Voix du Midi (Lauragais)

Le chemin de croix de la fusion des intercommu­nalités

Les frictions se multiplien­t entre les élus

- Propos recueillis par Paul Halbedel phalbedel@voixdumidi­lauragais.fr

PRÉSIDENT DE Colaursud, Christian Portet place de nombreux espoirs dans la fusion de sa collectivi­té avec Coeur Lauragais et Cap Lauragais. Sans nier les difficulté­s qui accompagne­ront l’installati­on de la future intercommu­nalité, le maire de Calmont pose les conditions à la réussite de la future gouvernanc­e. Entretien.

Le projet de fusion des trois intercommu­nalités du Lauragais est assez mal vécu par les élus de Coeur Lauragais et de Cap Lauragais. Quelle est la températur­e du côté de Colaursud ? S’il y a eu quelques voix discordant­es, elles se sont plutôt exprimées lors des délibérati­ons prises dans les conseils municipaux. Pour ce qui est du vote en conseil communauta­ire, une seule abstention a été recensée. Les craintes qui ont pu surgir dans certaines communes sont d’ailleurs les mêmes que celles exprimées ailleurs, à savoir l’ampleur de ce nouveau territoire et les doutes que cela entraîne quant à une possible perte de proximité et de pouvoir décisionne­l. Mais avec une population de 8 500 habitants, nous étions préparés depuis longtemps à la perspectiv­e d’une fusion avec un autre territoire. C’était certaineme­nt moins le cas pour Cap Lauragais et Coeur Lauragais dont la population approchait le seuil minimal de 15 000 habitants fixé par la loi et où beaucoup d’élus espéraient rester sur leur entité actuelle.

Les élus opposés à cette fusion dénoncent un projet qui ne tient pas compte de la logique de bassin de vie. Partagez-vous cet avis ? C’est vrai que la notion de bassin de vie peut s’entendre à travers les liens qui relient chacun de nos trois territoire­s à la métropole plutôt que dans la vision plus transversa­le qui nous est proposée avec cette fusion. Nous entendons cet argument puisque du côté de Colaursud nous avions un temps envisagé un regroupeme­nt avec le Sicoval. Mais je suis convaincu que cette fusion doit nous permettre de conforter nos trois territoire­s de façon à jouer un véritable rôle à côté de la métropole. Sur nos trois territoire­s, nous sommes confrontés à des problémati­ques communes du fait de notre positionne­ment géographiq­ue. Nous avons donc un véritable intérêt à travailler ensemble. Cette fusion peut d’ail- leurs être une étape avant un regroupeme­nt plus important dans quelques années, qui pourrait intégrer la communauté de communes Revel Lauragais Sorézois afin de constituer une force vive à l’échelle du Pays Lauragais.

Quelle est selon vous la raison pour laquelle cette fusion est mieux acceptée à Colaursud que dans les autres territoire­s ? L’avantage que l’on a au niveau de Colaursud, c’est que l’on a près de vingt années d’expérience derrière nous puisque dès la fin des années 90, avant même l’arrivée de l’autoroute sur notre territoire, nous nous sommes regroupés pour bâtir un projet de territoire sur ce bassin de vie. La coopératio­n intercommu­nale est donc ancrée dans nos modes de gouvernanc­e politique et de gestion de territoire. Nous avons toujours su faire en sorte que chacun soit respecté, notamment les petites communes lorsqu’elles ont fait un choix de non-développem­ent. Pour autant, les services que nous avons mis en place ont toujours été accessible­s à tous, de façon équitable. Notre réussite, c’est d’avoir toujours privilégié le consensus dans notre gestion pour arriver ensemble aux objectifs politiques que nous nous étions fixés et qui ont toujours été discutés en amont.

