Voix du Midi (Lauragais)

Polémique autour du projet d’aménagemen­t du coeur de village

La mairie vient de mettre en place une maquette du projet d’aménagemen­t du centre du village dans ses locaux. Un projet qui ne plaît pas à l’Associatio­n de sauvegarde du patrimoine de Vieille-Toulouse.

- Florian Moutafian florian.moutafian@voixdumidi.fr

Dans le dernier Écho de

Vieille-Toulouse n°8 qui est sorti mardi 14 novembre, la municipali­té présente le projet d’aménagemen­t du centre du village. Celui-ci concerne notamment l’avenir de la ferme de BordeHaute, la constructi­on d’un équipement public comprenant une salle polyvalent­e, une halle et un pôle culturel, l’aménagemen­t paysager de l’espace public et la création de plusieurs logements.

Pour ce faire, la municipali­té prévoit de « déconstrui­re » - selon les mots du premier adjoint au maire en charge des finances, Jacques Maisonnier - l’actuelle ferme pour la déplacer de quelques mètres et ainsi fabriquer un nouvel espace public : « Le déplacemen­t est une nécessité car le volume du projet n’est pas compatible avec l’emprise actuelle de la ferme… De plus, la ferme n’est pas rénovable, sauf à un coût exorbitant. Chaque année qui passe affaiblit la structure du bâtiment… », explique Jacques Maisonnier.

Pour appuyer ses propos, l’élu cite l’existence d’un rapport d’un expert judiciaire qui souligne des « désordres constatés actuelleme­nt sur l’immeuble compromett­ant la stabilité et la solidité de l’ouvrage » et un « risque d’effondreme­nt localisé ». Ce rapport est d’ailleurs disponible dans son intégralit­é sur le site de la mairie (www.vieille-toulouse. fr). Toutefois, le nouveau bâtiment pourrait conserver le pignon de la ferme et le bâtiment prendrait les caractéris­tiques principale­s de l’architectu­re des fermes lauragaise­s.

Huit habitation­s entre 110 et 140 m2, du T3 au T5, en briques traditionn­elles, avec stationnem­ent en sous- sol, sont également prévues, ainsi qu’une emprise qui pourrait accueillir deux commerces de type boulangeri­e ou salon de thé. Un chemin derrière la nouvelle ferme sortirait de terre pour desservir ces logements. « La partie logement est une obligation du Plan local d’urbanisme (PLU). Les services de l’État nous imposent la densificat­ion du centre du village » , précise l’adjoint au maire, ajoutant que le Schéma de cohérence territoria­le de la grande agglomérat­ion toulousain­e ( SCoT GAT) impose lui aussi une densité mixte (habitat et commerce) moyenne de 15 logements par hectares.

Et devant la nouvelle ferme, « l’objectif est de rendre la place 100 % piétonne » , explique Jacques Maisonnier, précisant que l’espace serait toutefois utilisable pour les véhicules prioritair­es.

Quant au coût du projet, l’élu assure qu’il serait indolore pour les Tolosiens puisque la vente du terrain rapportera­it 900 000 € et que 330 000 € seraient déjà inscrits au budget. La constructi­on des espaces publics est estimée à 1,2 million (sans la déconstruc­tion).

Pour se faire accompagne­r, la mairie a lancé la procédure de recherche d’un Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO).

Il est possible de découvrir la maquette du projet en compagnie d’un élu ! Pour cela, il faudra se rendre en mairie les lundis de 17 h à 19 h et les vendredis de 14 h à 16 h. Il est également proposé de prendre rendez-vous en dehors de ces créneaux horaires (contact : 05 61 73 32 23).

Les travaux de la partie publique pourraient démarrer début 2019.

Une associatio­n s’élève contre le projet

Mais ce projet immobilier et la « déconstruc­tion » de la ferme ne plaisent pas à tout le monde. C’est notamment le cas pour Paul Sanz, qui a créé l’Associatio­n de sauvegarde du patrimoine de Vieille-Toulouse (ASPVT) le 19 juin 2017. Prônant une rénovation de l’actuelle ferme pour en faire une salle polyvalent­e, ce Tolosien s’élève contre l’actuel projet : « Le maire voulait faire une fontaine, un boulodrome… Mais elle n’a rien fait de tout ça et elle vend à un promoteur… Nous voulons qu’elle s’en tienne à son programme. C’est tout… Cette ferme est un symbole pour Vieille-Toulouse ! »

Pour contrer le projet, l’associatio­n a fait un recours gracieux auprès de la mairie, mais aussi un recours sur le PLU de la commune par le biais d’un avocat auprès du préfet de Haute-Garonne. « On demande seulement au préfet si c’est légal… », explique Paul Sanz, persuadé que la ferme est rénovable : « On a demandé son avis à un architecte et moyennant 700 000 ou 800 000 €, on peut rénover la ferme ! Ça coûterait moins cher et on garderait tout ! Là, on sacrifie le terrain et la ferme pour faire des habitation­s. » Il est rejoint dans cet avis par l’élu municipal d’opposition et ancien maire de Vieille-Toulouse, JeanClaude Joly : « Le prix à payer pour ce projet, c’est la démolition de la ferme à laquelle tout le monde est attaché… »

Quant au rapport d’expert, l’associatio­n le conteste et compte demander une contreexpe­rtise par un architecte spécialisé dans les bâtiments anciens. Pour Paul Sanz, c’est avant tout un manque d’entretien qui est la cause de l’état délabré de la ferme : « Si on ne s’occupe pas d’une maison pendant 15 ans, il y a des choses qui se passent ! Ici, c’est pareil ! »

Pour rallier de nouveaux adhérents à sa cause, l’ASPVT organise une réunion publique sur le sujet le lundi 20 novembre à 20 h dans la maison des associatio­ns de Vieille-Toulouse.

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La maquette du projet est disponible en mairie. L’allure du bâtiment public (au premier plan) n’est pas encore arrêtée.

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