G 44, UN SACRÉ NUMÉRO !
Les statisticiens à Gran Canaria en juillet ont eu du chiffre à décortiquer sur la PWA de vagues : en partant du plus petit, 0,9, la taille des vagues, à 10 au surf, puis 20 en sauts, voici la radiographie chiffrée d’une édition folle. Une de plus. Et c’e
Comme d’hab’, le spot de Pozo a su accueillir les waverideurs de la PWA avec un vent à décorner un boeuf cet été : en 3.4, 3.0 parfois, l’idéal pour se satelliser. Sauf que pour bien monter, un minimum de rampe est requis, et sur l’édition 2017, il faut dire que les vagues ont été aux abonnés absents. C’est chaque année la même chose, disent certains. « C’est Pozo ! » Mais cette année, les vagues étaient si petites et si éparses que souvent invisibles. Il fallait être un visionnaire expert du spot pour comprendre son fonctionnement et savoir où anticiper la sortie d’une vague de nulle part. Il fallait deviner qu’une minuscule ondulation communément appelée clapot allait devenir un embryon de pente pour y placer sa carène au surf. Un commentaire pris à la volée entre Duncan Coombs, le chef juge, et Ben Wood, lifeguard à Namotu, maître
waverideur, illustre les conditions : « J’enchaine les aller-retour à vide à la recherche de quelque chose à surfer. J’ai l’impression de passer la tondeuse dans le jardin ! Pendant ce temps, Victor Fernandez tourbillonne autour de moi dans tout les sens. Comment font-ils ? Ce que ces garslà sont capables de faire dans ces conditions est hallucinant ! » Oui, les pros ont un niveau hors norme, en d’autres temps, un slalom aurait été lancé à Pozo…
MAUX COMPTENT TRIPLE
Avec un vent si violent et des manoeuvres périlleuses, de belles gamelles ont ravi le parterre de spectateurs. Les lâchers de voiles et les boites sont monnaie courante, mais vu la virulence du vent, la maitrise des airs des waverideurs pros reste fascinante. Leon Jamaer est devenu un expert en
sauts, et depuis son apparition dans la Storm Chase, l’Allemand se délecte du vent fort et des prises de risques. Dans sa manche contre Browne, Éole s’énerve encore plus et pousse une colère en plein heat : Leon et Marcillio ne peuvent plus border, et même s’ils posent un minimum de moves, c’est mission survie. À la rue dans une tentative de double rotation, Jamaer ne peut qu’activer le bouton d’éjection. Matos perdu, Leon effectuera une triple pirouette à dix mètres de haut avant de prendre une bonne baffe à l’impact sur l’eau. Ce sera la plus belle gamelle du contest. Malgré une belle collection de boites, les petites vagues de Pozo ne se sont pas montrées trop agressives envers le matos. Une seule casse est à déplorer, un mât, en réception de saut.
CONTRÔLE F3
Malgré les petits kickers, le plan de vol des meilleurs ne semble pas être modifié outre mesure. Si les premiers tours sont égayés des classiques Back et Push loops de hauteur médiane, le top 16 monte d’un cran. Et que dire du top 5, parmi lesquels figurent quatre monstres du jump, Browne, Fernandez, Campello et Köster ? À ce niveau, à cette altitude, il faut impérativement voir double : ce ne sont que double forwards et push forwards. Un intrus vient se greffer dans le peloton des échappés, même s’il se lâche avec ses armes dans les airs, c’est surtout par ses surfs et sa constance que Thomas Traversa se faufile dans l’élite à Gran Canaria. Thomas déjoue les plans de Campello en finale, perdant pour s’adjuger la 3e place. Une position dont l’Aubagnais se satisfait largement. Campello 4e est vert.
DE 9.5 À 1
Jaeger Stone est le spécialiste du waveriding, celui que tout le monde admire et envie par la fluidité et la précision de ses carves, et le relâchement de son tail. Stone s’est montré bien convaincant en sauts à l’entrainement, et c’est curieusement ce qui lui permet d’éliminer Loïck Lesauvage. Paradoxe : Loïck réalise un meilleur score en surf que la référence australienne. Et s’il perd prématurément dans la double élimination, l’espoir français entre cependant dans la cour des grands en scorant un 9,5 en double loop, faisant du jeune Varois le meilleur jumper tricolore à Pozo en 2017. Manque de bol, c’est un autre chiffre qui marquera la compétition de Loïck, le 1. Lesauvage est l’unique compétiteur à s’être blessé durant une semaine de cascades à se rompre le cou à chaque instant. Le pire de tout, Loïck s’est fracturé le pied dans les infâmes galets de Pozo, simplement en changeant de matériel !
IT’S A TEN !
