Voix du Midi (Lauragais)

Jacques Vila raconte ses 10 ans de Cuicui théâtre

En septembre 2006, Jacques Vila se lançait le pari un peu fou de transforme­r le garage familial de la rue d’Alger en théâtre. Dix ans plus tard, « Monsieur Cuicui » s’arrête sur souvenirs et anecdotes ayant marqué cette aventure.

- Paul Halbedel phalbedel@voixdumidi­lauragais.fr

PROPRIÉTAI­RE du Cuicui théâtre situé rue d’Alger à Villefranc­hede-Lauragais, Jacques Vila est l’une des figures villefranc­hoises. Impossible si vous habitez ou travaillez à Villefranc­he-de-Lauragais de ne pas l’avoir croisé au moins une fois au volant de son PT Cruiser décoré aux couleurs de sa salle de spectacle. Il faut dire que l’octogénair­e n’est jamais avare d’une virée aux quatre coins de la ville (et même du Lauragais) pour placarder les affiches des spectacles programmés au Cuicui. En septembre 2006, Jacques Vila a créé sa salle de spectacle de toutes pièces. « J’ai tenu un hôtel à Nice dans le salon duquel j’avais déjà installé un petit café-théâtre. En 2005, je l’ai vendu et je suis rentré avec tout le matériel à Villefranc­he-de-Lauragais où j’avais ce garage qui était rempli de bois de chauffage, de vélos, de vieilles machines à laver et de tout ce que peut garder un bricoleur comme l’était mon père. Je me suis dit que l’on pourrait bien faire rentrer 40 à 50 personnes dedans et bien s’amuser en jouant du jazz ou en faisant des boeufs avec les copains. C’est ainsi que m’est venu l’idée d’y créer un théâtre. Et comme j’étais bricoleur, je l’ai entièremen­t construit moi-même » , se remémore Jacques Vila. Grâce à l’excellent réseau dont dispose le propriétai­re des lieux dans le milieu culturel, des artistes très talentueux viennent très rapidement se produire au Cuicui. Et le succès ne tarde pas à être au rendez-vous. « On a vite eu beaucoup de monde. Au départ, on avait deux séances le vendredi et le samedi à 21h. Puis on s’est mis à en faire une troisième le dimanche. Puis cinq séances puisqu’on a doublé le vendredi et samedi, les artistes que l’on reçoit se produisant à 19h puis à 21h » , explique Jacques Vila. Avant de lâcher une anecdote à ce sujet : « Un week-end j’avais programmé une pièce de Karine Kady et Emmanuel Pallas. Nous étions en train de manger chez moi et le téléphone n’arrêtait pas de sonner pour des réservatio­ns pour la séance du soir alors que nous étions déjà complet. Ce sont eux qui m’ont lancé : ‘‘ Mais pourquoi tu ne programmer­ais pas deux séances, l’une à 19h et l’autre à 21h ?’’ Et c’était parti ! »

Pourquoi les artistes adorent jouer au Cuicui…

Un succès que l’hôte des lieux explique par la qualité des artistes reçus sur la scène de la Rue d’Alger et la fidélité de nombreux d’entre eux à la salle villefranc­hoise : « J’ai un bon réseau mais je fais aussi beaucoup de repérage, lors du festival d’Avignon notamment. Cela nous permet d’accueillir des troupes qui se produisent régulièrem­ent dans les salles parisienne­s, à Nice ou à Avignon… Et beaucoup reviennent chaque année ou tous les deux ans. Elles adorent jouer au Cuicui, déjà car le son y est très bon mais aussi car c’est une toute petite salle donc il y a un rapport très intimiste avec le public. Pour les artistes, c’est très agréable d’y jouer ! » Une proximité qui donne parfois lieu à une réelle interactiv­ité entre comédiens et spectateur­s. « Il y a même parfois des spectacles dans le spectacle. Je pense notamment à une habituée des lieux, une certaine Jeanine, très connue à Villefranc­he. Elle a toujours sa place au deuxième rang. Durant les pièces, elle converse souvent avec les artistes, leur lance des invitation­s… Elle fait beaucoup rire le public sans déranger les comédiens car elle le fait toujours discrèteme­nt » , s’amuse Jacques Vila. L’autre recette de « Monsieur Cuicui » pour fidéliser les artistes et les inciter à revenir à Villefranc­hede-Lauragais, c’est l’accueil qu’il leur réserve lors de chacune de leur venue : « Je les accueille chez moi et durant tout leur séjour ils sont nourris et blanchis. Je prends soin d’eux avec quelques rituels incontourn­ables comme la dégustatio­n d’un bon cassoulet issu du commerce local le samedi à midi » , précise celui qui, avec son amie Christiane, assure de Aà Z le bon fonctionne­ment du théâtre, de la programmat­ion à la communi-

cation en passant par l’accueil du public, l’éclairage et la sonorisati­on des spectacles. Du vendredi 14 octobre au dimanche 16 octobre, c’est toujours avec le même dynamisme que Jacques Vila ouvrira la dixième saison du Cuicui théâtre. À l’affiche : cinq représenta­tions de la pièce Amants à mi-temps qui a été programmée cet été au Théâtre du Palace lors du festival d’Avignon. Et nul doute que le public devrait être une nouvelle fois au rendez-vous…

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 ??  ?? Jacques Vila et son amie Christiane, entourés de Karine Kadi et Bernard Rosselli lors de leur venue au Cuicui théâtre.
Jacques Vila et son amie Christiane, entourés de Karine Kadi et Bernard Rosselli lors de leur venue au Cuicui théâtre.

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