Événement
Le P2V Invitational
Frustré de l’annulation de la coupe du monde aux Gets, une bande de potes s’est lancée dans le pari un peu fou de monter en quelques semaines un événement de DH avec une bonne partie des meilleurs pilotes de la planète au départ… Le tout sur une piste 100 % inédite.
Une sorte de coupe du monde de DH en mode “privé”. C’est un peu ce que l’équipe de passionnés de l’association P2V a réussi à mettre en place ; cette bande de potes des Gets qui a au départ créé un team de DH avec l’idée de faire du vélo, mais en n’oubliant surtout pas le côté fun de l’activité. Depuis des années, la station vibre pour le VTT Gravity l’été. Alors, quand la coupe du monde prévue en septembre a dû être annulée à cause du Covid-19, cette équipe de passionnés locaux a ressenti une frustration telle qu’ils ont décidé de forcer le destin et de monter contre vents et marées un évènement de VTT de descente d’envergure mondiale. C’est dans la tête de Florian Letondeur, le président de l’association, que l’idée à commencer à germer. C’était à la mi-juillet : « L’idée n’était pas forcément de remplacer la coupe du monde, mais plus de réunir un beau plateau de pilotes et de faire un petit coup médiatique. La mise en place a été facilitée par le fait que je connais quasiment tous les pilotes. Ça m’a, dans un premier temps, permis de leur présenter directement le projet. » Les acteurs indispensables pour monter une telle opération ont rapidement adhéré : « Tout le monde s’est investi dans l’événement, que ce soit, la mairie, l’office de tourisme, la compagnie des remontées mécaniques, les propriétaires des portions privées… On a vraiment senti tous les Gets derrière nous. » Une bonne garantie de réussite, mais également un peu de pression : « On a donc profité de la notoriété des Gets, mais si ça s’était mal passé, on mettait aussi en péril l’image de marque de la station. On n’avait pas le droit de se louper. » Et il a fallu tout mettre en place dans un timing plus que serré : « Entre le moment où l’on a vraiment eu toutes les autorisations et la date de l’invitational, on a eu à peu près un mois pour tout mettre en place. Je ne voulais absolument pas passer sur la piste de la coupe du monde. Il y avait pas mal de travail pour la remettre en état et puis, surtout, j’avais envie de proposer autre chose que cette piste que l’on utilise toujours depuis 2004. On n’est pas comme à Fort William, on a des forêts de dingues à exploiter. On a pris des pistes déjà existantes que l’on
Steve Peat a participé aux essais, mais il a préféré regarder les jeunes se dépouiller en piste en sirotant une bonne bière.
a mixées avec des sections vierges pour au final proposer un tracé inédit. »
Zéro prime de départ
Comme souvent, de nombreux événements sont venus compliquer les choses : « Quand on a décidé la mise en place du P2V, la jauge Covid nous permettait encore d’accueillir 5 000 personnes. Entre-temps, les contraintes sanitaires se sont vraiment durcies. Pour ne pas être contraints d’annuler, il a fallu s’orienter vers une formule sans spectateurs et annuler le barbecue de clôture. On a continué à communiquer sur l’événement, mais pour dire aux gens de ne pas venir afin de ne pas risquer de contaminer les pilotes, et surtout pour ne pas mettre en péril la course que l’on aurait été obligé d’annuler si l’on avait eu du public. En effet, si 2 000 à 3 000 personnes s’étaient déplacées, la mairie nous aurait demandé de tout arrêter sur le champ. On pouvait se permettre de dire aux gens : “Ne venez pas”, puisque l’on avait mis en place des moyens pour filmer et retransmettre la course le lendemain sur Internet. Les seules
personnes accréditées ont été les pilotes et le staff des teams, les médias, les partenaires et douze personnes du vélo-club des Gets, pour permettre quand même à une poignée de gamins de 8 à 10 ans de rêver devant les champions. » Avec les histoires de quarantaine, certains teams se sont désistés, mais malgré ça, on a retrouvé au départ un plateau digne d’une coupe du monde. Et pourtant, ce ne sont pas les primes de départ qui ont motivé les troupes : « C’est plus une histoire de passion que d’argent puisqu’à part les deux vainqueurs qui sont repartis avec 1 000 euros, personne n’a rien gagné. C’est sans doute ce qui a permis cette atmosphère particulièrement détendue. Mais quand bien même il y aurait des primes un peu plus importantes sur les futures éditions, on veut absolument garder cette ambiance. » La situation particulière qui a conduit à l’annulation d’une bonne partie des courses a évidemment joué favorablement pour faire venir les top-pilotes. Cette année, pour les pilotes et les teams, les occasions de se montrer sont rares : « Dans un calendrier de coupes du monde classique chargé, il faudra trouver des solutions pour motiver tout le monde. Il faudra sans doute un gros sponsor permettant de récompenser davantage les pilotes. La piste du P2V sera certainement utilisée sur les prochaines échéances mondiales. Le fait que les championnats du monde vont se dérouler aux Gets en 2022 peut également motiver les pilotes à venir rouler la piste avant “en configuration course” si l’on place l’événement avant
les mondiaux. » Les regards sont donc tournés vers l’avenir, parce que cette édition a séduit les pilotes qui ont particulièrement apprécié le traitement qu’ils ont reçu sur place : « On voulait vraiment faire un truc cool à regarder comme la Rampage et, malgré les commentaires en français, la vidéo a été suivie partout sur la planète. On réfléchit au format pour l’avenir, mais l’idée est vraiment que cette course reste centrée sur le pilote. L’idée n’est pas que ces champions prennent des risques sur cette épreuve. On avait même envisagé d’annuler la deuxième manche si la pluie qui était annoncée avait rendu la piste dangereuse. Les pilotes ont apprécié de se retrouver au centre des préoccupations. »