Montaudran, le berceau de l’aéronautique toulousaine
Le site d’origine de l’épopée de Latécoère et de l’Aéropostale, a perduré pendant plus de 80 ans en abritant tour à tour les usines Bréguet, Dassault et le centre de maintenance d’Air France Industrie.
Montaudran, août 1917. PierreGeorges Latécoère rachète plusieurs parcelles d’une vaste propriété agricole de ce quartier du sud de la ville, le long de la ligne de chemin de fer Toulouse-Sète, ain de créer un ensemble d’ateliers, de magasins et de hangars. L’industriel bagnérais, bien trop à l’étroit dans son usine du pont des Demoiselles (à l’emplacement de l’actuel supermarché Casino), doit assurer la construction et la livraison de 1 000 biplans de reconnaissance Salmson 2 A2, à la demande du gouvernement français dans le cadre de l’ef- fort de guerre. C’est là, sous les trois grandes halles de montage que seront fabriqués les avions et une partie des hydravions Latécoère, jusqu’au décès du fondateur en 1943. Le site, en partie érigé par une centaine de prisonniers allemands, emploie jusqu’à l’armistice près de 800 personnes pour tenir la folle cadence. En face de la voie ferrée, le boss fait ériger un aérodrome, des hangars et installe ses bureaux dans l’ancien château du Petit Lespinet-Raynal. La guerre inie, la Maison revient à son coeur de métier initial en produisant en série du matériel roulant – des wagons-foudres (permettant le transport du vin dans de grands tonneaux) et des wagons de voyageurs.
Les lignes aériennes Latécoère puis Aéropostale
Mais Latécoère voit de multiples opportunités dans ce secteur aérien émergent. La même année, il entreprend de créer une première ligne reliant la France au Sénégal (effective et régulière à partir de 1925) avec quelques biplans de guerre transformés en appareils postaux. Pour ce faire, secondé efficacement par Beppo de Massimi, un aristocrate d’ori- gine italienne habile négociateur, il obtient les autorisations de survol des territoires étrangers à commencer par l’Espagne à l’été 1919. Quelques mois plus tard, le roi d’Espagne ouvre la voie à une convention qui concède pour quatre ans à la Société des lignes aériennes Latécoère, le transport de courriers entre Barcelone, Alicante, Malaga et Tanger. Un premier noyau de pilotes est embauché. Parmi eux, Didier Daurat et Jean Dombray, inaugurent la ligne Toulouse- Rabat le 1er septembre 1919. Si quelques incidents mineurs viennent perturber la bonne marche des vols durant les premiers mois, le 2 octobre 1920 est à marquer d’une pierre noire. Le pilote Jean Rodier et son mécanicien François Marty-Mahé perdent la vie à bord du Salmson n° 31 F-ALAI. À partir du mitan des années 20, Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet, Reine contribuent à la légende des pionniers. Si la Ligne est un indéniable succès technologique et d’images, elle se révèle un gouffre inancier. Latécoère la cède à Marcel Bouilloux-Laffont, en mars 1927, en appelant la compagnie Aérospostale. Sous l’impulsion de ce riche inancier établi au Brésil, elle est la première à traverser la Cordillère des Andes et à voler de nuit, en liaison
Latécoère crée une première ligne avec des biplans de guerre transformés en appareils postaux constante avec la station radio de Montaudran. Mais l’effervescence est de courte durée. En 1931, deux ans après le Krach mondial, l’Aéropostale est mise en liquidation judiciaire et est finalement absorbée par la toute nouvelle compagnie nationale Air France. Un centre de maintenance jusqu’en 2003 En 1939, Latécoère installe ses nouveaux quartiers du côté de la rue Périole et cède son site aux usines Bréguet qui sortent avant-guerre une lotte de bombardiers Breguet 960 et à partir de 1945 un ensemble d’avions embarqués pour la Marine et la patrouille maritime. Au début des années 70, la société est rachetée par le groupe Dassault. Parallèlement, Air France créé le Centre de Révision de Toulouse (CRT), la piste et les hangars servant de centre de maintenance pour les aéronefs jusqu’en décembre 2003, date à laquelle le centre est transféré à Blagnac.