ET MAINTENANT, ON FAIT QUOI ?
Avec deux magnifiques médailles pour Charline Picon (or) et Pierre Le Coq (bronze), les Français ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu au pied du Corcovado cet été durant les Jeux olympiques. Globalement, pour le windsurf, ces JO ont d’ailleurs été bien réussis, les courses ont été belles, majoritairement au planing et ponctuées de suspens (en tout cas pour les filles et nos Français). Les courses de RS:X, toujours pas super lisibles pour un néophyte à cause du format de course, se sont tout de même montrées assez visuelles grâce à du matos coloré et un peu de planing. Mais après Rio, l’heure est désormais au grand remueméninges au sein de World Sailing (anciennement ISAF, N.D.L.R.), la fédération internationale de voile. Le CIO lui demande plus de spectacle et de modernité sur les épreuves de voile et il va donc lui falloir trancher en faisant évoluer les supports et formats de course retenus pour les prochaines olympiades. Historiquement, l’ISAF s’est toujours montrée conservatrice dans ses choix pour les Jeux, au prix de certains non-sens telles l’exclusion du catamaran à Londres ou l’éviction évitée de très peu du windsurf à Rio. Actuellement, la voile vit néanmoins une vraie révolution avec l’arrivée des foils qui amènent de la modernité et du spectacle. Le défi qui se présente pour Word Sailing sera de prendre en compte cette évolution de la voile avec ces nouveaux supports, voire de nouveaux formats de course, sans renier sa culture conservatrice aussi garante de l’accessibilité aux épreuves d’un grand nombre de nations. La parité hommes/femmes compte aussi dans les consignes du CIO, sans pour autant autoriser l’augmentation du nombre de titres décernés (10). Rappelez-vous, à ce petit jeu des chaises musicales après Londres 2012, World Sailing avait brandi le kite comme fer de lance de la modernisation de son programme olympique, tel l’arbre qui cache la forêt, et cela avait bien failli coûter sa place au windsurf, sans rien changer d’autre. Heureusement, face à la mobilisation générale contre ce non-sens de supprimer le support le plus moderne du programme olympique de la voile pour le remplacer par un autre (et alors que les deux mériteraient clairement leur place en parallèle), World Sailing avait finalement été forcé de revoir sa copie. Cette fois, l’arrivée du kite semble imminente et des foils devraient aussi pousser sur certains supports existants dans le but de les moderniser (catamaran Nacra17). Personnellement, je ne peux m’empêcher de penser que, dans l’optique de produire plus de spectacle, World Sailing devrait revoir encore plus profondément son programme et intégrer des formats de courses plus variés en incluant du large, du slalom downwind ou même, pourquoi pas, de la vitesse ou du freestyle ou encore un titre combiné de plusieurs pratiques. La voile dans le monde, ce n’est pas que du trapèze olympique. Néanmoins, certaines de ces idées frôlent le choc culturel pour nos officiels. Bref, face à cette situation et forts du succès de 2016, la classe RS:X et NeilPryde ne veulent pas se faire avoir deux fois et préparent activement l’après Rio en communiquant avant la décision de World Sailing, pour la préparer. Chez NeilPryde, deux nouveaux concepts ont ainsi été développés pour succéder à l’actuel support windsurf des JO et en cadrant ce qui peut être acceptable pour nos officiels. La première solution est assez conservatrice : une RS:X classique légèrement améliorée. La seconde est beaucoup plus intéressante… Il s’agit d’une RS:Convertible comprenant une planche de slalom, un foil et une 7,8 m2 afin d’alterner entre windfoil dans le vent léger/medium et slalom pur dans le vent fort. De nouveaux formats de course plus lisibles et spectaculaires (dont le slalom) sont également induits. Franchement, outre l’éternel débat sur la monotypie, quelle image positive et quelle revanche ce serait pour le windsurf de voler aux JO 2020 après avoir frôlé l’exclusion de 2016 ! Le futur proche nous dira ce que World Sailing décidera, mais pour le coup, l’opportunité lui est offerte sur un plateau de prendre une décision d’avenir. Reste qu’avec eux, il faut savoir s’attendre à tout.