Oiz-ez plus !
Parce que les contraintes et les attentes des utilisateurs sont toujours repoussées, les constructeurs tentent de répondre à ces besoins par des caractéristiques techniques toujours plus abouties. Qui aurait dit que les vélos de XC afficheraient un tel dé
Parmi les dix modèles de la gamme Oiz chez Orbea, sept sont en 100 mm tandis que trois arborent l’appellation TR correspondant à un débattement de 120 mm, même si le cadre reste le même. Entre ces trois mousquetaires, l’un d’entre eux est le Oiz M Pro TR. Il est le plus haut de gamme de cette version bodybuildée avec la fibre OMX, où l’on remarquera l’omniprésence du carbone entre les deux triangles et jusqu’à la biellette. À noter que les haubans disposent de propriétés mécaniques pour éviter l’utilisation de point de pivot. L’oiz TR demeure un vélo de XC orienté compétition, mais qui s’adresse à ceux qui veulent engager davantage ou ne pas se restreindre à un usage cross-country spécifique. C’est pourquoi on retrouve un amortisseur Fox DPS Factory et une fourche Fox 34 Float SC Factory développant tous deux une course de 120 mm, tandis que la tige de selle télescopique OC2 Dropper peut monter ou descendre de 125 mm. Cette marque OC ne vous dit peut-être pas grand-chose pour l’instant, mais attendezvous à l’apercevoir fréquemment sur les vélos Orbea, puisque ce sont des périphériques maison qui sont de plus en plus utilisés et couvrant davantage d’utilisations chaque année. On retrouve donc un cintre carbone avec une potence aluminium en 60 mm, eux aussi avec le sigle OC. Comme bon nombre d’autres modèles de la firme de Mallabia, l’oiz TR ne déroge pas à la règle et bénéficie du programme de personnalisation MYO. Ainsi, bien que la peinture soit tout à fait à notre goût (ça reste subjectif), on a accès à un large choix de coloris, mais on a aussi la possibilité de modifier la monte de pneus, la tige de selle et la selle, ainsi que les freins. Sachez mesdames qu’un kit spécifique pour l’assise vous est proposé. La configuration d’origine comprenant un groupe Shimano XT avec dérailleur version XTR et des jantes DT Swiss XR-1650 nous a totalement convaincus ! Hormis pour se faire plaisir ou satisfaire certaines exigences bien particulières et propres à chacun, il ne nous semble pas forcément nécessaire de céder sur des options plus onéreuses. Et puis vous aurez le temps d’éprouver les périphériques installés, puisque ce modèle est garanti à vie.
Gènes de compétiteur
Cependant, l’oiz demeure rationnel et exprime rapidement un comportement de XC performant. Il ne suit pas la mouvance d’un Specialized Epic Evo ou d’un BMC Fourstroke, qui voient par exemple leurs angles de direction se refermer au profit d’un tube de selle qui se redresse afin d’exploiter certaines possibilités pour sortir de leur programme initial. Non, cet Orbea n’est pas un suiveur. Il maintient son cap avec un angle de direction de 68°, tandis que le tube de selle est incliné
de 74°. Malgré une douille de direction compacte avec ses 105 mm, nous avons préféré baisser la potence d’une bague. On apprécie la semi-intégration de celle-ci avec les cales du jeu de direction pensée également pour utiliser un support type Garmin, l’ensemble renforçant une qualité de conception et de finition déjà bien présente. Le poste de pilotage nous a paru un peu encombré, mais on ne peut pas tout avoir. En effet, la commande de tige de selle à laquelle s’ajoute le blocage trois positions OC Squidlock surcharge l’ensemble, et ce n’est pas toujours aisé d’activer la bonne commande pour l’action désirée. Lorsque la tension de câble au niveau du blocage est nulle, les suspensions sont verrouillées. Cette prise de position n’est pas la plus agréable à manipuler et, fréquemment, nous bloquions les suspensions par inadvertance, ce qui nous obligeait à repositionner le levier à notre convenance. Bref, certains verront un choix judicieux à avoir toutes ces commandes comme sur le Scott Spark par exemple, tandis que d’autres préféreront une organisation du poste de pilotage différente et moins accessoirisée. Encore une fois, aucun jugement, tout est question de goût. Et si toutefois un détail minime vient nous chagriner, l’oiz a le don de le faire oublier en nous faisant passer un excellent moment à son guidon. Nous nous sommes instantanément familiarisés avec son comportement et ses réponses à nos sollicitations. L’assise est confortable et notre inclinaison pas excessive pour une position typée compétition. On se dit vite qu’on pourrait aisément prendre le départ de XC Marathon à son guidon. D’autant qu’il est possible d’intégrer deux portebidons sans difficulté sur le cadre. Si bien installé, devoir enchaîner de longues heures ne relève en rien du supplice.