Une recette qui sera plus dificile à appliquer à 58 communes… Ce sera forcément plus compliqué ! Ce qui va compter, c’est que l’on s’entende rapidement sur les objectifs à atteindre et qu’ils soient clairement définis. Il sera primordial de définir ce qui relève de l’intérêt communauta­ire et de l’intérêt communal. Ce que je refuse, c’est que la méthode soit autoritari­ste. Elle doit être basée sur la discussion, le consensus et la concession. Même sur un territoire élargi, nous devrons rechercher des résultats qui profitent à tous. Il est hors de question de laisser des personnes de côté ou que les petites communes soient oubliées ou délaissées. Tout ce qui ira dans le sens d’une gestion partagée au profit de l’intérêt général, assurera des bénéfices dont profitera le plus grand nombre. C’est dans cette optique que nous commençons à travailler, avec les bureaux des trois intercommu­nalités, sur la gouvernanc­e de cette future intercommu­nalité. Il n’est pas question de se distribuer les postes mais de commencer à se mettre d’accord sur la question des compétence­s, puisque le niveau actuel d’intégratio­n de celles-ci est différent dans nos trois structures. La décision finale reviendra au futur conseil communauta­ire et l’harmonisat­ion se fera au fil des ans. Si l’on a du temps devant nous comme le dit Pierre Izard, il existe aussi des impératifs de gestion auxquels nous sommes confrontés au quotidien. Nous avons réglé des questions essentiell­es comme celle des salaires qui seront versés avant fin janvier. Il faut maintenant approfondi­r certains sujets et réfléchir à comment va s’organiser la gouvernanc­e au niveau des services et des compétence­s.

Parmi les sujets qui fâchent les élus de Coeur Lauragais, il y a celui de la hausse de iscalité sur leur territoire pour se mettre au niveau de celle de Colaursud qui est plus élevée. Que leur répondez-vous ? Si nous avons un taux de fiscalité élevé, c’est parce que nous avons un niveau de services en direction de la population qui est assez élevé avec des compétence­s que les autres intercommu­nalités n’ont pas. Cela a d’ailleurs pour effet d’alléger la fiscalité au niveau communal puisque ces compétence­s que nous prenons en charge sont un poids en moins sur le budget des communes. Dans le cadre de la future gouvernanc­e, nous devrions tomber d’accord sur un lissage de l’harmonisat­ion de la fiscalité sur six ans, afin que les effets ne soient pas trop lourds pour les personnes impactées par la hausse des impôts. L’objectif étant à terme, dans le cadre de la solidarité territoria­le, d’envisager la mise en place de services nouveaux et d’en améliorer l’accès pour que tous en profitent. À ce moment-là, peut-être que certaines communes devront envisager de baisser leur fiscalité…

Colaursud s’est-elle positionné sur le nom de la future intercommu­nalité et le lieu du futur siège comme l’a fait Coeur Lauragais ? Pour ce qui est du nom, il revient aux communes de se positionne­r mais chaque communauté de communes avait la possibilit­é de faire des propositio­ns pour les aiguiller. En conseil communauta­ire, nous avons donc proposé trois noms : Terres du Lauragais, Lauragais Terre de Pastel et Lauragais Tolosan. Mais chaque commune a le choix de se positionne­r sur un autre nom ! Pour le siège, je pense qu’il existe un consensus général autour du choix de Villefranc­he-de-Lauragais. C’est une question de logique territoria­le.

Une visite a été organisée dans les anciens locaux de la Direction départemen­tale des territoire­s à Villefranc­he-de-Lauragais en vue d’y installer le futur siège. Que pensez-vous de ces locaux ? Je fais partie de ceux qui ont visité ces locaux qui me semblent parfaiteme­nt adaptés pour accueillir la partie des services administra­tifs qui seront centralisé­s, sachant que seront conservés à Nailloux et Caraman des pôles de proximité dédiés à certains services. Ces locaux ont l’avantage de disposer d’assez de bureaux et sont opérationn­els de suite. Ils présentent aussi la possibilit­é d’y créer une salle pour les conseils communauta­ires. Je ne dis pas que c’est un investisse­ment à faire dès le départ mais à terme c’est intéressan­t. Dans un premier temps, les séances pourront très bien se dérouler dans des salles mises à dispositio­n sur le territoire.

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Christian Portet, président de la communauté de communes Colaursud.

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