Comment Cler Verts produit de l’énergie à partir des déchets
Après un an de travaux, l’entreprise Cler verts a inauguré son usine de méthanisation. Elle transformera les déchets organiques en chaleur, électricité et fertilisant.
« NOS POUBELLES sont garnies de richesses. » Jean-Luc Da Lozzo, le président de l’entreprise Cler Verts, à Bélesta, sait de quoi il parle. À partir des déchets du Lauragais, la PME qu’il gère avec le directeur général Gérard Lanta, extrait des produits d’une grande valeur : de l’énergie et de l’engrais. Notamment grâce à l’unité de méthanisation de 2 800 m2, qui vient d’être inaugurée après sa sortie de terre à Bélesta, au terme d’un an de chantier. Montant total : 5,7 millions d’euros.
La méthanisation décryptée
Derrière ce terme un peu barbare de « méthanisation » , se cache un procédé naturel : celui de la dégradation des matières organiques. Ce processus produit du biogaz, principalement du méthane. Provoquer la méthanisation de façon artiielle, comme à Bélesta, possède un double intérêt. D’abord, capter le gaz et la matière inale non décomposée. Ensuite, éviter que tout cela ne s’échappe dans la nature et contribue au réchauffement climatique. Pour cela, l’entreprise récupère des déchets alimentaires de la grande distribution ou des cantines, du fumier et des résidus de culture ( céréales cassées, pailles). Pendant que ce mélange est digéré dans une cuve de 3 200 m3, un moteur récupère le méthane qui s’en dégage et en génère à la fois de l’électricité et de la chaleur. « L’électricité produite équivaut à la consommation de 950 foyers par an. Elle sera vendue à EDF pendant 15 ans, souligne Jean-Luc Da Lozzo. La production thermique, qui sera réutilisée au sein de l’usine, équivaut quant à elle au chauffage de 580 foyers par an. » 18 000 tonnes de digestat, la matière brune inale, seront obtenues chaque année. Riche en fertilisants, ce produit sera épandu sur 1 600 hectares de terre agricole.
Une inauguration attendue
Le jeudi 20 octobre, l’usine a donc été inaugurée en grande pompe, en présence d’un large public et notamment de Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, ainsi que de l’ancien ministre Kader Arif, député de la 10e circonscription de la Haute-Garonne. Il faut dire que le projet, lancé il y a six ans, fait igure de pionnier. Le site de Bélesta est le premier en France à regrouper les différentes techniques de valorisation des déchets organiques (méthanisation et compostage). L’idée, qui remonte à 2009, a nécessité un long parcours avant de se concrétiser. JeanLuc Da Lozzo et Gérard Lanta ont dû créer une filiale de Cler Verts, nommée Cler ENR, ain de pouvoir bénéicier de certaines aides régionales et inancer cette réalisation de 5,7 millions d’euros. L’ancienne région Midi-Pyrénées a lancé une société de tiers-investissement qui est entré au capital de Cler ENR à hauteur de 35 %, soit 680 000 euros. Les 65 % restants ont été investis par Cler Verts. L’entreprise a par ailleurs reçu une subvention de 482 000 euros de la Région et une de 904 875 euros de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Cler Verts devra néanmoins assumer un prêt bancaire de 1,25 million d’euros, dont la Région ( encore elle) se porte caution à hauteur de 25 %. Mais après tout, une énergie renouvelable vaut bien un investissement sur le long terme.