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CES DERNIERS MOIS, JE LEUR AI CONSEILLÉ DE LIRE DES LIVRES SUR L’HISTOIRE DE NOTRE SPORT

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mission initiale de trois mois, il n’est jamais reparti. Il a guidé de leur jeunesse à leurs plus grands succès des champions tels que Peter Rono (champion olympique du 1 500 m en 1988), Matthew Birir (champion olympique du 3 000 m steeple en 1992), ou encore David Rudisha (double champion olympique du 800 m et recordman du monde de la distance). En pleine forme, l’homme âgé de 71 ans nous accueille dans son salon où trônent quelques unes des coupes des 25 titres de champions du monde remportés par ses ouailles. Il n’y a qu’à interroger Brother O’Colm sur la façon dont il vit l’actuelle pandémie pour qu’il se lance dans une longue réflexion sur cette l’entraîneme­nt, pour employer une expression hélas à la mode je dirais que “j’aplatis la courbe de leur forme”, raconte l’entraîneur irlandais, une casquette décolorée vissée sur la tête. Mais sa plus grande inquiétude concerne ses plus jeunes athlètes qui sont encore à l’école. Si les membres de son groupe d’entraîneme­nt de haut-niveau sont âgés de 19, 20 ou 21 ans, ils encadrent aussi des élèves de l’école âgés de 14 ou 15 ans qu’il accompagne progressiv­ement vers le monde profession­nel. “J’ai eu l’autorisati­on de faire revenir mes athlètes les plus âgés à la Saint-Patrick’s School où ils logent et s’entraînent avec les mesures de distanciat­ion nécessaire­s, mais les plus jeunes sont restés

“Nous avons besoin d’une ligne d’arrivée maintenant pour que tout le monde puisse retrouver de l’espoir”, souffle l’ancien professeur de géographie. L’un des coureurs de Brother O’Colm a déjà redonné du sourire à son mentor. Bravin Kipchogei, 19 ans, était engagé comme lièvre sur le semi-marathon de Prague. Il a finalement poursuivi son effort après avoir terminé sa mission et arraché une superbe neuvième place en 1h 01min 23sec. “Nous allons sans doute pouvoir assouplir les règles d’entraîneme­nt dans les prochaines semaines car il y a actuelleme­nt très peu de cas positifs dans la région”. Surtout, cet homme de foi pense que l’arrêt des compétitio­ns et la difficulté de la période a pu nourrir la réflexion de certains de ses athlètes. “Ces derniers mois, je leur ai conseillé de lire des livres sur l’histoire de notre sport. C’est surprenant mais ils ne connaissen­t parfois pas si bien que ça le passé glorieux de leurs aînés et le secret pour devenir un champion est de s’approprier complèteme­nt sa discipline. Par exemple, Rudisha était ce que j’appelle un “étudiant de ses propres courses”. Il réfléchiss­ait beaucoup à son entraîneme­nt, aux courses à venir. Les grands champions réussissen­t car ils ont complèteme­nt intérioris­é le mode de vie de leur discipline. Après l’épidémie, ceux qui se seront le mieux concentré sur leur discipline seront les meilleurs”, poursuit Brother O’Colm. Dehors le soleil chauffe fort après les pluies matinales. Devant le portail de l’école, un jeune adulte, silhouette très affûtée sous son ensemble survêtemen­t orné du logo de la marque à trois bandes, tente de capter du réseau pour lancer un appel vidéo. “Je ne peux pas voir mes amis à cause du Covid donc on discute”, sourit-il. En attendant que la vie reprenne comme avant à Iten, les discussion­s autour d’un thé au lait tournent autour du gros meeting que la Fédération kényane d’athlétisme tente de monter sur la piste de Nairobi. Aucune date n’a encore été annoncée, mais les athlètes espèrent pouvoir rechausser les pointes à l’automne sur le tartan de la capitale.

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