Montariol, l’architecte de l’entre-deux-guerres
Cet architecte toulousain a profondément transformé la physionomie de la Ville rose. On lui doit l’édiication de la Bibliothèque municipale ainsi que de nombreux équipements publics (parc des Sports, bains-douches, groupes scolaires).
D u beau et du fonctionnel. Au coeur de l’entre- deuxguerres, Toulouse se signale par ses nombreux chantiers publics siglés Art déco. Des bâtiments en béton armé le plus souvent mâtinés de pâtes de verre et de mosaïque sortent de terre, sous la houlette de Jean Montariol. Nommé architecte en chef de la Ville par Étienne Billières en 1927, ce fringant quadragénaire est chargé de mettre en musique le programme du maire socialiste, en permettant à la classe ouvrière d’accéder aussi bien à des logements confortables qu’à l’enseignement, la culture et le sport. Une gageure de prime abord pour ce ils de la bourgeoisie entrepreneuriale qui préfère la compagnie des artistes à celle des bâtisseurs patentés post- haussmanniens. Contre la volonté paternelle, il fréquente avec succès l’école des beaux-arts de Tou- louse et se lie d’amitié à Paris au sortir de la Grande Guerre avec Le Corbusier, Picasso et Clergue.
Des HBM à la Bibliothèque municipale
Ce qui ne l’empêche pas de revenir par atavisme familial aux études architecturales. De retour un temps dans le giron familial, il enseigne rapidement l’architecture et le dessin industriel avant d’être happé en 1925 par l’Ofice public d’HBM (Habitions à Bon Marché, ancêtre des HLM). Là, il travaille à l’érection des premiers groupes d’HBM (des Récollets, saintRoch, Bonnefoy ou Bourrassol) et de cités-jardins (au Pont des Demoiselles, Croix-Daurade, Fontaine-Lestang, Juncasse…). À la demande de la municipalité, son champ d’actions se développe avec la construction de groupes scolaires à Rangueil, Lalande ou FontaineLestang et d’équipements de
proximité comme les bainsdouches ou les kiosques destinés à la vente de journaux ou de leurs, sur les allées Roosevelt ou place du Salin. Mais il donne la pleine mesure de son
talent en réalisant la Bibliothèque municipale le « palais rêvé des livres et des travailleurs » comme l’ambitionne le maire à son inauguration en 1935. Un bâtiment élancé aux lignes et aux corniches saillantes, et sa salle de lecture surmontée d’une coupole majestueuse.