Grosse surprise, Antoine Martin monte sur la plus haute marche du podium du waveriding avec le premier 10 du contest ! Antoine partage cette première place avec Victor Fernandez dans un style bien différent : si le score de l’Espagnol est le fruit d’un long travail de la vague et d’un carving bien placé et toujours stylé, le Guadeloupéen a construit sa note d’un seul gros move sur une bonne section, un klei (360 enchainé d’une rotation opposée type taka). L’analyse du classement des meilleurs surfs montre une population assez hétéroclite, mais Fernandez et le jeune local Mauch apparaissent tous deux à deux reprises dans ce top 10. Du bon surf, du bon saut, Fernandez est complet, propre et appliqué, c’est ce qui le conduira jusqu’en finale.
À DÉGUSTER COMME UN BON VINGT
Avec son talent multiple, Philip Köster n’est pas seulement le maître du double forward. Tout ce qui va haut et tourne est à sa portée avec une maitrise des airs renversante. Philip emmagasine quatre des dix meilleurs scores tous jumps confondus, alors que son opposant en finale, Victor Fernandez, n’entre que de justesse à la 9e place de ce classement. Évidemment, les membres du Big Four (Köster, Campello, Browne, Fernandez) sont omniprésents dans ce secteur. Un autre rideur-machine à jumps fracasse tout, Campello. Chaque run du Vénézuélien est un régal pour les yeux. Tout peut arriver, et souvent cela ressemble à une expérience de Jackass, ça passe, ça pique ou ça casse. Ricardo est capable de se lancer dans un forward à un pied une main, au harnais donc, à 8-9
mètres, imaginez le risque ! Si forts, Campello et Köster s’offrent le luxe de bloquer les compteurs des sauts avec un 20 sur 20 chacun : un push forward à 10 et un double forward à 10. Du jamais vu.
SEPT
Sorti « tôt », Marcilio Browne est à nouveau le plus radical à l’entrainement, et en dessous en contest. BRA 105 tombe en 1/8ème de finale dans la simple élimination contre son pote Campello. La double est synonyme de remontada pour Brawzinho, mais celle-ci est stoppée par le manque
de vagues après cinq heats de reconquête. BRA 105 s’arrête à nouveau au pied du mur Campello, son bourreau du premier round, cette fois pour raison technique. Malgré la bonne volonté (ou le désespoir) des deux latinos de concourir sans vagues, le contest s’arrête à leurs pieds. Sur l’ensemble de la compétition, Browne se montre le plus régulier en double Forwards avec 4 des 10 meilleures réalisations. Il vole la vedette sur ce critère à Philip Köster qui, pourtant, semble inégalable dans l’exercice. Le Canarien ne score que deux 10 sur ce saut. NB : En remportant la finale de la simple élimination, G 44 attendait sagement dans son fauteuil de leader la remontée de ses opposants. Köster n’a disputé que 5 heats. Browne et Mauch en étant sortis prématurément dans la simple élimination sont les compétiteurs ayant le plus navigué : 7 heats à leur compteur.
80 %
Dans le domaine du push forward, les statistiques sont ultra dominées par Köster et Campello. Les deux monstres du saut se partagent les 8 meilleurs scores dans cette manoeuvre si spéciale incluant deux rotations opposées. Ils ne sont qu’une poignée de rideurs à tenter la périlleuse cascade : en addition de Köster et Campello, Browne, Swift et Jamaer rejoignent la liste des intrépides. Il faut dire qu’il faut des conditions bien spécifiques de vent fort et de rampe, et surtout de grosses cojones ! La preuve, seuls 8 push forward ont été décemment posés malgré de multiples tentatives suicidaires. Köster, 10 mois après une ligamentoplastie du genou, n’est qu’à 80 % de son potentiel musculaire et avec un greffon toujours en phase d’assimilation. « Cette année, j’y
vais doucement, je n’ai pas encore pleinement récupéré », annonce Philip aux inscriptions. Heureusement pour la concurrence ! Köster fait l’unanimité, et il se dit même que G 44 montre une telle maitrise et décontraction, qu’il se retrouve sousnoté. Köster gagne à Pozo pour la 5e fois.
TWINS
Chez les demoiselles, le contest est en sens unique. Daida Ruano Moreno possède une telle avance en sauts que le combat est – quasi — gagné d’avance. Daida squatte les 5 premières places des stats de jumps, avec du late forward, du table forward bien tweaké, et du backloop à une main ! La finale féminine de Pozo est à nouveau un Classico Moreno-Moreno, Daida-Iballa, au profit de Daida. La multiple championne du monde de freestyle Sarah Quita Offringa maitrise elle aussi les sauts, mais un détail la pénalise : la Caribéenne choisit l’option go big or go home et tente des manoeuvres trop extrêmes au regard des pauvres conditions. En poussant trop ses push tweak, SQO manque ses réceptions. Offringa laisse ainsi toute la place à Sniady et Erpenstein pour la devancer.