On a testé pour vous : la galerie des robinets
Le Musée et Jardins du canal du Midi organise des visites de la galerie des robinets, sous la digue de Saint-Ferréol, tous les jours de l’été. Un pan de l’histoire locale à découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre l’oeuvre de Pierre-Paul Riquet.
VISITER des ouvrages de plomberie n’est pas forcément la première idée qui me viendrait à l’esprit si j’étais en vacances. Pourtant, le Musée et Jardins du canal du Midi propose ainsi de découvrir la galerie des robinets du lac de Saint-Ferréol, non pas occasionnellement, mais bien tous les jours, du 1er juillet au 31 août. Visiblement, à juste titre : en m’y rendant, je pensais tomber sur trois ou quatre touristes égarés… Nous étions en fait une bonne dizaine, cet après-midi-là. Lauragais et visiteurs francophones ont donc franchi la grille de la terrasse, puis descendu le chemin à proximité de la gerbe d’eau, pour inalement arriver à côté d’une rigole et d’une porte en fer verrouillée, au pied de la digue, derrière le lac. Devant nous se dresse un mur de plus 30 m de hauteur. « Il s’agit de ce que l’on nomme le mur de Vauban, explique Sébastien Mignot, notre guide. En 1672, quand le barrage du lac de Pierre-Paul Riquet fut terminé, la capacité de retenue était d’environ 4 millions de mètres cubes d’eau. En 1689, Vauban a renforcé le barrage et a ainsi augmenté la capacité du réservoir de 2,5 millions de mètres cubes. Après nous avoir fait remarquer les marques des tâcherons - ou tailleurs de pierres- le guide ouvre la porte de la galerie. À l’intérieur, la température offre un contraste saisissant avec la forte chaleur qui règne dehors. « Ici, pas besoin de climatisation » , sourit Sébastien. Sous la voûte, la césure entre le mur de Riquet et celui de Vauban se distingue nettement malgré la
pénombre.
63 000 m3 perdus par bateau
Nous marchons plusieurs dizaines de mètres avant de descendre un escalier en direction de trois gros robinets de bronze. D’autres étaient, à l’origine, situés en amont du lac. Ils ont été déplacés vers 1700, en raison de l’eau qui s’iniltrait sous les voûtes. La visite s’arrête devant ces trois pièces, conçues par des horlogers, qui permettent de laisser l’eau s’écouler vers le canal du Midi. Mais notre guide poursuit ses explications, haussant le ton de sa voix pour couvrir le bruit de l’eau : « Le but du réservoir d’eau de Saint-Ferréol est d’alimenter le canal du Midi. Le lac est construit sur le lit du Laudot et recoule ensuite dans ce ruisseau, avant d’arriver au canal à Naurouze. Une « rigole de ceinture » contourne le bassin par le sud-est. C’est là que vont les eaux du lac lorsqu’on le vidange » . Plus la saison touristique avance, plus on a besoin de l’eau stockée dans le lac de Saint-Ferréol. En effet, à chaque fois qu’un bateau traverse une écluse du canal, mille mètres cubes d’eau sont évacués vers la Méditerranée. Avec 63 écluses au total sur le canal, et quelques centaines de péniches qui les parcourent, on calcule rapidement l’intérêt des 6,5 millions de mètres cubes de cette retenue d’eau. « Les robinets ne sont plus utilisés depuis 1994, souligne Sébastien Mignot. Ce système a été remplacé par une vanne automatisée, gérée par VNF » (Voies navigables de France).
Jusqu’à vingt personnes par jour
La visite, qui dure une quarantaine de minutes, permet de découvrir bien d’autres anecdotes sur l’histoire du lac et de la digue, le personnage de Riquet et ses descendants ou encore, la nécessité de vidanger