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« PAR ENDROITS, ON ÉTAIT UN PEU EN MODE SURVIE… »

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dix ans, j’étais plus une fêtarde qu’une sportive », confie la Mancelle de naissance. Si maintenant, elle n’est plus la dernière à partir, elle démarre au quart de tour dès qu’un projet la fascine. Si vite qu’après « Martine EtlaligneB­leue » - comprenez, le marathon, l’héroïne 2.0 du duo Delahaye/Marlier a recherché le « Dplus », comprenez le dénivelé positif. « L’an passé, j’ai testé la montagne en faisant l’OCC (Orsières – Chamonix, 55 km, +3 500 m). J’ai fait plein de rencontres et maintenant, je fais mon petit chemin… »

« Je me suis dit : un trail à l’ancienne, c’est top ! »

Ce chemin l’a ramené sur les sentiers qui font le tour du plus haut sommet français, fin août. Engagée dans l’UTMB Virtual, c’est dans la réalité qu’elle a terminé première féminine de la Mandala du Mont-Blanc (158 km, + 9 880 m) en 38 h 25’58. Une performanc­e qui a lui permis de se classer sixième femme (34e au général) sur l’ensemble des courses ou des défis organisés à travers le monde dans le format UTMB Virtual 100. « J’avais envie de faire ce tour du Mont-Blanc et lorsque j’ai vu cette course, en petit comité et organisé par une bande de potes, je me suis dit : un trail à l’ancienne, c’est top ! »

En compagnie de Lucas, Hélène a donc fait sa révolution autour du Mont-Blanc avec une assistance réduite à deux ravitaille­ments : Courmayeur (km 67) et Champex (km 110). « Ce n’était pas l’usine, comme j’ai pu connaitre sur d’autres courses, commente la régulatric­e médicale chez SOS Médecins. J’ai aimé cette liberté d’aller d’un point à un autre sans contrainte et sans les embouteill­ages. Comme le parcours n’était pas balisé, on s’est un peu perdu, Par endroits, on était un peu en mode survie. Mais c’est dans des moments comme cela que l’on apprend à se connaitre. Tu découvres aussi les gens brut de pomme. Tu ne peux pas tricher. Ni avec toi-même, ni avec les autres. Comme je suis perfection­niste, je suis très sélective dans mes relations avec les gens. »

« J’aime aller jusqu’aux sources lorsque je fais quelque chose… »

Dans une organisati­on cadrée et « hyper rigide » dans sa vie de tous les jours, Hélène a trouvé dans la pratique du trail-running, un espace de liberté. « Avec ma fille, être libre est ce qui m’importe le plus. J’ai besoin de cette liberté pour m’épanouir. C’est pour cela que je m’entraîne au feeling. A chaque sortie, parfois jusqu’à 30 bornes, c’est une balade à la sensation. Ma vie est « bio » et j’aime aller jusqu’aux sources lorsque je fais quelque chose. C’est pour cela que j’ai aimé l’esprit de la Mandala. Pour moi, cette course est aussi synonyme d’un nouveau départ, tout en souriant au passé… Dans ce périple, j’ai réalisé un défi, en allant aux racines du trail… »

Un jeu de rôle et une carapace

Le chemin « picmenté » d’Hélène, avant d’être une ligne bleue de Martine, fut un parcours tourmenté dans cette dualité. Fallait-il, pour autant, se cacher derrière ce prénom éponyme d’une série de livres pour enfants ? « Je déteste parler de moi, confie la jeune maman. Ou alors, avec une pointe d’ironie. D’ailleurs, lorsque j’ai débuté sur les réseaux sociaux, c’était : « Martine va à la plage. » Créer ce petit personnage, c’était ensuite beaucoup plus facile raconter les choses

que je faisais, sous la forme de petites nouvelles. Martine, c’est l’excessive, la « grande bouche ». Alors qu’Hélène est une personne calme, posée, enfin, qui je suis. Je donne une image à Martine qui n’est pas moi. En fait, c’est autant un jeu de rôle qu’une carapace. Si les gens connaissen­t ma vie sportive, je n’ai pas envie qu’ils entrent dans ma vie privée. Ainsi, lorsque je m’ouvre à quelqu’un, il doit apprendre à me connaître. »

Une phrase dans le brouhaha

Connaître la vie d’Hélène, c’est aussi s’interroger sur ses blessures. Homme ou femme, il n’y a pas d’âge pour les stigmates, figés en fêlures, oeuvrés en gravures. Sous le cuir de la peau, respire l’âme abimée, par les souffrance­s, les souvenirs. Heureuseme­nt, il reste le devenir. Au nom du mortel, dans le prénom du vivant. Et là, il n’est plus question de Martine à la montagne, de Pauline à la plage ou d’un autre patronyme pour se colorier la face. Loin du brouhaha de la terrasse du café Le Chamonix, des regrets de Rémi, du présent de Louis, du demain de Théo… Bref, sans les garçons, Hélène est elle-même. Pourtant, nous ne sommes reliés qu’à un fil… Au même titre que le temps semble glisser sur sa peau, sa voix est d’aujourd’hui, au moment de lui rappeler ce qu’elle avait déjà esquissé devant l’église chamoniard­e : « Pour moi, cette course est aussi synonyme d’un nouveau départ, tout en souriant au passé… » Au-delà de cette phrase dans le brouhaha, c’est en 38h25’58 qu’Hélène aura dessiné son Mandala du Mont-Blanc, pendant que d’autres repeignaie­nt leur vie. Mais quelle vie ? D’aucuns ont lu qu’il y avait comme une absence entre son adolescenc­e et la naissance de sa fille. « En fait, je me dis tous les jours : j’ai la chance de pouvoir

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