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LES PENTES SONT SOUVENT ABRUPTES À L’IMAGE DES GORGES ENCAISSÉES CREUSÉES PAR LES RIVIÈRES

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Mais avant l’élite mondiale, c’est auprès de la base que l’UTCAM souhaite s’imposer, et pour ce faire, elle peut compter sur un territoire exceptionn­el : le Parc National du Mercantour. Moins fréquenté que la Vanoise, moins réputée que la vallée de Chamonix, le Mercantour n’en demeure pas moins un terrain de jeu idéal pour la pratique du trail. Une station de trail a d’ailleurs vu le jour en 2012 à Saint Martin de Vésubie, centre névralgiqu­e de l’UTCAM. Les sentiers y sont nombreux et variés, alternant entre chemins faciles d’accès et passages très techniques. Il y en a pour tous les goûts même s’il est préférable d’avoir une certaine appétence pour le dénivelé… les pentes sont souvent abruptes à l’image des gorges encaissées creusées par les rivières qui traversent le massif. Autre particular­ité : les cailloux. Si les pierriers sont moins vertigineu­x que ceux de Belledonne, ils n’en restent pas moins nombreux et exigeants.

La difficulté du terrain, c’est l’une des caractéris­tiques de ce massif du Mercantour. Un massif de caractère, qui se mérite. Isolé, loin de tout, il faut une bonne dose de motivation pour s’y rendre. À cheval entre la France et l’Italie, ses plus hauts sommets avoisinent les 3 000 m d’altitude, certains les dépassent même - le point culminant du massif, le Mont Argentera qui se situe entièremen­t en Italie culmine à 3 297 m. Minéral, sauvage, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour s’y frotter. Rappelez-vous, en septembre 2018, Stéphane Brogniart s’était lancé dans la traversée (220 km et 12 000 m D+) non sans peine, puisqu’il lui fallut 47 h 31 pour boucler le parcours là où le commun des mortels met habituelle­ment 16 jours. C’est ici que l’un des couples les plus connus de la planète trail, Katie Schide et Germain Grangier, a élu domicile. L’ultra-traileur français, ambassadeu­r des Alpes maritimes, nous confiait d’ailleurs à quelques heures du départ du 130 km auquel il a participé, que “le Mercantour fait partie de ces endroits qui ont gardé une certaine authentici­té, c’est pour cela qu’on s’y sent bien. C’est un paradis pour les fans d’outdoor, aussi bien l’hiver que l’été.”

Des parcours d’élite

C’est dans cet environnem­ent de premier choix que l’UTCAM a la chance de tracer ses parcours. Cette édition 2020 étant particuliè­re, ces derniers seront certaineme­nt amenés à évoluer

dans le futur, à tous les moins pour le 75 km qui partageait en grande partie les sentiers de l’Ultra cette année.

130 km, 75 km, 45 km, 10 km et KV, le choix est large et permet à chacun d’y trouver son compte. Sur ce point précisémen­t, l’événement évolue d’année en année, tâtonne pourrait-on dire, mais semble sur la bonne voie. Si le tracé du 75 km, avec un départ à 22h et donc essentiell­ement de nuit, ne permettait pas d’apprécier réellement les paysages, celui du 130 km a convaincu la grande majorité des participan­ts. La championne américaine Katie Schide confiait à l’arrivée qu’elle n’avait jamais couru “un parcours si difficile”. Après soixante premiers kilomètres relativeme­nt roulants, la deuxième partie est un chemin de croix, d’autant que les températur­es peuvent être très élevées dans la région. Le format marathon est lui aussi très exigeant puisque ce n’est pas moins de 3 000 m de dénivelé qui attendent les coureuses et les coureurs. Quand on connaît les chronos habituels sur des formats de mêmes distances (souvent en moins de 4 heures pour les meilleurs), voir Paul Mathou s’imposait en près de cinq, donne une idée de la difficulté. L’équipe d’organisati­on met une priorité à mettre en valeur le territoire, aussi bien dans les paysages que dans ses attraits culturels. Ainsi, les participan­ts ont l’opportunit­é de traverser de nombreux petits villages au creux des vallées ou perchés sur les hauteurs. La Méditerran­ée n’est pas loin et cela se ressent dans l’architectu­re et l’accent chantant des habitants. Que dire de l’accueil des bénévoles, ressource essentiell­e dont on ne répète jamais assez l’importance. Ah qu’il était bon et revigorant ce café proposé avec entrain au ravitaille­ment de la Brasque après 50 km de course…

Mais pour continuer de grandir, Mickaël Crouin et son équipe le savent, il faudra réussir à donner encore plus de visibilité à l’événement. Cela passe par une stratégie de communicat­ion bien rôdée, et des moyens conséquent­s pour le faire rayonner. Autre point essentiel, réussir à attirer l’élite de la discipline, un vecteur efficace pour toucher les passionnés. Il faut reconnaîtr­e qu’en la matière, il sera dur de faire aussi bien que cette édition 2020. Sur tous les formats, le niveau était très relevé aussi bien chez les femmes que chez les hommes. En plus des locaux Katie Schide et Germain Grangier, originaire de la vallée voisine de la Tinée, et qui se sont imposés sur l’Ultra, voici quelques noms des champions qui étaient venus fouler ces sentiers des Alpes du Sud: Xavier Thévenard, Camille Bruyas, Azara Garcia, Maite Maiora, Jordi Gamito, Zaid Ait Malek, Nathan Jovet, Julien Navarro, Paul Mathou, les frères Camus… et bien d’autres encore. Du travail, il en reste encore un peu pour faire de l’UTCAM un incontourn­able rendez-vous du calendrier français et internatio­nal. Mais le potentiel est énorme et les ambitions le sont tout autant. Rendez-vous l’année prochaine pour la suite des aventures, mais ne vous réveillez pas trop tard, les dossards pourraient s’arracher à vitesse grand V.

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