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ON Y CROYAIT PLUS, JUSTE UN PLAISIR SIMPLE MAIS TELLEMENT MIS DE CÔTÉ

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Le trail de la Vanoise, par GAEÞQLWLRQ WUDLOV SRXU exprimer La Vanoise

Oui, à jour très spécial, territoire exceptionn­el. L’EDF Cenis Tour arpente et exprime la Haute Maurienne Vanoise; un écrin aussi large que quasi spirituel, techniquem­ent abordable que majestueux. Ce 2 août 2020 dès 3 heures, près de 1 400 coureurs vont se sentir bizarres. Heureux, dépassés, fébriles, presque méditatifs et parfois inquiets. On en surprend certains pleurer : « je ne sais pas ce qui m’arrive, l’émotion car on y croyait plus, juste un plaisir simple mais tellement mis de côté. Et puis tout se mélange, on pense au risque sanitaire, à ceux qui ne courent pas… ou qui ne sont plus là. Des copains qui ne courront plus. C’est simple et fort, sans explicatio­n », s’essaie Jean-Marie. Sans doute le lieu s’accorde-t-il exactement à l’âme en ce weekend où la France pratique l’autoroute. Oui, il y a du grand, aussi terre à terre qu’inexplicab­le en cette Vanoise. Et intimidés, ce serait le mot juste. Et dire qu’au même moment, la tête de course continue d’affoler les chronos – étrange synchro du relatif. Tous les départs se font masqués et ont reçu la consigne de s’espacer, en le restant jusqu’à l’étalement du groupe (on restera longtemps frappé par le civisme de chacun). Renfort de solennel? allez savoir. Il est des évènements dont l’air est dense, et cet EDF Cenis Tour en est l’exemple. Qu’ils sont rares ces rdv, au-delà des chiffres et de la montre, et la fête de reprise compétitiv­e tiendra tous les paris. Dimanche de mémoire, les régions se croisent et chacun se sent petit. Vivant, humble, mais réunis pour la même chose. 10 coureurs de Mayenne saluent un couple Alsacien, un élite de la Yaute cède la place à un Breton blessé, et ce silence. Ce silence à 12 heures digne d’un ultra en pleine nuit; ne seraient les bravos d’un public omniprésen­t. Contemplat­ion… explosion.

Inscriptio­ns, chronos, contrainte­s : records dépassés !

Explosifs, sans nul doute ils le furent lorsque l’on reprend les tablettes de cette 11e édition. Imaginons que sur des parcours rallongés, les chronos se font plus rapides encore qu’en 2019… et les favoris écrivent une sacrée page de l’histoire EDF Cenis. Qui parle de course de « prépa »? Expression cache-sexe de la contre-perf’, micondesce­ndante, mi-saucissonn­ade. Nenni, il faut écouter élites ou amateurs venus en pèlerinage sur « l’EDF », et les 75 % de fidèles ou visiteurs de cette Haute Maurienne Vanoise familiale: une évidence puriste, l’un des plus jolis blocs estivaux et alpins. Pour supplément d’âme naturelle, il y a ce Par cet des profils de course rapides. Ces traces! largeur, pente et vision. Des parcours dont l’intelligen­ce exploitent la topographi­e Vanoise; bavantes de D+ mais sans l’enfermemen­t, mirador sur mirador, et même un Pas de La Beccia qui devient boulevard sur redescente. Rarement l’on a autant senti l’espace, d’une montée au Col de la Met qui précède 15 km de singles tracks, inespéréme­nt faciles. Paradis du descendeur, et nirvana du

KV – zénitude du grand angle. Que la sente est roulante, preuve à ce chapelet de palmarès : Steeve Dobert accélère d’un (gros) le Trail Noir (9 h 38, près d’une heure devant Ferrari), Jeremy Nion peaufine sa victoire 2019 en réduisant (encore plus) son chrono (3 h 14), le tout sur des traces… rallongées ou modifiées. Les cotes ITRA se bousculent, des noms apparaisse­nt, Charlotte Chaverot signe une belle 2e place derrière une Aurélie Dauchot inattendue. Surprises, chamboulem­ent, densité, et l’on reçoit news sur news ébahis, comme si l’esprit restait un peu au-dessus. Jour spécial, qu’on disait…

14 jours, et le rôle de chacun

Heureuseme­nt groggy, encore impression­né ou dans la profondeur de cette course, l’heure est à la pause, et l’on reprend l’ampleur de ce weekend qui fut champêtre; et à la fois davantage. Se sentir partie d’un tout, groupe ou cause, réunis par le sport ou la même pensée? Allez savoir. De là à dire qu’un risque sanitaire, ça rapproche. Mais lorsque la réunion fait suite à des mois de solitude, l’air peut se charger de jolies choses. Les visages marqués l’expriment encore, ce dimanche soir. Loin de l’euphorie, plutôt dans la conscience commune. L’avenir du trail dépend désormais de cet esprit : « 14 jours, et nous serons totalement rassurés d’aucun cluster. Respectez les gestes, et nous courrons tous encore de splendides évènements ! ». Puisse Annabel être écoutée. On y croit ferme.

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