Objectif performance
Vous pouvez marteler en danseuse ou écraser dans les relances, vous vous fatiguerez avant l’oiz, stable et puissant.
Son tempérament au pédalage révèle une optimisation constante de chaque coup de pédale exploité pour apporter davantage de vitesse. Le plus frappant est certainement l’inertie dont il dispose. Une fois lancé, il garde le rythme et ne faiblit pas. Le blocage intégral des suspensions vous montrera rapidement l’étendue de la rigidité du cadre. À tel point que dans notre cas, nous roulions presque exclusivement en position intermédiaire et ouvrions intégralement pour les descentes. De la sorte, nous savions qu’il était possible de franchir n’importe quelle difficulté. La motricité est certainement l’un des gros points forts de ce vélo. Chaussé à l’arrière d’un Maxxis Rekon Race en 2.35, aucune condition de terrain n’aura eu raison de son adhérence. Dans la boue hivernale, les racines détrempées des Alpes ou les cailloux sablonneux de Fréjus, ce fut stupéfiant. On sentait vraiment la roue arrière plaquée au sol par une cinématique efficace. Sans jamais trop sombrer dans le débattement, les reliefs étaient gommés et la puissance exprimée n’était pas dissipée dans un pompage préjudiciable. Tout est dans la mesure, épargnant au pilote des efforts superflus pour se maintenir dans la trajectoire et préserver l’adhérence, mais apportant aussi un gain indéniable en confort et en rendement. Nous n’hésitions pas à relancer debout sur les pédales sur des secteurs où nous en étions incapables avec d’autres vélos. La roue arrière aurait dérapé et toute efficacité aurait été perdue, ici ce n’était pas le cas. Sain donc, mais pas le plus fougueux. Mis à part sa bonne nervosité au pédalage, l’oiz n’est pas le plus expressif. Pas forcément très joueur, il ne faut pas hésiter à le pousser dans ses retranchements pour exploiter ses 120 mm. D’autant qu’il a les armes pour jouer ! La Fox 34 est rassurante et nous a apporté un bon maintien dans la pente. Associée aux jantes DT Swiss et au Maxxis Forekaster, l’avant tient le cap, que ce soit dans les pierriers ou dans les appuis en virage. La tolérance est de mise, ne requérant pas forcément un gros bagage technique pour placer justement la roue avant. Autre élément discret mais toutefois à ne pas négliger, ce sont les freins. Les Shimano XT, comme à leur habitude, sont puissants et fiables. Et pour une fois, ils sont associés à des disques de la même
Tout est dans la mesure, épargnant au pilote des efforts superflus.”
gamme XT, ce qui est appréciable. Cela valorise sans aucun doute le vélo. Les performances de décélération sont nettement meilleures qu’avec des disques bas de gamme parfois montés d’origine et décevants. Précis dans son pilotage, il faut néanmoins un minimum d’engagement de la part du pilote pour l’inciter à en faire plus. Les portions sinueuses ou les rapides changements de direction ne sont pas sa tasse de thé. Il préfère les longues portions rapides ou tumultueuses. Dans ce contexte, la tige de selle télescopique prend tout son sens. Sans elle, le comportement de l’oiz à la descente ne serait pas le même. On se sent mieux posé sur le vélo et plus en mesure de le manier à notre convenance. Effectuant parfaitement ce qu’on attend de lui, le modèle TR a toute sa place sur les circuits !