Voix du Midi (Lauragais)

L’ultramarat­honien Stéphane Pélissier a remporté son incroyable pari

Habitué des défis de l’extrême, Stéphane Pélissier a participé en l’espace de deux semaines aux 24 heures d’Ath (Belgique) et aux 100 km de Millau. En reliant entre-temps Toulouse à Millau… en courant !

- Propos recueillis par Paul Halbedel

Stéphane Pélissier et Eddy Plume viennent de réaliser un bel exploit entre Belgique et Aveyron. Les 16 et 17 septembre, les deux ultramarat­honiens ont participé aux 24 heures d’Ath en Belgique. Le coureur originaire de Caraman et aujourd’hui installé à Lempaut dans le Lauragais tarnais, a remporté cette épreuve après avoir parcouru 192,9 km. Il a devancé son compère toulousain et Belge d’origine, qui s’est classé en deuxième position avec une marque inférieure d’une vingtaine de kilomètres. Le duo aurait pu se satisfaire de ce beau doublé. Mais quelques jours seulement après leur retour en terre toulousain­e, les voilà repartis pour relier Toulouse à Millau en courant (trois étapes en autonomie pour un total de 192 kilomètres) afin d’être au départ le samedi 30 septembre des 100 km de Millau. Au total, les deux coureurs de l’extrême auront donc parcouru près de 500 kilomètres en l’espace de 15 jours. Un défi sur lequel revient Stéphane Pélissier. Entretien.

Comment est né ce défi un peu fou ?

Cela fait plusieurs années que je connais Eddy, Belge d’origine et installé sur Toulouse depuis pas mal de temps maintenant. Nous avons partagé quelques moments forts sur différents événements et notamment le Tour de France en 2015. Lui, a eu la chance de voir la Tour Eiffel après 43 jours de course… moi, non ! En avril 2017, Eddy me propose d’aller vérifier si son bout de pays qu’est la Wallonie est vraiment « le plat pays ». Chose faite… Nous parcourons 640 kilomètres en huit jours avec notre ami Janick. C’est durant ces huit jours, qu’il nous parle d’un fameux 24 heures à Ath, également en Belgique. Le rendez-vous est pris… seulement dix jours avant les 100 kilomètres de Millau que nous avions prévu de faire ensemble ! Au diable l’avarice, nous enchaînero­ns les deux ! Puis un beau jour, alors que j’étais chez ma coiffeuse à Lempaut, je lui parle de mon projet alors qu’elle retravaill­ait mon aérodynami­sme. Habituée à participer à des trails, elle me lance en soufflant : « Bien sûr, un 24 heures suivi d’un 100 kilomètres quelques jours après… Vous n’avez qu’à y monter en courant à Millau… Toujours plus ! ». Au moment de la quitter, je lui dis que je la tiens au courant. Sitôt rentré chez moi, j’appelle Eddy : « Si tu es disponible, on monte à Millau en courant ! ». « Tu crois qu’on peut le faire », me rétorque-t-il. On dit d’impossible ce qui n’a jamais été tenté… Nous voilà donc partis pour remporter ce pari !

Au-delà du défi, êtes-vous satisfait de vos résultats sur les deux courses à Ath et Millau ?

Personnell­ement, je partais dans l’idée un peu folle de réaliser une marque à 200 kilomètres sur les 24 heures en Belgique et de passer sous la barre des 10 heures à Millau. Je pensais l’objectif de Millau plus difficile à réaliser que les 200 kilomètres à Ath. Mais je ne connaissai­s pas le circuit belge… Je remporte Ath avec 192,9 kilomètres. Eddy me suit à une vingtaine de kilomètres et finit second. J’invite tous les coureurs à venir découvrir ce circuit et ce grand weekend de fiesta qui se déroule tout autour. Le parcours consiste en une boucle en ville avec escaliers, tunnel, sentier, pelouse et… binouses ! Quand à Millau, c’était la course rêvée ! Quasiment du « négative split » comme diraient les aficionado­s, à savoir les 50 derniers kilomètres plus rapides que les 50 premiers… À l’arrivée, je réalise un temps de 8 h 50. Je sors mâché mais pas cassé. Peut-être la conséquenc­e des 194 kilomètres d’échauffeme­nt depuis Toulouse ?

Y a-t-il une anecdote particuliè­re qui vous a marqué durant ce périple ?

Durant notre pérégrinat­ion de Toulouse à Millau, nous avions choisi d’emprunter des routes peu fréquentée­s, traversant des bourgs peu animés. Lors de la deuxième étape entre Lautrec et Saint-Sernin-sur-Rance, nous avons dû patienter 45 kilomètres avant de pouvoir nous restaurer. Pour ce qui est du ravitaille­ment liquide, il n’y a pas eu de soucis car nous avons toujours été bien accueillis chez les locaux et cela nous permettait de raconter notre petite escapade. Arrivés à Alban, après une visite à l’épicerie et une grosse commande auprès du tavernier local, nous voilà tous deux en train de dévorer jambon et fromage, le tout arrosé d’un peu de houblon. Nous sommes prêts à repartir quand un des clients du troquet vient aux infos : « Vous venez d’où comme ça ? Vous allez où ? ». Après un récit succinct de notre parcours, il demande à voir notre carte et décide de nous retracer nos derniers 25 kilomètres. Nous apprenons par la suite, interloqué­s par son fort accent, qu’il était Hollandais. Quelle belle tablée européenne au fin fond du Tarn : un Hollandais, un Belge et un Français. Et notre fin d’étape a été un régal : une voiture croisée en vingt kilomètres, au milieu des châtaignie­rs et des résineux !

Avez-vous des projets dans les mois à venir ?

Je crois que le jour où je n’aurais plus de projet, c’est que j’aurais arrêté de respirer ! Fin octobre, je participer­ais au marathon de Toulouse en accompagna­teur puis je serai au départ d’un trail dans le Nord en mars 2018. Je serai peut-être au départ des 100 km de Belves en avril et d’autres courses viendront peut-être se greffer autour de ce programme. Mais mon gros projet est pour le printemps 2019 aux États-Unis : quelque 5 000 kilomètres à réaliser en 64 jours : entre Los Angeles et New York. Nous avons à coeur de réussir à boucler le budget pour le concrétise­r, car c’est bien plus qu’une course. Nous joignons à notre aventure une associatio­n toulousain­e, Les mains de Mathilde, qui vient en aide aux familles ayant un enfant handicapé. En parallèle, un projet pédagogiqu­e impliquant des écoles françaises et belges sera mis en place. La communicat­ion sera notre meilleure amie et nous ne manquerons pas de revenir vers vous pour évoquer ce projet. Ce n’est pas une course mais cela ne représente pas loin de 80 km par jour avec des barrières horaires imposées. Mais comme je l’ai déjà dit, n’accordons pas tant d’importance au triomphe, mais plutôt au combat qui y mène !

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Stéphane Pélissier et Eddy Plume lors de leur périple à Ath en Belgique puis entre Toulouse et Millau.

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