Gilbert Hébrard : « Les agriculteurs veulent le respect d’une concurrence loyale »
Conseiller départemental du canton de Revel et premier vice-président de la communauté de communes Terres du Lauragais, Gilbert Hébrard préside la commission agricole au Conseil départemental de HauteGaronne.
Comprenez-vous la colère des agriculteurs ?
Je suis solidaire des agriculteurs et de leurs actions, à partir du moment où elles ne portent pas entrave à la sécurité des habitants du territoire. Et je regrette qu’ils soient obligés d’en arriver là pour se faire entendre. Aujourd’hui, on leur répète que leurs problèmes sont du ressort de l’Europe mais il faut comprendre qu’ils sont peut- être fatigués d’entendre toujours ce même refrain disant : « Ce n’est pas nous, c’est l’Europe ! »
Quelle est votre position sur ce conflit ?
Ce dossier de la carte des zones défavorisées, il n’est pas nouveau. Aujourd’hui, la sentence est tombée après que l’on se soit passé la patate chaude pendant plusieurs années… Cette nouvelle carte menace des pans entiers de notre territoire de disparition. Il faut bien comprendre que ce que demandent les agriculteurs, ce ne sont pas des mesures de favoritisme mais le respect d’une concurrence loyale, à un moment où les disparités sont énormes sur le territoire européen.
Le gouvernement souhaite garantir aux agriculteurs un revenu tenant compte des coûts de production…
Ce ne sont pas des mesurettes qui vont changer quelque chose ou résoudre cette situation… Au contraire, elles risquent même d’être plus néfastes qu’autre chose. Si les grandes surfaces trouvent le blé ou le lait moins cher ailleurs, elles iront l’acheter ailleurs. Ce qui est important, c’est de mettre tout le monde sur un même pied d’égalité. Prenons l’exemple du glyphosate. Si ce produit est cancérigène, il faut l’interdire immédiatement mais ce doit être le cas pour tout le monde ! On ne peut pas interdire son utilisation à nos agriculteurs et dans le même temps acheter des produits à des pays qui continuent à l’utiliser. Aujourd’hui, on veut empêcher nos agriculteurs de l’utiliser alors que l’on se retrouve sur le marché français avec du blé canadien qui a fait l’objet d’un séchage via un traitement au glyphosate comme défoliant, 15 jours seulement avant sa récolte.