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LE TEMPS DES PIONNIERS

SUITE...

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mais c’était un vrai casse- cou ! D’ailleurs, après le Mont- Blanc, il avait tenté des tas de trucs dans le massif des écrins et avait dû souvent être secouru en hélicoptèr­e. Les gars du PGHM ne v oulaient plus entendre parler de lui ! Il est tout de même mort en montagne, d’ailleurs… Mais c’était celui qui prenait le plus de risques, il descendait du Mont- Blanc sur son k- way . Quand je l’ai fait avec lui, il sautait pardessus les crevasses alors que je l es contournai­ent… »

DES RECORDS BIEN ENCADRÉS À l’époque cependant, la plupart de ces ten

tatives étaient encadrées : « Nous prévenions, et même si moi je l ’ai fait sans assistance, les records furent réalisés avec des équipes : Laurent Smagghe devait avoir une dizaine de personnes sur le tracé, qui lui donnaient les vêtements ou les chaussures aux points stratégiqu­es. Gobet avait même mobilisé toute une équipe de guides suisses, pas loin de cinquante personnes ! » raconte encore Philippe Delachenal.

S’il avoue avoir sans doute fait le sommet avec un équipement « un peu light » , Philippe reste incrédule lorsqu’on lui apprend que les traileurs accidentés récemment n’avaient aux pieds que de simples

modèles de trail. « Nous partions bien entendu en baskets jusqu’à la neige, mais alors nous enfilions des pointes de cross. C’était certes très léger, mais avec des pointes de 15 mm, cela assurait nos appuis sur la glace et la neige. Nous risquions surtout le froid au pied, mais peu la glissade, surtout que nous connaissio­ns le parcours et que nous avions le “pied montagnard”. Je n’ai pas eu l’impression de prendre beaucoup de risques sur ces ascensions, mais le contexte et l’équipement étaient très différents. Courir sur la glace sans crampons et juste avec des chaussures de trail, c’est totalement inadapté ! » Pour Philippe, c’est sans doute le niveau d’expertise en montagne qu’il faut interroger,

plutôt que l’équipement. « Cela me semble évident qu’un Kilian Jornet, avec toute son expérience et sa maîtrise, n’a aucun souci à courir au sommet du Mont- Blanc équipé en traileur. Mais bien sûr, ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. »

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Le refuge du Goûter, étape de la voie normale. DR

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