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ALEKSANDER DOBA

Trois fois l’Atlantique en kayak. La dernière a duré trois mois et demi, et s’est achevée vers Brest pour le kayakiste polonais âgé de... 71 ans.

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Têtu comme un Polonais, Aleksander « Olek » Doba est un habitué des gros défis à la rame, mais en kayak. Ingénieur à la retraite, Doba n’en est pas à son coup d’essai, après sa première traversée de Dakar à Acarau, au Brésil, 99 jours en 2010- 2011. En avril 2014, à 67 ans, il a bouclé une traversée « in extenso » de l’Atlantique à la rame, de Lisbonne à la Floride, douze mille kilomètres sur son esquif de sept mètres. Six mois de solitude, dont 47 jours passés sans son téléphone satellite tombé en panne. Perdu dans le triangle des Bermudes, Doba a effectué au moins 3 700 km de rab en raison des courants contraires. Le kayakiste qui a parcouru 12 300 km entre le Portugal et la Floride a été élu Aventurier de l’année 2015 par National Geographic. Le 7 mai 2017, il est reparti pour sa troisième Transatlan­tique à la rame. En 2016, il avait fait une tentative stoppée net au large de New York après que des vagues aient détruit son équipement électrique. Le 8 mai, le lendemain de son départ, Olek appelait à l’aide, car le vent d’est menaçait de le drosser sur une côte pleine de rochers : un coup de main d’un bateau assistance et il reprenait, seul cette fois, le chemin de l’Atlantique. Mais encore une fois, les vents contraires le conduisaie­nt après trois premiers jours de lutte à s’abriter à Barnegat Bay, devant Philadelph­ie. Mais il en faudrait encore plus pour lui faire faire demi- tour. « Olek n’abandonne jamais ! » Et il a répandu un verre de whiskey dans l’océan pour s’accorder ses faveurs, paraît- il. Le 16 mai, il s’échappe enfin de la baie et gagne le large. Le 5 juin, il attrape enfin le Graal, la rivière de l’océan, le Gulf Stream. Quelques jours et une tempête plus tard, il casse son gouvernail. Olek n’a cure des difficulté­s et finit par le réparer... avec l’aide d’un bateau assistance. Il devra affronter encore trois autres tempêtes avant d’atteindre l’Europe, dont l’une, « aux vagues de dix mètres » , a abîmé son déflecteur radar. Son désalinisa­teur électrique tombe en panne au bout de deux mois et demi. Depuis, il l’actionne en pédalant. À l’approche de l’Europe, son plus grand stress est de croiser les cargos, nombreux à l’approche de la Grande- Bretagne. Son kayak ne fait que sept mètres de long, pour 450 kg à vide ( et 750 kg au départ avec cinq mois de provisions lyophilisé­es). Finalement, il prend la décision de rallier la Bretagne et, après une éprouvante traversée de l’entrée de la Manche, il atteint les côtes brestoises le 4 septembre, au Conquet exactement, où une foule est venu accueillir l’homme, âgé de bientôt 70 ans, qui a pagayé plus de 100 000 km en kayak dans sa vie, dont trois traversées transatlan­tiques. Après 110 jours de navigation, sautant de son kayak comme un diable de sa boîte, Aleksander « Olek » Doba s’est jeté sur le premier carré de verdure, face contre l’herbe. De la nécessité d’étreindre la terre après 110 jours de mer. Seul au monde.

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 ??  ?? Le kayak customisé d'Olek Doba. DR
Le kayak customisé d'Olek Doba. DR

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