Mille balles au centre
Mille euros représentent une somme symbolique mais les VTT dignes de ce nom à ce prix ne courent pas les rues. Et ce Nakamura Complite 950 offre un compromis plutôt intéressant.
Un VTT de XC à moins de 1 000 €, ça attise forcément la curiosité. D’autant plus que ce modèle Nakamura Complite 950 propose pour ce tarif des plus attractifs un équipement plutôt soigné. Le cadre en carbone représente un premier argument sur le papier. La fourche Rockshox Judy, que l’on retrouve souvent sur les modèles entrée de gamme, ne déçoit généralement pas dans son fonctionnement. Au niveau transmission, même constat avec un ensemble Sram SX Eagle qui reste une valeur sûre. L’équipement se montre plutôt alléchant pour ce tarif contenu. On était donc impatient de réaliser nos premiers coups de pédale avec ce vélo pour évaluer les sensations que pouvait procurer ce genre de modèle à pure vocation loisir. La prise en main se fait assez vite. On a juste un peu l’impression de faire un petit bond en arrière dans le temps puisque les sensations se révèlent assez proches de celles des VTT de XC d’il y a quelques années. Les roues en 29 sont heureusement là pour rappeler que l’on est bien en 2021, mais pour le reste, on retrouve des choix à l’ancienne. Le tube de selle assez droit permet une bonne position pour pédaler, mais l’angle de direction bien fermé confirme que l’on n’a pas à faire à une géométrie moderne. Les premiers mètres au guidon de ce Nakamura nous réservent pourtant une bonne surprise. Le poste de pilotage est agréable, avec un guidon et une selle accueillants. Le cintre se révèle d’une bonne largeur et son galbe conviendra pour pédaler autant que pour piloter. La potence en 70 mm représente une bonne option sur ce type de vélo. La selle un peu grosse et volumineuse ne garantit pas les sensations « racing », mais procure un confort appréciable. Et si l’on n’avait pas en tête les 13 kg que la balance a affichés lors de la pesée, l’on n’aurait pas forcément l’impression d’un vélo si lourd au pédalage. Certes, on est loin des machines de guerre de XC les plus haut de gamme, mais la réponse au coup de pédale reste correcte. La fourche réglée en respectant les préconisations garantit un bon compromis de confort et de capacité à encaisser. Les quelques possibilités de réglages qu’elle offre permettent d’ajuster un peu son comportement en fonction des envies et du terrain.
Collé mais pas scotché
Notre parcours de test est particulièrement complet et, malgré une météo au beau fixe, nous rencontrons une première section rendue bien humide par les dernières pluies abondantes. Les roues en 29 et les pneus Hutchinson de petite section se comportent plutôt bien. Le Taïpan assure un bon guidage de l’avant et le Python 2 une bonne traction quel que soit le sol. Et lorsqu’il faut enchaîner les virages serrés sur ce sol glissant, ce Complite s’en sort plutôt bien, aidé par son châssis, et son angle fermé qui permet une bonne maniabilité. On se fait un peu surprendre dès la première cassure en descente. Car si les caractéristiques du train avant permettent une bonne vivacité, elles n’offrent pas le maximum de sécurité dans la pente. L’avant plonge assez vite, l’arrière se déleste et l’on sent qu’il faut compenser par une position adaptée pour éviter l’embûche. C’est surtout dans ces
situations qui obligent à passer les fesses derrière le tube de selle et qui engendrent un moins bon guidage du train avant que cette géométrie à l’ancienne se fait très présente. La suite en montée bien raide sur des cailloux roulants et un sol glissant permet de confirmer la bonne capacité à « motricer » de l’ensemble. Il faut certes déployer pas mal d’énergie sur les pédales, mais l’effort est récompensé par une bonne retranscription de l’énergie au sol. Si les roues particulièrement lourdes ne garantissent pas le rendement, elles ont au moins le mérite de « coller » le vélo au sol sur les terrains fuyants. Quand la pente devient moins raide sur un sol plus accrocheur qui permet de passer à la vitesse supérieure, ce Naka engendre une petite inertie qui ne permet pas d’envisager les accélérations les plus virulentes. Même constat sur le plat. Tant que l’on garde un rythme « balade », on se fait vraiment plaisir à son guidon, en revanche, on s’épuise vite à essayer de tenir une cadence soutenue. Une petite bosse nous permet de faire décoller les deux roues lorsqu’on s’engage dans un petit chemin après une section roulante sur la route. Si le châssis n’a rien contre quelques excentricités, il ne sera pas des plus aptes à vous sécuriser. Comme dans les sections de pédalage, on retrouve un vélo idéal pour évoluer à un rythme « balade » mais avec lequel il faut éviter d’aller chercher les limites. Dans la descente suivante, truffée de pierres et de cassures, on a d’ailleurs atteint cette limite. Les roues assez lourdes qui permettent de stabiliser le vélo ne suffisent pas à compenser ce châssis qui n’offre pas le maximum de stabilité. La fourche Judy, globalement performante, plonge également un peu trop dans ces situations. On peut compenser avec un peu plus d’air, mais l’ensemble n’est du coup plus aussi confortable. Enfin, les freins qui nous avaient donné entière satisfaction jusque-là manquent de mordant pour les sections plus pentues. Pour plus de sérénité dans ces passages, on peut toujours baisser la selle grâce au collier de serrage rapide du tube. Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre quant aux aptitudes dynamiques de ce vélo, qui ne se destine évidemment pas à une pratique poussée. Néanmoins, ce Complite permet d’avoir des vraies impressions de pilotage XC, de se lancer dans des parcours dignes de ce nom, et même sur des distances assez importantes. Vous ne gagnerez sans doute pas le Roc d’azur à son guidon, mais vous pourrez sans souci réaliser les cinquante kilomètres du parcours. Bref, à ce tarif, on n’est vraiment pas volé sur la marchandise.