Voix du Midi (Lauragais)

Bilan et projets avec le maire du village

Élu en tant que maire de Labastide-Beauvoir en 2014, Georges Ravoire dresse son bilan à mi-mandat et fait le point sur les projets de la commune : difficulté­s, réalisatio­ns, projets… Il dit tout, sans langue de bois.

- Propos recueillis par Florian Moutafian

Que pouvez-vous nous dire sur ces trois premières années en tant que maire de Labastide-Beauvoir ?

Ça dépend si c’est du point de vue de la fonction ou de celui du village. Du point de vue de la fonction, qu’est-ce qu’un maire maintenant ? C’est le dernier maillon de proximité. On pourrait dire, vu ce qu’il reste comme compétence­s, que ce n’est plus la peine qu’il y ait une mairie. Finalement, presque toutes les compétence­s sont passées aux communauté­s de communes ou autres. Mais on s’aperçoit au quotidien que les gens ont besoin de ce contact… Cette proximité est intéressan­te. L’inconvénie­nt, c’est que, quand on arrive sur un vrai problème, la compétence nous a échappé… Moi, je me considère comme un maire à temps plein et les gens, surtout les plus anciens, ont une vision seigneuria­le de ma fonction : celui qui va tout régler. Ils me chargent de leurs doléances. Pourquoi pas, après tout, mais c’est assez épuisant. J’ai eu quelques problèmes de santé rien qu’en prenant la fonction, mais l’âge aidant…

Et du point de vue du village ?

Le village en lui-même a une chance et un inconvénie­nt : il est traversé par la D2. Donc on voit bien les commerces… Mais c’est également fragile. Là, le boulanger vient de s’arrêter et pour le remplacer, il faut absolument trouver des locaux sur la D2… Et puis les anciens ont des habitudes chez les commerçant­s et l’autre partie de la population, des rurbains, n’a pas les mêmes. Ils passent par un supermarch­é, ce qui pose problème aux commerçant­s qui voient la population doublée mais pas la clientèle… La solution pour les commerces serait, paraît-il, de se spécialise­r, viser une clientèle bien spécifiée. L’autre problème du village, c’est qu’on peut se développer avec une grande aisance, mais il manque les transports. Il y en a, mais c’est plus facile avec une voiture. On n’a pas de train et on n’est pas près de l’autoroute. Ce sont des obstacles au développem­ent. Par exemple, le chantier de la fibre optique suit le tracé de l’autoroute. On a un bon débit, mais on se retrouve toujours à la marge des développem­ents. Évidemment, les gens qui viennent vivre ici le font pour la tranquilli­té, mais elle a un coût.

Quels sont les principaux dossiers qui vous ont occupé ?

La constructi­on du préau de l’école ! Après, on a essayé de développer le village en faisant plus d’animations pour créer du lien entre les anciens et les nouveaux : le carnaval qui passe dans tout le village, la fête de la musique… Une série de fêtes de ce type. On cherche toujours à augmenter le lien social. La limite, c’est la participat­ion citoyenne… Par exemple, on essaye d’organiser des réunions publiques mais on n’a presque personne. On choisit peut-être mal l’intitulé. Une partie du conseil municipal aimerait se lancer dans l’écologie : installati­on de composteur­s, jardins partagés… mais c’est assez peu fédérateur. On pensait à des chemins de randonnée, mais ça n’a pas l’air de mobiliser… Il y a eu aussi un important chantier de voirie, dont la compétence appartient au Sicoval…

Quelles sont les réalisatio­ns en cours ?

Il y a le réaménagem­ent de la halle aux grains : rénovation intérieure avec plaquage des murs pour l’isolation thermique et phonique. L’aménagemen­t de la salle Gruvel sera étudié l’année prochaine. Ces salles ont 30 ou 40 ans, il est temps de les revoir. C’est pareil pour le rugby, on s’est aperçu que tout est dépassé : l’assainisse­ment, la toiture… Il faut donc refaire le club house…

Quels sont les projets de la commune ?

Le lotissemen­t Verdauja a deux tranches. La première a été terminée fin 2016 et la deuxième va démarrer sous peu, vers 2018. Il y a 77 logements dans la première tranche et 47 dans la deuxième. Ça fait un gros apport de population car il y a une bonne part de HLM. Je ne vous raconte pas les réactions du genre « vous importez le Mirail » alors que, coïncidenc­e, une bonne part de ces habitants habitaient déjà le village. Ce qui fait que la population nouvelle n’est pas si importante que ça… On a aussi en projet un city park, un terrain multisport. Il a de bonnes chances de se faire et ce serait un point de fixation par rapport aux jeunes. Mais si on le fait à côté du terrain du rugby, les jeunes disent que ça fait trop loin. Ils préférerai­ent en dessous de l’école. Du même coup, l’école aurait un espace sportif, mais les riverains le voient comme une nuisance. Et puis c’est toujours pareil : il faut aligner les besoins financiers. On a déjà vu quelques représenta­nts, le city park coûte 30 000 € et le terrasseme­nt autant… La question se pose aussi sur la création d’une police municipale bien que ça ait un coût non négligeabl­e. Il faut voir la balance entre casse (dépôt sauvage, dégradatio­ns, stationnem­ent…) et coût… Les commerçant­s demandent aussi un fléchage. Pour l’instant, c’est à l’étude.

Sur le plan du projet de lotissemen­t, juste à côté de celui-ci, il y a écrit « équipement sportif ».

C’est un projet qui est en attente car il faut des moyens que nous n’avons pas. C’est censé être une salle polyvalent­e, mais ça pourrait être une salle sportive. Le problème, c’est qu’elle était éloignée des habitation­s le temps où le lotissemen­t n’existait pas. À partir du moment où on va avoir des maisons, les nuisances risquent d’être importante­s. Et puis il faut tellement de moyens financiers que ça va rester dans les cartons. Il y a aussi une demande qui ne sera pas satisfaite, c’est un centre médical. Les fonds sont difficiles à réunir sur une petite population. Le village a été endetté assez longtemps, on a redressé la situation mais l’investisse­ment arrive difficilem­ent. L’État nous a pris tellement…

C’était un projet concret ?

Oui, mais le financeur a disparu. Il fallait construire et on avait prévu un espace sur un bâtiment qu’on aurait démoli mais ça touchait au million d’euros. Si c’était un financeur extérieur qui y trouvait son retour sur investisse­ment, tout allait bien, mais sinon… Pour l’instant, on a perdu toute trace de cet investisse­ur. On a pas mal de personnels de santé ici et c’est une chance. On a trois médecins qui travaillen­t dans une commune de 1 200 habitants ! Par contre, il nous faudrait une pharmacie, ça, c’est une grosse demande…

Autre chose ?

Non. On gère au jour le jour, sur deux ans maximum. On manque de visibilité sur l’évolution des dotations…

 ??  ?? Le maire de Labastide-Beauvoir, Georges Ravoir, fait le point sur la situation de sa commune au bout de trois ans de mandat.
Le maire de Labastide-Beauvoir, Georges Ravoir, fait le point sur la situation de sa commune au bout de trois ans de mandat.

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