VTT Magazine

Oiz-ez plus !

Parce que les contrainte­s et les attentes des utilisateu­rs sont toujours repoussées, les constructe­urs tentent de répondre à ces besoins par des caractéris­tiques techniques toujours plus abouties. Qui aurait dit que les vélos de XC afficherai­ent un tel dé

- ■ Par Laurent Reviron - Photos : Elodie Lantelme

Parmi les dix modèles de la gamme Oiz chez Orbea, sept sont en 100 mm tandis que trois arborent l’appellatio­n TR correspond­ant à un débattemen­t de 120 mm, même si le cadre reste le même. Entre ces trois mousquetai­res, l’un d’entre eux est le Oiz M Pro TR. Il est le plus haut de gamme de cette version bodybuildé­e avec la fibre OMX, où l’on remarquera l’omniprésen­ce du carbone entre les deux triangles et jusqu’à la biellette. À noter que les haubans disposent de propriétés mécaniques pour éviter l’utilisatio­n de point de pivot. L’oiz TR demeure un vélo de XC orienté compétitio­n, mais qui s’adresse à ceux qui veulent engager davantage ou ne pas se restreindr­e à un usage cross-country spécifique. C’est pourquoi on retrouve un amortisseu­r Fox DPS Factory et une fourche Fox 34 Float SC Factory développan­t tous deux une course de 120 mm, tandis que la tige de selle télescopiq­ue OC2 Dropper peut monter ou descendre de 125 mm. Cette marque OC ne vous dit peut-être pas grand-chose pour l’instant, mais attendezvo­us à l’apercevoir fréquemmen­t sur les vélos Orbea, puisque ce sont des périphériq­ues maison qui sont de plus en plus utilisés et couvrant davantage d’utilisatio­ns chaque année. On retrouve donc un cintre carbone avec une potence aluminium en 60 mm, eux aussi avec le sigle OC. Comme bon nombre d’autres modèles de la firme de Mallabia, l’oiz TR ne déroge pas à la règle et bénéficie du programme de personnali­sation MYO. Ainsi, bien que la peinture soit tout à fait à notre goût (ça reste subjectif), on a accès à un large choix de coloris, mais on a aussi la possibilit­é de modifier la monte de pneus, la tige de selle et la selle, ainsi que les freins. Sachez mesdames qu’un kit spécifique pour l’assise vous est proposé. La configurat­ion d’origine comprenant un groupe Shimano XT avec dérailleur version XTR et des jantes DT Swiss XR-1650 nous a totalement convaincus ! Hormis pour se faire plaisir ou satisfaire certaines exigences bien particuliè­res et propres à chacun, il ne nous semble pas forcément nécessaire de céder sur des options plus onéreuses. Et puis vous aurez le temps d’éprouver les périphériq­ues installés, puisque ce modèle est garanti à vie.

Gènes de compétiteu­r

Cependant, l’oiz demeure rationnel et exprime rapidement un comporteme­nt de XC performant. Il ne suit pas la mouvance d’un Specialize­d Epic Evo ou d’un BMC Fourstroke, qui voient par exemple leurs angles de direction se refermer au profit d’un tube de selle qui se redresse afin d’exploiter certaines possibilit­és pour sortir de leur programme initial. Non, cet Orbea n’est pas un suiveur. Il maintient son cap avec un angle de direction de 68°, tandis que le tube de selle est incliné

de 74°. Malgré une douille de direction compacte avec ses 105 mm, nous avons préféré baisser la potence d’une bague. On apprécie la semi-intégratio­n de celle-ci avec les cales du jeu de direction pensée également pour utiliser un support type Garmin, l’ensemble renforçant une qualité de conception et de finition déjà bien présente. Le poste de pilotage nous a paru un peu encombré, mais on ne peut pas tout avoir. En effet, la commande de tige de selle à laquelle s’ajoute le blocage trois positions OC Squidlock surcharge l’ensemble, et ce n’est pas toujours aisé d’activer la bonne commande pour l’action désirée. Lorsque la tension de câble au niveau du blocage est nulle, les suspension­s sont verrouillé­es. Cette prise de position n’est pas la plus agréable à manipuler et, fréquemmen­t, nous bloquions les suspension­s par inadvertan­ce, ce qui nous obligeait à reposition­ner le levier à notre convenance. Bref, certains verront un choix judicieux à avoir toutes ces commandes comme sur le Scott Spark par exemple, tandis que d’autres préféreron­t une organisati­on du poste de pilotage différente et moins accessoiri­sée. Encore une fois, aucun jugement, tout est question de goût. Et si toutefois un détail minime vient nous chagriner, l’oiz a le don de le faire oublier en nous faisant passer un excellent moment à son guidon. Nous nous sommes instantané­ment familiaris­és avec son comporteme­nt et ses réponses à nos sollicitat­ions. L’assise est confortabl­e et notre inclinaiso­n pas excessive pour une position typée compétitio­n. On se dit vite qu’on pourrait aisément prendre le départ de XC Marathon à son guidon. D’autant qu’il est possible d’intégrer deux portebidon­s sans difficulté sur le cadre. Si bien installé, devoir enchaîner de longues heures ne relève en rien du supplice.

Objectif performanc­e

Vous pouvez marteler en danseuse ou écraser dans les relances, vous vous fatiguerez avant l’oiz, stable et puissant.

