Condorcet, le studio mythique de Toulouse
Brant, Sardou, Cabrel… En près de 50 ans, ce studio toulousain, créé par Jacques Cardona et François Porterie, a vu déiler de nombreuses vedettes de la scène musicale nationale. Retour sur cette success-story.
Condorcet, le temple du « son toulousain ». Un nom qui a fait fantasmer des générations de musiciens et d’ingénieurs du son happés par son exceptionnelle acoustique et sa qualité discographique. Conçu comme l’un des premiers studios indépendants hors de la capitale au tout début de la décennie 70, Condorcet apparaît comme un ovni de la production musicale hexagonale. « On ne travaillait pas à la chaîne comme dans les grands studios parisiens. Il régnait un état d’esprit à l’anglo-saxonne, beaucoup moins corseté », se souvient Pierre Groscolas, qui a participé à la genèse de l’entreprise au côté de François Porterie, Jacques Cardona et Roger Loubet. Comme ses amis, l’interprète du mémorable tube Lady Lay (1974) est un baby-boomer plus attiré par les Shadows et les Stones que par Claude François et Hervé Vilard. Avec eux, il monte en 1966 un premier groupe issu de cette inluence, Le Coeur, et répète dans un ancien garage de la rue Condorcet, à Saint-Agne.
Sardou y enregistre La Maladie d’amour
« Avec le recul, ce qui a fait notre singularité, c’est le mélange de deux univers, celui incarné par Roger Loubet, issu du Conservatoire, et le nôtre, foncièrement rock. C’est cette base musicale qui est à l’origine de ce qu’on a appelé le son toulousain. Jacques (Cardona) François (Porterie) (et son cousin Jean-Michel) et Roger (Loubet) étaient des Géo Trouvetout de génie. Toutes nos démos, on les faisait au studio, avant de les proposer aux maisons de disques parisiennes », poursuit le chanteur. Ce dernier fait du « lobbying » en vantant le son du Condorcet. Les vedettes épatées descendent à Toulouse. Dick Rivers, Mike Brant (proche de Groscolas) franchissent la porte du studio tout comme Michel Sardou qui y signe La Maladie d’amour.
Mader, Gold, Images…
En 1975, le studio migre dans un local plus grand, rue Matabiau. Il attire des vedettes américaines comme le jazzman Lionel Hampton et Antoine y conçoit le premier album reggae en France.
Richard Seff, qui avait travaillé avec son frère Daniel pour Gérard Lenorman, y produit les premiers albums de Francis Cabrel. Au tournant des années 80, la mode est à l’électronique et au new wave. Après un premier
échec, Jean-Pierre Mader trouve le succès en 1984 avec Disparue et Macumba. Gold réorchestre ses chansons. Plus près des étoiles, Capitaine abandonné et Ville de lumière deviennent des hits. Même chose pour Les Démons de
minuit d’Images en 1986, année où le Condorcet déménage avenue de Lyon, à son emplacement actuel. Repris en 2007 par Olivier Cussac, le studio continue d’attirer des professionnels de tout horizon (free-jazz, électro, pop, rock garage, classique…) Le directeur, musicien accompli, y compose des musiques de ilms d’animation à succès comme la série Les
As de la Jungle, (de la société de production et studio d’animation TAT productions) vendue quasiment dans 200 pays dans le monde. Condamné en 2019 à la destruction suite au projet de LGV, le Condorcet va de nouveau devoir s’exiler pour écrire une nouvelle page de sa belle histoire. Studio Condorcet. 12, bis avenue de Lyon, Pour tout contact, aller sur la page Facebook du studio « studio Condorcet »