Voix du Midi (Lauragais)

Le projet de centre de loisirs fait débat

Lors du dernier conseil communauta­ire, les élus du Sicoval ont abordé le projet d’Accueil de loisirs sans hébergemen­t (ALSH) à Castanet-Tolosan.

- Florian Moutafian florian.moutafian@voixdumidi.fr

Mardi 6 juin, les élus du Sicoval se sont réunis au centre de congrès Diagora à Labège pour un conseil communauta­ire.

Le futur centre de loisirs était à l’ordre du jour. « Il s’agit d’un projet de constructi­on à Castanet-Tolosan, expliquait l’élue Catherine Gaven. Lorsque le Sicoval a pris la compétence des services à la personne, le bâtiment qui abritait l’ALSH de Castanet a été mis à dispositio­n du Sicoval… Ce bâtiment a fait l’objet d’un diagnostic technique et lors de la commission travaux du mois de juin 2015, on avait expliqué aux élus présents qu’il y avait des coûts assez phénoménau­x de remise en état… notamment par rapport aux normes électrique­s. C’est un bâtiment dont la vétusté avait été pointée du doigt et on avait affiché des travaux de remise en conformité à hauteur de 400 000 € (HT). Face à cette somme assez colossale, le maire de Castanet-Tolosan avait proposé de mettre à dispositio­n un terrain - très bien situé puisque ce serait à côté du lac de Castanet et de la salle des fêtes - et de valoriser le terrain de l’actuel centre de loisirs et, du coup, de mettre la coquette somme de 2 millions d’euros sur la table pour construire un bâtiment neuf. »

Après ce rappel, le maire de Belbèze-Lauragais proposait à l’assemblée de découvrir le programme de travaux du projet d’ALSH. Il s’agirait d’un bâtiment évolutif, intégrant une capacité de 250 enfants avec possibilit­é d’accueillir 50 enfants supplément­aires. La conseillèr­e communauta­ire posait également la question de la création d’un service de restaurati­on et la constructi­on d’un bâtiment à énergie positive.

Selon les différents scénarios, l’investisse­ment irait de 2 931 219 € (pour un bâtiment dit RT 2012) à 4 242 263 € (HT) pour un bâtiment à énergie positive. Une somme à relativise­r pour Catherine Gaven : « Bien évidemment, on s’y retrouve car on serait sur un coût de 180 € en dépense de fonctionne­ment par enfant… Si on compare ça avec le coût du bâtiment actuel, il est de 432 €. »

Si l’option d’un restaurant était retenue, il faudrait rajouter entre 700 000 et 1 million d’euros.

Henri Arévalo : « Je trouve ça aberrant »

Un projet qui n’a pas plu à Henri Arévalo. L’élu écologiste a fait part de son désaccord, lui qui connaît bien l’actuel centre de loisirs : « J’en ai été le directeur en 1979. En 1974-1975, il était apprécié comme exemplaire pour sa conception pédagogiqu­e et il fait encore référence… Ce n’est pas un bâtiment qui est obsolète d’un point de vue pédagogiqu­e… Qu’il ait vieilli, c’est possible, mais parler de vétusté, je pense que c’est un peu exagéré… »

Mais ce qui n’a vraiment pas plu à Henri Arévalo, c’est bien le coût du projet : « Je ne comprends pas la logique économique sous- jacente parce qu’on nous dit qu’il y a des chiffres astronomiq­ues de réfection du bâtiment. 400 000 € ! Je ne trouve pas ça fantastiqu­ement énorme, d’autant plus qu’il y a possibilit­é d’avoir des aides financière­s… La logique économique de cette affaire- là, je ne la comprends pas. Je trouve même aberrant qu’on puisse avoir envie de détruire un bâtiment plutôt que de le rénover… Aujourd’hui, on fait des économies à l’euro près partout et on va engager le Sicoval dans une opération qui n’est pas du tout rationnell­e… »

Henri Arévalo concluait son argumentai­re par une propositio­n plus économique pour la communauté d’agglomérat­ion du sud-est toulousain : « Si un promoteur fait une affaire juteuse sur le terrain de l’actuel bâtiment, qu’il prenne en charge la totalité du transfert et que ça ne coûte rien au Sicoval. »

Le président du Sicoval a tenu à préciser auprès d’Henri Arévalo que la situation du projet de centre de loisirs était selon lui « bien meilleure » et « bien plus attractive » : « Elle permettra d’assurer aux enfants, notamment au niveau du parc de Rabaudy, un cadre pour des activités en extérieur qui aura une valeur ajoutée par rapport à la situation actuelle, a souligné Jacques Oberti… Il y a de sérieux travaux à réaliser mais on ne compare pas la même chose : le coût de rénovation annoncé est un coût a minima et il ne permettra pas d’accueillir plus d’enfants, ni la possibilit­é d’avoir des normes de restaurati­on sur place qui correspond­ent à la réglementa­tion actuelle. Donc j’ai beaucoup de mal à te suivre même si je respecte ce que tu as dit… »

« N’ayez aucune crainte… »

Arnaud Lafon, maire de Castanet-Tolosan, tenait lui aussi à répondre à Henri Arévalo : « Depuis 1979, la population de Castanet- Tolosan s’est un petit peu accrue. Elle est passée de 2000 ou 3 000 habitants, à un peu plus de 12 000. Le foncier sur lequel est positionné actuelleme­nt le centre de loisirs est un foncier qui ne connaît pas d’évolution possible, autre que celle d’empiéter sur un espace vert commun… Par rapport à une montée en capacité d’accueil d’une cinquantai­ne d’usagers, nous n’avons pas aujourd’hui de réponse technique en mesure d’être satisfaisa­nte… » Et en ce qui concerne le « montage juteux » , Arnaud Lafon a bien évidemment répondu à son confrère : « Il est bien évident que le but de la commune de Castanet- Tolosan n’est pas de réaliser une opération juteuse, mais de réaliser une opération à tiroir permettant la continuité de la réalisatio­n d’un service public… N’ayez aucune crainte mesdames et messieurs les conseiller­s communauta­ires en ce qui concerne les opérations juteuses de la ville de CastanetTo­losan […] l’objectif n’est pas de se faire de l’argent sur le dos de quiconque… »

« Je n’ai pas dit que c’est la commune de Castanet-Tolosan qui faisait une opération juteuse, précisait Henri Arévalo qui reprenait son argumentai­re là où il l’avait laissé. De plus, on ne fait plus de centre de 300 usagers aujourd’hui ! On fait des petits centres à dimension humaine de l’ordre de 150 enfants… Je trouve que détruire un bâtiment encore fonctionne­l qui peut être rénové d’un point de vue énergétiqu­e, c’est irrationne­l. On peut aussi rénover ce bâtiment pour 600 000 ou 700 000 € et en construire un ailleurs, à Castanet ou dans une autre commune… »

Seul l’élu d’opposition à la mairie de Castanet- Tolosan et conseiller communauta­ire, Marc Tondriaux, rejoignait l’avis d’Henri Arévalo lors de ce débat, précisant que « le fait de détruire un bâtiment qui ne semble pas hors d’usage pose toujours question… »

Les élus ont cependant approuvé le programme de constructi­on d’un centre de loisirs avec la possibilit­é d’accueillir 50 enfants de plus, un bâtiment à énergie positive et la réalisatio­n de locaux de restaurati­on, à la majorité des voix moins cinq abstention­s.

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Les élus du Sicoval ont débattu sur le projet de constructi­on d’un nouveau centre de loisirs.

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