Voix du Midi (Lauragais)

Sorties, fêtes, marchés, balades… notre cahier central de 12 pages !

On a testé : le Lauragais depuis les cimes

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« JE VOUS CONSEILLE de ne pas rester en dessous, vous risquez de recevoir une corde ou des brindilles ! » Perché à plus de 15 mètres de haut, un drôle de félin installe le matériel pour une session de grimpe d’arbres. Dans le parc de Saint- Félix, derrière le château, les différente­s essences de bois offrent une ombre appréciabl­e en cet après-midi du mois d’août, où les températur­es dépassent largement les 30 °C. Au sol, un petit groupe de sept personnes suit des yeux les déplacemen­ts de Guillaume Gauthier, l’un des fondateurs de l’associatio­n Libertree. Je me glisse parmi eux et constate la diversité de leurs proils : des hommes et femmes de 11 à 66 ans, aguerris ou débutants, du Lauragais ou de Toulouse, scientiiqu­es ou bien retraités…

Confiance en soi et en l’autre

Redescendu de son cèdre, Guillaume Gauthier nous explique avec patience et pédagogie les rudiments de la grimpe. « Nous allons voir deux techniques : la moulinette et l’autoassura­nce. Pour la première, une personne au sol assure son partenaire qui grimpe. La deuxième consiste à évoluer de façon plus autonome, avec des noeuds autobloqua­nts » . Pour une première expérience, mon choix s’oriente plutôt vers l’autoassura­nce. Le principe est assez simple. Je suis équipée d’un baudrier, attaché à une corde que l’on a, au préalable, suspendue au sommet de l’arbre. Je me mets d’abord en position assise audessus du vide. Puis j’enfile mon pied dans une cordelette nouée autour de la corde et qui forme une pédale. Ensuite, je me remets debout en faisant glisser au-dessus de ma tête une deuxième cordelette, nouée elle aussi sur la grande corde et reliée à mon baudrier. « On appelle cette corde l’ascenseur, souligne Guillaume Gauthier, parce qu’on la fait monter en même temps qu’on se relève ». J’ai déjà pratiqué à plusieurs reprises l’accrobranc­he mais la grimpe d’arbres, au moins tout aussi physique, m’apparaît comme bien plus sensoriell­e. Le pied à peine posé sur la cordelette, je retrouve immédiatem­ent les sensations de mon enfance, lorsque j’escaladais sans corde les arbres de mes parents. L’odeur des épines du cèdre et le contact de l’écorce m’enivrent. Mes yeux reçoivent régulièrem­ent de petites poussières de bois, projetées par les grimpeurs déjà au-dessus de moi, mais je m’accroche… Tant et si bien que le frottement des cordes me provoque trois ampoules alors que je ne suis même pas à mi-chemin. Mon élévation vers les cimes est loin d’être aussi rapide que celle d’un ascenseur… Faire remonter ma pédale, après chaque mouvement, implique de la desserrer à chaque fois, ce qui prend du temps. « On travaille avec des noeuds car c’est plus facile à gérer, m’indique Guillaume. Le tarif des cordes reste plus abordable que d’autres outils et nous permet de faire pratiquer ce genre d’ac- tivités au public à moindres frais » .

Une vue à couper le souffle

L’encadrant m’a rejoint sur ma branche en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « grimpe ». Il a une méthode eficace : ses chaussures sont équipées de bloqueurs, des boucles en métal qui l’aident à monter plus rapidement. Les autres habitués utilisent simplement leurs pieds pour coincer la corde et grimper sans pédale. Arrivée en haut, je contemple la vue sur le parc éolien, le petit moulin sur la colline et les champs lauragais à perte de vue, sous le ciel d’un bleu sans nuage. Moi qui craignais d’être sujette au vertige, je me sens plutôt dans mon élément. Les branches m’empêchent de me focaliser sur le sol. J’y pose quand même les pieds avec soulagemen­t, après une descente deux fois plus rapide que la montée – pas besoin de pédale cette fois-ci, il m’a simplement sufi de desserrer

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Christophe, membre de l’associatio­n, effectue occasionne­llement des sorties avec sa compagne, Maëlle. Tous deux sont ingénieurs et véritablem­ent amoureux des arbres.

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