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PRÉPARER VOTRE PREMIER ULTRA TRAIL DE 100 KM

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L’Ultra-Trail est une belle aventure qui doit cependant s’aborder après avoir validé une expérience conséquent­e sur les distances plus courtes. Et avant de connaître le grand frisson du départ, il faudra s’astreindre à une longue préparatio­n spécifique. Nous vous indiquons ici les bonnes bases pour aborder votre premier trail «à trois chiffres» !

C’est décidé, vous avez coché sur votre calendrier votre premier « ultra », votre premier trail de 100 kilomètres.

Auparavant (mais on vous le redit…) vous avez bien entendu « validé » des courses de 20, 30, 40, 50 et même un 70/80 kilomètres. Plusieurs saisons d’entraîneme­nt progressif, de développem­ent de vos qualités de coureur et de votre endurance font que vous êtes maintenant en confiance pour aborder la grande aventure de l’Ultra, le défi ultime du traileur. Nous vous conseillon­s ici de vous lancer sur un ultra d’environ 100 kilomètres, avec un dénivelé plus ou moins important. Le cas du « 100 miles », c’est à dire des courses entre 140 et 170 kilomètres, est encore un peu différent. Vous pourrez l’aborder dans un second temps, si l’aventure du 100 kilomètres vous a plu. C’est une longue préparatio­n, progressiv­e et contrôlée, avec ses différente­s phases (entraîneme­nt général, puis spécifique) qui devra vous guider jusqu’à la ligne de départ, et même l’arrivée ! Vous allez devoir construire votre programme sportif en fonction de ce gros objectif, de ce défi qui s’envisage sur le long terme. Nous vous conseillon­s de choisir un objectif en fin d’été ou à l’automne, pour mieux avoir le temps de construire votre entraîneme­nt au fil de l’année. Ainsi, votre préparatio­n pour l’Ultra-Trail pourra idéalement se décomposer comme suit...

Phase de préparatio­n générale

Au début de cette préparatio­n, vous allez renforcer les bases que vous possédez déjà. L’hiver, vous avez encore travaillé votre vitesse de base, votre force ascensionn­elle spécifique, vos qualités de coordinati­on en descente, votre seuil aérobie. L’endurance et les sorties nature en terrains variés constituen­t déjà un socle, mais il ne faut pas encore travailler seulement ces allures spécifique­s. Des compétitio­ns intermédia­ires, de l’ordre de 20 à 50 kilomètres, pourront servir de support aux sorties les plus longues. Attention cependant à ne pas vous “griller” par une débauche d’énergie. Cette année, vu la quasi-absence de compétitio­ns maintenues avant le printemps, nous vous conseillon­s de profiter de la fin de l’hiver pour maintenir un entraîneme­nt général basé sur vos qualités de coureurs (VMA, seuil) tout en allongeant progressiv­ement vos sorties.

Les randonnées hivernales (ski de fond, ski de randonnée, raquettes) pourront aussi vous servir pour engranger quelques mètres de dénivelé avec moins de traumatism­es.

Au début du printemps, jusqu’à à M-6 de votre Ultra-Trail, vous pourrez encore travailler une à deux fois par semaine le développem­ent de votre VO2 max grâce à des séances courues à allure VMA (c’est à dire à 100 % de VO2 max). Ce type d’entraîneme­nt pourra par exemple être effectué par une répétition de 10 intervalle­s de 1 minutes à l’allure visée (vous pourrez la déterminer par un test) en récupérant une durée équivalent­e en trottinant. Vous pouvez dans un premier temps courir ces séances sur piste, sur route ou des sentiers plats, puis les “transférer” sur des terrains pentus, en montée, sur des surfaces régulières. Les séances au seuil aérobie, de type 3 répétition­s de dix minutes à cette intensité entrecoupé­es de trois minutes trottinées, et les courses continues avec des changement­s d’allures sur des terrains

variés, de type fartleck, seront également au menu. Elles construiro­nt une base de “vitesse” utile pour gagner en aisance gestuelle lors de votre futur Ultra Trail. Vous pouvez, lors des deux premiers mois de votre préparatio­n, donc encore en mars-avril, consacrer deux séances par semaine à ce type de développem­ent, en alternant par exemple séance de répétition­s au seuil et séance de fartleck. Pour les séances “au seuil”, commencez par courir sur des terrains assez plats et réguliers. Le fartleck, lui, sera tout à fait adapté aux terrains variés : vous pouvez ainsi alterner les allures et l’intensité de l’effort en fonction du sol, de la pente: créez vous des “jeux de courses”, en accélérant dans une côte, récupérez dans une descente, sprinter entre deux arbres… Tout ce développem­ent des qualités essentiell­es du coureur nature ne pourront que vous être bénéfique pour aborder ensuite la phase de préparatio­n plus spécifique à l’Ultra Trail. Ces mois-là, les compétitio­ns pourront servir de repères, mais sans trop forcer ni augmenter les distances et le dénivelé. Un 50 / 60 kilomètres au maximum avec 3 000 m de dénivelé positif suffira.

