Un parcours laïque et citoyen pour les collégiens lauragais
Les élèves haut-garonnais de 4e et 3e vont pouvoir participer à des ateliers, des débats ou voir des spectacles dans le cadre d’un dispositif déployé par le Département.
« DANS NOTRE société ébranlée par la montée des extrémismes et par les phénomènes de radicalisation, l’actualité montre l’urgence de restaurer l’autorité républicaine. » Voici comment Georges Méric, le président du Conseil départemental de Haute-Garonne, commence sa présentation du parcours laïque et citoyen. « Nous souhaitons créer ce sentiment nécessaire d’appartenance à la République par lequel les connaissances acquises par les jeunes deviennent, pour eux, des réalités personnelles », écrit-il ensuite. Ainsi, ce dispositif déployé par le Conseil départemental en cette rentrée 2016 a pour but de sensibiliser les collégiens et les aider à devenir « des citoyens autonomes, engagés et ouverts sur le monde » . Le parcours laïque et citoyen s’adresse d’abord aux élèves de 4e et de 3e de plus de 1 000 classes et le Département compte l’étendre dès septembre 2017 aux collégiens de 6e et de 5e. Dans le Lauragais, ces interventions concernent donc les établissements de Nailloux, Auterive, Ayguesvives, Villefranche-deLauragais, Revel, Caraman, Castanet-Tolosan, Saint-Orens-deGameville, Saint-Pierre-de-Lages, Ramonville et Quint-Fonsegrives.
Un appel à projets lancé en janvier
Le Conseil départemental a lancé un appel à projets en janvier 2016. En plus des ressources internes du département, tels que le musée de la Résistance, les archives et la médiathèque départementales ou la Maison des adolescents, près de 100 structures ont été retenues et « labellisées ». Amnesty International, la compagnie C’était demain de Saint-Léon, le Groupement des retraités éducateurs sans frontière basé à Escalquens. Autant d’associations diverses et variées qui proposent aussi bien des conférences que des ateliers, des cafés-philo, des jeux de l’oie géants, de la danse, de l’écriture, du théâtre ou des réalisations de court-métrage, toujours autour de la citoyenneté et de la laïcité. Les établissements peuvent ainsi piocher dans ce catalogue d’interventions.
Des interventions gratuites pour les collèges
« Le grand avantage, c’est que cela est gratuit pour nous, explique Pierre Gasnault, le principal du collège de Nailloux. Souvent nos enseignants ont des projets et on ne peut malheureusement pas les inancer… Là, je suis en train de voir avec mes équipes ce qui les intéresse, puis nous allons nous positionner sur un projet. L’essentiel, c’est de transformer le temps disponible des élèves, qui est de l’ordre de six heures avec la réforme du collège mise en place cette année, en un temps éducatif et d’apprentissage. » Le parcours laïque et citoyen du Département vient en réalité se superposer au « parcours citoyen » qui a été lancé dans l’Éducation nationale au cours de l’année 2015 pour apprendre les valeurs de la République aux écoliers de tous âges. Nailloux a été précurseur en la matière. L’an dernier, les collégiens ont notamment reconstitué la vie d’une famille juive avant, pendant et après la Seconde guerre mondiale. « Le dispositif du Département est complémentaire de celui de l’Éducation nationale, souligne Pierre Gasnault. On se cantonne parfois au cinéma, au théâtre ou au musée ; là l’offre est très variée, des associations sur l’Europe, aux jeux de rôle en passant par l’éducation aux médias. » Et le principal du collège de Nailloux ajoute : « On va pouvoir renforcer les collaborations et travailler autour du terme ‘‘laïque’’, qui n’apparaissait pas dans ‘‘le parcours citoyen’’ de l’État. La laïcité, c’est ce qui permet à chacun de vivre sa liberté en laissant la liberté des autres s’exprimer, c’est le vivre ensemble en fait. Et le rôle de l’école, c’est de sortir de l’émotionnel concernant la laïcité, de revenir à la juste raison et à des apprentissages posés. »
Du « saupoudrage » ?
Pour les associations, le dispo- sitif du Conseil départemental permet de trouver de nouvelles ressources mais aussi d’aller à la rencontre de nouveaux publics. « On va avoir un rapport direct avec les jeunes, plus frontal, loin du côté solennel du théâtre », se réjouit Jean-Pierre Beauredon, directeur de la compagnie Beaudrain de Paroi, de Cintegabelle, retenue pour la pièce Par les villages, de Verdun à Constantinople 14 – 18. « C’est un spectacle sur la Première guerre mondiale, autour de lettres de poilus et d’Apollinaire, précise le metteur en scène. Je trouve que la jeunesse de 1914 ressemble étrangement à celle d’aujourd’hui, elles ont le même désir de liberté. J’espère que ça permettra aux collégiens de se rendre compte de la réalité des tranchées. » La compagnie propose une rencontre en amont de la pièce puis un débat après le spectacle, avec les trois comédiens. Pour l’instant, Jean-Pierre Bauredon ne sait pas encore quel collège a choisi son projet. Il devrait être fixé fin septembre. En attendant, il regrette un certain « saupoudrage » , précisant sa pensée : « Le Conseil départemental a voulu partager le gâteau, il y a énormément de projets, donc nous, par exemple, nous ne sommes inancés que pour une seule intervention dans un établissement. Ceci dit, c’est déjà très bien que cela existe. »