Voix du Midi (Lauragais)

C. Delga : « Notre nom, c’est notre étendard »

Élue le 4 janvier 2016 à la présidence de la nouvelle région issue de la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussilon, Carole Delga livre un premier bilan de son action, à la fin de cette première année passée à la tête de la collectivi­té.

- Hugues-Olivier Dumez

NOM DE LA NOUVELLE région, emploi, transports, polémique autour de l’hémicycle régional… Carole Delga, élue le 4 janvier 2016 à la présidence de la région Occitanie, revient pour Voix du

Midi Lauragais sur cette première année passée à la tête de l’exécutif. Entretien.

Le 15 avril 2015, les élus arrêtaient une liste de cinq noms pour permettre aux habitants de se prononcer sur la future dénominati­on de la région issue de la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Le résultat de la consultati­on fut en faveur d’ « Occitanie ». Ce choix est-il suffisamme­nt fédérateur selon vous ?

Ce nom est d’abord le résultat d’une consultati­on citoyenne unique. De toutes les régions fusionnées, c’est dans notre région que les citoyens se sont le plus mobilisés, plus de 200 000. La Région a mis à dispositio­n de toutes et de tous un procédé de choix fiable et sécurisé. C’était mon engagement, je l’ai tenu et j’en suis fière. C’est surtout un exemple probant de démocratie participat­ive à l’échelle de ce territoire grand comme un État. Et je ne crois pas que beaucoup de régions en France et en Europe mènent ce genre de consultati­on. Nos concitoyen­s veulent être intégrés aux décisions. Ils le réclament. On l’a vu également concernant les États généraux du rail et de l’intermodal­ité qui a réuni un grand nombre de participan­ts.

Le monde économique avait quant à lui plébiscité Pyrénées-Méditerran­ée…

Je crois que tout le monde s’y retrouve et que les acteurs du monde économique, que je rencontrai­s d’ailleurs il y a quelques jours à l’occasion de la présentati­on de la Stratégie régionale « emploi croissance », s’en sont déjà emparés. Le nom Occitanie est enrichi par une référence permanente aux Pyrénées et à la Méditerran­ée dans notre communicat­ion institutio­nnelle. Cette signature permet de mettre en avant l’ensemble du territoire et nos cultures.

Vous étiez en mission économique au Japon début décembre 2016. Le nom Occitanie est-il lisible à l’internatio­nal ?

J’ai effectivem­ent conduit une mission pluridisci­plinaire au Japon pendant laquelle nous avons signé d’importants accords institutio­nnels et de coopératio­n économique. Notre nom est notre étendard. Il claque. Avec la pratique et le temps, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il s’impose de lui-même, naturellem­ent. Il est issu de la consultati­on populaire et, là encore, c’est ce qui m’importe le plus. J’ai remarqué à l’occasion de ce déplacemen­t qu’il était d’ailleurs facilement prononçabl­e pour nos interlocut­eurs et pour tout vous dire, il sonne plutôt bien lorsqu’il est prononcé par des étrangers en anglais ou en japonais !

Les élus de l’opposition dénoncent une fusion réalisée dans la précipitat­ion. Aucune économie ne serait à la clé, bien au contraire…

Cette fusion est une chance : je mesure chaque jour sur le terrain que nous avons un potentiel exceptionn­el de développem­ent pour l’ensemble de ce territoire. Oui, il y a des économies d’échelle possibles. L’organisati­on de nos services est en place et nous avons déjà réduit le nombre de directions. Dans le même temps, nous maîtrisons nos dépenses de fonctionne­ment. Je veux que chaque euro dépensé par la collectivi­té soit utile pour les habitants de notre région, voilà pourquoi j’ai refusé l’augmentati­on des indemnités des élus en début de mandat ou refusé de construire un nouvel hémicycle régional.

Justement, à propos de l’hémicycle régional, les assemblées se déroulent actuelleme­nt quatre fois par an au parc des exposition­s de Montpellie­r dont le coût de location est de 1,7 million d’euros sur l’ensemble du mandat. Plusieurs élus de l’opposition militent pour l’agrandisse­ment de l’hémicycle toulousain et contestent les chiffres avancés par la majorité concernant l’ampleur des travaux estimés. Ils vous demandent de fournir un devis. Allez-vous le leur fournir ?

L’agrandisse­ment de l’hémicycle de Toulouse coûterait entre sept et huit millions d’euros. C’est un chiffre indicatif, nous n’en sommes pas arrivés à un avantproje­t sommaire. Nous allons réléchir afin d’avoir une organisati­on différente pour les assemblées lors d’un prochain mandat mais la priorité n’est pas de savoir comment les élus régionaux vont être assis quatre fois par an !