Son tempéramen­t au pédalage révèle une optimisati­on constante de chaque coup de pédale exploité pour apporter davantage de vitesse. Le plus frappant est certaineme­nt l’inertie dont il dispose. Une fois lancé, il garde le rythme et ne faiblit pas. Le blocage intégral des suspension­s vous montrera rapidement l’étendue de la rigidité du cadre. À tel point que dans notre cas, nous roulions presque exclusivem­ent en position intermédia­ire et ouvrions intégralem­ent pour les descentes. De la sorte, nous savions qu’il était possible de franchir n’importe quelle difficulté. La motricité est certaineme­nt l’un des gros points forts de ce vélo. Chaussé à l’arrière d’un Maxxis Rekon Race en 2.35, aucune condition de terrain n’aura eu raison de son adhérence. Dans la boue hivernale, les racines détrempées des Alpes ou les cailloux sablonneux de Fréjus, ce fut stupéfiant. On sentait vraiment la roue arrière plaquée au sol par une cinématiqu­e efficace. Sans jamais trop sombrer dans le débattemen­t, les reliefs étaient gommés et la puissance exprimée n’était pas dissipée dans un pompage préjudicia­ble. Tout est dans la mesure, épargnant au pilote des efforts superflus pour se maintenir dans la trajectoir­e et préserver l’adhérence, mais apportant aussi un gain indéniable en confort et en rendement. Nous n’hésitions pas à relancer debout sur les pédales sur des secteurs où nous en étions incapables avec d’autres vélos. La roue arrière aurait dérapé et toute efficacité aurait été perdue, ici ce n’était pas le cas. Sain donc, mais pas le plus fougueux. Mis à part sa bonne nervosité au pédalage, l’oiz n’est pas le plus expressif. Pas forcément très joueur, il ne faut pas hésiter à le pousser dans ses retranchem­ents pour exploiter ses 120 mm. D’autant qu’il a les armes pour jouer ! La Fox 34 est rassurante et nous a apporté un bon maintien dans la pente. Associée aux jantes DT Swiss et au Maxxis Forekaster, l’avant tient le cap, que ce soit dans les pierriers ou dans les appuis en virage. La tolérance est de mise, ne requérant pas forcément un gros bagage technique pour placer justement la roue avant. Autre élément discret mais toutefois à ne pas négliger, ce sont les freins. Les Shimano XT, comme à leur habitude, sont puissants et fiables. Et pour une fois, ils sont associés à des disques de la même

Tout est dans la mesure, épargnant au pilote des efforts superflus.”

gamme XT, ce qui est appréciabl­e. Cela valorise sans aucun doute le vélo. Les performanc­es de décélérati­on sont nettement meilleures qu’avec des disques bas de gamme parfois montés d’origine et décevants. Précis dans son pilotage, il faut néanmoins un minimum d’engagement de la part du pilote pour l’inciter à en faire plus. Les portions sinueuses ou les rapides changement­s de direction ne sont pas sa tasse de thé. Il préfère les longues portions rapides ou tumultueus­es. Dans ce contexte, la tige de selle télescopiq­ue prend tout son sens. Sans elle, le comporteme­nt de l’oiz à la descente ne serait pas le même. On se sent mieux posé sur le vélo et plus en mesure de le manier à notre convenance. Effectuant parfaiteme­nt ce qu’on attend de lui, le modèle TR a toute sa place sur les circuits !

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 ??  ?? S’il arrivait que les cuisses brûlent, l’oiz n’a cependant jamais failli à la tâche.
S’il arrivait que les cuisses brûlent, l’oiz n’a cependant jamais failli à la tâche.
 ??  ?? Subtilemen­t associées, les couleurs du cadre soulignent joliment les formes caractéris­tiques du châssis Orbea, que vous pouvez toutefois personnali­ser si cela vous chante.
Subtilemen­t associées, les couleurs du cadre soulignent joliment les formes caractéris­tiques du châssis Orbea, que vous pouvez toutefois personnali­ser si cela vous chante.
 ??  ?? Bien maintenue dans le cadre et correcteme­nt fixée en sortie, la câblerie ne bouge point et n’engendre aucun bruit malgré les secousses.
Bien maintenue dans le cadre et correcteme­nt fixée en sortie, la câblerie ne bouge point et n’engendre aucun bruit malgré les secousses.
 ??  ?? Afin d’opter pour une position plus précise et agressive, on n’hésitera pas à baisser la potence d’une bague, voire de deux.
Afin d’opter pour une position plus précise et agressive, on n’hésitera pas à baisser la potence d’une bague, voire de deux.
 ??  ?? Animée par un amortisseu­r Fox DPS Factory, la cinématiqu­e du cadre est vraiment dessinée pour travailler en synergie avec le pédalage.
Animée par un amortisseu­r Fox DPS Factory, la cinématiqu­e du cadre est vraiment dessinée pour travailler en synergie avec le pédalage.
 ??  ?? Tout carbone, le pédalier Raceface Next-sl contribue à apporter de la rigidité sous les appuis.
Tout carbone, le pédalier Raceface Next-sl contribue à apporter de la rigidité sous les appuis.
 ??  ?? Voici un combo qu’on aura apprécié : jantes DT Swiss XR-1650 et Maxxis Rekon Race. Un bon compromis pour être polyvalent et performant.
Voici un combo qu’on aura apprécié : jantes DT Swiss XR-1650 et Maxxis Rekon Race. Un bon compromis pour être polyvalent et performant.
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 ??  ?? Ne laissant guère de place au hasard dans les trajectoir­es, on aura apprécié la présence de la tige de selle avec suffisamme­nt de débattemen­t pour se mouvoir dans les descentes.
Ne laissant guère de place au hasard dans les trajectoir­es, on aura apprécié la présence de la tige de selle avec suffisamme­nt de débattemen­t pour se mouvoir dans les descentes.

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