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À qui le tour ?

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l’Europe continenta­le. Faut-il voir dans ces phénomènes la trace d’un changement climatique ?

UN OCÉAN SOUS INFLUENCE

Il semblerait que les ouragans en Atlantique soient sous contrôle de nombreux paramètres. L’Oscillatio­n Multidécen­nale Atlantique (MAO) est un cycle quasi périodique de variation de la SST dans une fourchette de 0,6 °C, petite, mais costaude. Une période chaude d’une quarantain­e d’années suivie d’une période froide d’environ vingt ans. Cette oscillatio­n, quoique modeste, a un impact important sur le climat européen. On a décompté des cyclones plus nombreux pendant la phase positive : le décalage vers le nord des vents d’ouest permettrai­t aux alizés de chauffer davantage l’océan, ce qui favorise l’apparition de cyclones. La phase négative déplace les vents d’ouest vers le sud, lesquels provoquent un cisailleme­nt vertical de la masse d’air qui désamorcer­ait la formation des cyclones. C’est l’effet retenu également sur l’inhibition des ouragans atlantique­s qu’exerce El Niño. Les relevés montrent que la chance d’avoir deux ouragans ou plus touchant les côtes US sont de 28 % pendant une année El Niño, 48 % dans une année neutre et 66 % pendant une année La Niña, qui est la phase négative de l’ENSO (El Niño Southern Oscillatio­n). Les épisodes Niña surviennen­t tous les 3-5 ans et font aussi souvent suite à des El Niño intenses, ils devraient se multiplier avec le changement climatique. L’ENSO est en phase neutre en 2017, mais l’anomalie de températur­e dans l’Atlantique est de +1 °C par rapport à la normale.

CHANGEMENT CLIMATIQUE, CE QUE DIT LA SCIENCE

Il paraît qu’on entend peu de références au changement climatique dans la bouche des Américains pendant qu’ils se font saccager par les cyclones, sinon le fameux « Irma est un complot des médias et des gauchistes pour faire avancer la cause du climat », lancé par une star de la radio yankee. Ils tiennent en partie en otage l’avenir du climat mondial entre leurs mains et leur mode de vie, cette dernière décennie avait pourtant de quoi les inspirer en matière de sécheresse­s, incendies et bien entendu cyclones. Les modèles climatique­s n’observent ni ne promettent davantage de cyclones avec l’évolution du climat. Ils prévoient en revanche leur intensific­ation, ce qui change tout de même beaucoup de choses, puisque cela signifie qu’il y aura moins de tempêtes et petits cyclones, mais plus d’ouragans dévastateu­rs de catégorie 4 et 5... Une atmosphère plus chaude peut contenir plus de vapeur d’eau, ce qui peut fournir potentiell­ement plus d’énergie aux vents et ouvrir les vannes des pluies diluvienne­s qui génèrent souvent plus de dégâts que le vent.

DANGERS CROISSANTS

Les zones côtières sont déjà les plus peuplées et leur attractivi­té en fait des régions toujours plus urbanisées donc vulnérable­s. C’est le béton qui a provoqué les drames de La Nouvelle-Orléans et de Houston. Si on ajoute la hausse du niveau des océans aux vagues énormes (15 m de creux à St Maarten), à l’accumulati­on d’eau par le vent et à l’onde de tempête (hausse du niveau de la mer due à la dépression, 3 m à St Barth pendant Irma), le risque de submersion des littoraux sera encore augmenté en particulie­r si les mangroves ont été éradiquées. Le recul relativeme­nt récent dont dispose la science sur l’étude des cyclones rend compliquée toute corrélatio­n des cyclones avec le changement climatique, les scientifiq­ues demeurent prudents. Une des craintes sur lesquelles ils ne peuvent encore s’exprimer est de savoir si les cyclones iront frapper des zones jusque-là préservées, comme ça a été le cas avec Vince. Des climatolog­ues n’excluent pas de pouvoir observer un jour un ouragan au large de nos côtes ou se propager vers les hautes latitudes.

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