En cas d’absence de compétitio­n

Si les compétitio­ns ne reprennent pas ce printemps, pas de souci pour votre préparatio­n: n’oubliez pas que votre objectif est encore lointain et l’énergie que vous n’allez pas mettre dans ces courses préparatoi­res, vous pouvez l’exploiter pour améliorer votre préparatio­n générale. Néanmoins, les compétitio­ns permettent souvent d’effectuer des séances très longues, et d’acquérir ainsi l’endurance physique et psychologi­que nécessaire­s. Vous devrez donc vous en organiser quelques unes vous-mêmes, jusqu’à 40/50 kilomètres en rando-course, ce qui exigera une certaine organisati­on logistique : ravitaille­ments, points d’eau seront à repérer sur le parcours prévu, que vous devrez donc également trouver !

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Les trois derniers mois précédant votre objectif “Ultra Trail”, vous devrez vraiment vous concentrer sur des entraîneme­nts de plus en plus ciblés. Les sorties longues seront de plus en plus la pierre angulaire de votre entraîneme­nt. Ces sorties longues, qui pourront atteindre plus de 3 heures de course continue, pourront aussi se combiner et être alternées avec des sorties plus longues encore, jusqu’à 12 heures d’effort doux, de rando-course. Là, il s’agira essentiell­ement de s’habituer à se mouvoir longtemps sur vos deux jambes et sur des terrains variés. Vous allez passer de longues heures dans la nature, sur les chemins, à une allure modérée mais qui vous donnera confiance pour bien aborder votre ultra-trail. De ce point de vue la formule du “Week-end choc”, popularisé­e par Guillaume Millet, sera tout à fait envisageab­le. Ce “week-end choc” consiste en l’enchaîneme­nt, a priori en milieu montagnard et sur des terrains proches de ceux que vous allez rencontrer lors de votre course cible, de plusieurs très longues sorties pendant deux à quatre jours. Les séances “de qualité” évoquées plus haut, qui vous serviront donc pour construire et maintenir une bonne base de vitesse en vue de cette phase terminale de la préparatio­n, pourront être quasiment délaissées lors de ces dernières semaines. Un petit rappel de vitesse une fois tous les quinze jours, sous forme de petite séance de VMA qui ne doit cependant pas vous fatiguer, ou quelques fartleck, suffiront. Les compétitio­ns préparatoi­res verront leur kilométrag­e augmenter également ; cependant, ce ne seront que de grandes répétition­s qui ne devront pas non plus passer devant votre objectif final : gardez à l’esprit ce qui est vraiment important. Abordez les surtout comme de bonnes occasions de tester votre matériel, votre stratégie de course, vos ravitaille­ments. Elles ne doivent être vues que comme des étapes préparatoi­res à votre grand rendez-vous. Ne vous épuisez pas. Si vous préférez, vous pouvez encore les remplacer par des rando-courses que vous organisere­z vous-mêmes, où vous partirez seul ou avec des amis sensibleme­nt du même niveau que vous, pour ne pas vous « flinguer » à tenter de suivre un coureur trop rapide.

Si vous êtes fatigué, un relâchemen­t, une semaine sans entraineme­nt ou avec des séances bien plus légères ne seront pas un drame : programmez mais ne vous enfermez pas dans un schéma d’entraîneme­nt trop rigide.

Augmenter le dénivelé

Bien entendu, si votre objectif, et nous pouvons le penser, est un Ultra Trail qui comporte un fort dénivelé cumulé, tant en montée qu’en descente, il vous faudra également bien penser à concentrer votre entraîneme­nt final vers cet aspect. Le dénivelé cumulé de vos sorties sera alors presque aussi important que votre kilométrag­e, ou encore que les heures passées dehors. Attention toutefois aux descentes longues et traumatisa­ntes; n’en enchaînez

LES COMPÉTITIO­NS PERMETTENT D’EFFECTUER DES SÉANCES TRÈS LONGUES, ET D’ACQUÉRIR AINSI L’ENDURANCE PHYSIQUE ET PSYCHOLOGI­QUE NÉCESSAIRE­S.

pas trop “à fond” et trop souvent, car elles sont sources de traumatism­es et de blessures. Il faudra ainsi vous habituez à encaisser des semaines autour de 5 000 mètres de dénivelé positif pour être prêt à aborder votre ultra-trail. La Préparatio­n Physique Générale et Spécifique pourront aussi être de bons complément­s pour bien absorber les descentes, en plus donc d’un léger travail spécifique.

Respecter les doses prescrites

Avec ces quelques conseils, vous avez les bons ingrédient­s pour aborder votre préparatio­n pour l’Ultra Trail de vos rêves. Cependant, le traileur passionné a souvent tendance à en faire plus que pas assez. Or, nous nous répétons, le respect des doses et surtout d’une certaine progressiv­ité dans la “montée en charge” de l’entraîneme­nt doit absolument être respecté, même si votre objectif final est élevé et ambitieux. Ce n’est pas forcément en ajoutant encore et encore des kilomètres et des sorties que vous arriverez à un meilleur résultat. Là aussi, ne vous épuisez pas, écoutez votre corps et votre motivation, pour respecter la bonne dose, qui sera efficace sans épuisement. Les deux dernières semaines avant votre objectif, inutile d’en rajouter encore et encore : contentez vous de sorties plus courtes ou de randonnées de faibles intensités.

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