-deuxguerres au début des années 60, la Ville rose connaît un formidable engouement pour les baloches. Sur les places et dans les rues, se dressent des estrades autour desquelles dansent des centaines de couples. De mai à octobre, trois bals de quartier sont organisés chaque week-end ! Leurs dates sont le plus souvent liées aux fêtes patronales ou votives. L’esprit des habitants des faubourgs de Croix- Daurade, Lalande ou encore FontaineLestang reste longtemps rattaché aux fêtes rurales, où la dimension religieuse est prégnante. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, elle conditionne quasiment l’existence même de la communauté. Ainsi, les habitants de Saint-Roch invoquent traditionnellement leur saint-patron contre la peste. En écho aux pardons, ces anciennes cérémonies pénitentielles qui se tenaient dans les maladreries (hôpitaux de lépreux) du Château-Narbonnais et d’Arnaud-Bernard.
La baloche se démocratise après la Grande Guerre
Le cadre des fêtes reste longtemps inchangé. Autrefois apanage des Capitouls, l’organisation reste dans les mains du pouvoir municipal. En témoigne, la baloche de San Subra, organisée en 1845 sur la Prairie des Filtres, à l’initiative et en l’honneur du conseiller municipal Benoît-Joachim Arzac. L’événement chroniqué l’année suivante par le poète Louis Vestrepain, est présenté comme ouvert à tous les Toulousains et habitants alentour. Le phénomène de démocratisation de la baloche entamé à la Belle-Époque devient manifeste après 1918. Les jeunes des quartiers s’emparent de l’organisation et recrutent les musiciens amateurs le plus souvent au Clocher de Rodez, place Jeanne d’Arc. Si les chants traditionnels comme Se Canto, La Toulousaine ou Montagnos
Pirénéos sont encore fredonnés essentiellement au cours des repas, ceux spécifiques à chaque quartier entonnés lors de l’aubade ou la retraite
aux flambeaux, n’ont plus cours. Côté danse, le fox-trot et le charleston font fureur au mitan des 20’s alors que la java, le paso-doble et la rumba
accompagnent les révolutions swing, rock et twist du babyboom.