Fin de la bataille de l’eau ? Le verdict des élus
Les élus ont voté pour la concession du service public de distribution de l’eau potable. Entre gestionnaire privé ou public, le sujet a fait polémique pendant de longs mois.
La concession du service public de distribution de l’eau potable. À Revel, c’est un sujet qui fâche. L’exploitation de ce service délégué par affermage à une entreprise privée - la société Suez - depuis 1993 n’était pas du goût de tout le monde.
Quand est venu le temps de poursuivre ou non cette procédure, qui arrive à échéance le 31 décembre de cette année, le débat a été lancé au sein du conseil municipal et des tensions se sont fait sentir entre la majorité municipale et le comité local du Parti ouvrier indépendant démocratique (POID) du Lauragais. Cette organisation politique est farouchement opposée à la gestion de la distribution de l’eau potable par une société privée et l’a fait savoir à de nombreuses reprises en distribuant des tracts sur le marché ou en faisant signer une pétition sur le sujet.
Privé ou public ?
Allait-on enterrer la hache de guerre en ce conseil municipal du vendredi 27 octobre ? Car c’est bien à cette date que la municipalité allait annoncer le choix du gestionnaire. C’est l’élu Christian Vienot qui allait donner le fin mot de l’histoire. « Compte tenu des échanges qui ont lieu avec le syndicat intercommunal d’eau potable et de la volonté de la commune de confier la gestion du service eau potable à cet établissement, il sera proposé au conseil municipal d’abandonner la procédure de concession de service de distribution de l’eau potable pour motif d’intérêt général pour cause d’adhésion à un syndicat intercommunal… » La gestion de la distribution de l’eau potable ne sera donc pas confiée à Suez puisque la commune a décidé d’adhérer au Syndicat intercommunal des eaux de la montagne Noire (Siemn 31), qui sera absorbée par le Syndicat mixte de l’eau et de l’assainissement (SMEA) de Haute-Garonne à partir de 1er janvier 2018. Un choix qui a été voté à l’unanimité par le conseil municipal de Revel.
L’assainissement chez Suez
Le scénario a différé concer- nant l’assainissement puisque les élus revélois ont désigné unanimement la société Suez comme concessionnaire de ce service public. « À la suite des négociations, le choix s’est porté sur la solution technique de la ’’ prestation supplémentaire éventuelle’’ qui prévoit en particulier le doublement de la capacité de traitement de la station d’épuration de Vaure. La société Suez présentait la meilleure offre au regard de la valeur technique, de l’économie de la concession et de la qualité du service proposé… », a expliqué Christian Vienot.
Alors ? Tout est bien qui finit bien ? Fin de la bataille de l’eau ? De son côté, l’élu Jean- Louis Clauzel, à la fin du conseil municipal, semblait plutôt satisfait : « L’opposition se félicite d’avoir pu travailler avec la majorité. Historiquement, c’est un dossier très compliqué comme la distribution de l’eau était dans le privé… En décembre 2016, j’avais demandé à ce que soit rajouté, sur le rapport de la gestion de l’eau, qu’un service public pouvait répondre à l’appel d’offres alors que ce n’était pas mentionné. Au final, on en arrive à une gestion de service public par un organisme public qui est le SMEA ! Pour l’ensemble des Revélois et par rapport au combat qu’il y a eu depuis des années, c’est une petite victoire au niveau de l’opposition. »
En revanche, si le comité local du POID se réjouit, dans un communiqué, de « voir la distribution de l’eau retourner au service public », il déplore pourtant un « mais » : « Pourquoi l’assainissement reste-t-il à la Lyonnaise (l’ancien nom de Suez, NDLR) ? Pourquoi ne pas l’avoir confié aussi au SMEA 31, puisque, comme son nom l’indique cela rentre dans ses compétences, la même société publique prenant alors en charge et la distribution et l’assainissement ? Trop facile ! Car, voyez-vous, il est prévu le ’’doublement de la capacité de traitement de la station d’épu- ration de Vaure’’, et pour cela la Lyonnaise-Suez serait moins chère. Le même argument qu’il y a 25 ans pour introduire le loup dans la bergerie, pardon la Lyonnaise ! Le dicton acheter bon marché coûte cher a pourtant été vérifié depuis, puisque pendant 25 ans la Lyonnaise nous a fait largement payer son généreux investissement. »
Une nouvelle bataille qui commence ?
Le POID craint que ce ne soit les usagers qui payent la note à une société privée : « Cela va se vérifier très vite, puisqu’il y aura dorénavant deux factures : une pour la distribution, une pour l’assainissement. » Pour le parti politique, c’est « une nouvelle bataille » qui se profile pour obtenir la baisse du coût de l’assainissement : « Nous y serons tout disposés si les usagers demandent qu’elle soit menée. »
À l’inverse, quand on lui demande si l’opposition municipale va prendre part à ce nouveau combat, l’élu Jean-Louis Clauzel se montre plus prudent : « Pas dans l’immédiat ! Ce qui était le plus important, c’est la distribution ! »