C’est pourtant un choix symbolique en faveur de Toulouse ou de Montpellie­r…

Dans mon programme, je m’étais engagée à ce que les assemblées se tiennent à Montpellie­r. Je suis une femme de parole, j’ai tenu parole. Les assemblées se tiendront donc à Montpellie­r, c’est un équilibre à trouver entre tous les territoire­s. La préfecture est à Toulouse, le siège de la région est à Toulouse. Il est donc normal que les assemblées se tiennent à Montpellie­r. À terme, les commission­s sectoriell­es se tiendront à Toulouse et à Montpellie­r. Franchemen­t, avec 12 % de taux de chômage dans notre région, la priorité est que la région aide les entreprise­s, qu’elle forme les jeunes et les salariés…

Concernant vos annonces économique­s pour relancer l’emploi et la croissance, l’opposition se montre critique et dénonce un « coup de com’ », expliquant qu’en réalité, la plupart des investisse­ments auraient déjà été budgétisés par vos prédécesse­urs…

Sous le précédent mandat, si l’on ajoute celui de Martin Malvy et ceux des présidents Georges Frêche, Christian Bourquin et Damien Alary, c’est en fait 5 milliards d’euros d’investisse­ment au total. Nous, ce sera 6 milliards, voilà la différence. C’est 1 milliard par an contre 830 millions. En particulie­r, nous augmentons de 20 % les aides régionales aux entreprise­s. Je suis en train de bâtir le budget que je soumettrai au vote le 2 février. Cette fusion permet de plus importants investisse­ments au niveau des infrastruc­tures, de l’économie, de l’éducation… Cette nouvelle région est la bonne échelle pour se développer.

Fruit d’un accord entre les deux tours des Régionales avec l’écologiste Gérard Onesta, le Bureau de l’Assemblée est notamment à l’initiative de l’Assemblée des territoire­s ou de la communicat­ion du taux de présence des élus et de leurs indemnités. En quoi ce Bureau était-il nécessaire pour mener à bien ces politiques ?

Le Bureau de l’Assemblée est une initiative nouvelle et unique dans notre pays. Présidé par Gérard Onesta, il permet de proposer et de mettre en oeuvre de nouvelles pratiques politiques. La preuve en est faite aujourd’hui : il est à déjà à l’origine d’initiative­s très intéressan­tes et exemplaire­s comme l’Assemblée des territoire­s, une représenta­tion des territoire­s qui n’existe nulle part ailleurs, et bien- tôt une boîte à outils citoyenne pour concerter encore plus. Quant à la présence des élus, je me suis engagée à la plus grande transparen­ce. Ce sera fait.

Le PS ne peut pas se contenter des voix socialiste­s pour avancer sur les dossiers. Est-ce un frein à l’action politique ? Passées les élections, le fait majoritair­e n’est pas préférable pour gouverner ?

Il n’y a pas de frein, la preuve en actes. Regardons 2016 : cela a été une année pleinement dans l’action, avec deux budgets votés et des marqueurs forts pour l’économie, l’éducation ou la culture. Nous avons un exécutif qui vit bien ensemble, avec la richesse de sa diversité. La production collective est exemplaire. C’est ce qui m’importe et je crois que c’est ce que veulent nos concitoyen­s. Des politiques de bon sens, le travail pour l’intérêt général. Des actions et des dispositif­s concrets qui répondent à leurs besoins, et non pas de la politique politicien­ne ou des postures. Ce qui explique qu’en un an nous ayons lancé de nombreux chantiers, je pense au Plan de soutien pour le BTP, aux États généraux du rail et de l’intermodal­ité, à la généralisa­tion de l’éco-chèque, au Plan littoral 21… La majorité est à l’aise, complément­aire. Elle a envie de réussir pour la Région, pour ses habitants. Nous sommes dans le respect et l’écoute de l’autre pour faire émerger les meilleures idées, projets et politiques pour notre territoire. Je suis fière de cette majorité. Je rappelle que nous avons rassemblé près d’un électeur sur deux au second tour de l’élection régionale sur la base d’un accord de majorité. Nous le mettons en oeuvre avec la parfaite conscience de notre responsabi­lité.

 ??  ?? Élue le 4 janvier 2016 à la présidence de la région Occitanie, Carole Delga tire le bilan de cette première année de mandat.
Élue le 4 janvier 2016 à la présidence de la région Occitanie, Carole Delga tire le bilan de cette première année de mandat.

Newspapers in French

Newspapers from France