Voix du Midi (Lauragais)

École John : « Notre but, être plus légitime »

Créée en 2008 par Jonathan Teysseyré, l’École John compte aujourd’hui pas moins de 200 élèves. L’objectif de cette école pas comme les autres : former des musiciens hors normes. Au risque de se frotter à des institutio­ns plus anciennes…

- Propos recueillis par N. C.

Quel est le concept de votre école ? Nous avons beaucoup d’élèves ici qui ont arrêté la musique à un moment de leur vie parce qu’on leur a dit « tu ne feras jamais de musique ». Dans le circuit « classique », celui du conservato­ire, les élèves doivent apprendre un an le solfège avant de toucher à un instrument. Cela brise parfois les premières envies… Et bien souvent, lorsqu’ils arrêtent les cours, ils arrêtent aussi la musique car ils n’arrivent pas à se détacher de l’institutio­n. Nous, nous leur apprenons à jouer sans partition. Nous ne sommes pas contre le système écrit, c’est très bien pour la transmissi­on, cela permet de compiler les données et tous les élèves seront amenés à voir à un moment donné quelque chose d’écrit. Le but, c’est qu’ils ne fassent pas de blocage s’ils n’ont pas de partition en face d’eux.

Un peu comme les musiciens qui apprennent par eux-mêmes, sans passer par une école ? Tout à fait ! On forme en quelque sorte des autodidact­es. Chez nous, les élèves ne sont pas notés, contrairem­ent aux écoles de musiques classiques. Notre formule, c’est qu’ils s’engagent sur un trimestre minimum et qu’ils aient ensuite des outils pour jouer. Nous avons neuf professeur­s qui intervienn­ent à l’École John. Ce qui nous importe, ce n’est pas tant qu’ils soient diplômés, c’est surtout qu’ils sachent enseigner.

Votre pédagogie est donc assez éloignée de celle des écoles traditionn­elles… Le circuit du conservato­ire existe depuis plus de 300 ans, il n’a jamais été remis en question car il n’a jamais eu personne en face pour le faire. Cela a été dificile pour nous au début, on nous a même traités de « soixantehu­itards ». Il y a une véritable confrontat­ion des institutio­ns. D’ailleurs, notre fonctionne­ment ne nous donne pas accès oficiellem­ent au titre d’école de musique. On nous a déjà invités à le devenir oficiellem­ent, cela débloquera­it d’ailleurs certaines subvention­s. Mais c’est justement parce qu’on est à l’opposé du système des écoles de musique traditionn­elles qu’on a monté l’École John. La preuve que ça marche, c’est que l’on a environ 200 élèves. [soit presque autant que les 250 de l’école de musique intercommu­nale du Lauragais, NDLR]. Notre but est de devenir plus légitime. Nous avons la nécessité de créer en permanence des projets, autrement nous serions morts dans l’oeuf.

Justement, vous avez un certain nombre de projets pour 2017… L’an dernier, notre projet a été de faire enregistre­r un album à tous les élèves. Cette année, nous allons probableme­nt monter un répertoire axé musiques de cinéma, sur lesquelles nous allons amener un côté musiques actuelles, en travaillan­t avec des guitares, basses et batteries. Nous les jouerons lors de notre concert annuel, le 25 juin, sous la halle au Beffroi. Mais avant cela, le 15 avril, nous serons dans la salle Claude-Nougaro. À partir de 15h, nous organisero­ns un salon de la musique avec des stands. Nous pensons aussi organiser ce jour-là un videgrenie­rs musical… Il y aura également une master class avec les guitariste­s Yannick Robert et Patrick Rondat. Ce dernier s’est notamment produit avec Jean-Michel Jarre. Nous jouerons aussi avec des structures régionales qui ont la même vision pédagogiqu­e que nous. Puis, à partir de 21h, deux concerts rock seront organisés, avec le trio 3 AM Syndrome et l’atelier de scène post-rock de l’École John. Cet atelier donnera d’ailleurs un concert gratuit, le 26 janvier, à 20 h 30, au Ciné Get.

 ??  ?? J. Teysseyré, directeur et enseignant à l’École John qu’il a fondée, a également composé la musique du film de P. Landes (voir p. 4).
J. Teysseyré, directeur et enseignant à l’École John qu’il a fondée, a également composé la musique du film de P. Landes (voir p. 4).

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