Wind Magazine

Match Test

3S vs 3S

- Texte : Francky Roguet Photos : Jean Souville

Sur le secteur des planches dites « freewave », la marque Tabou est depuis longtemps largement placée avec sa fameuse 3S. Planche tout terrain par excellence, la 3S plait pour son comporteme­nt passe-partout sur mer agitée, pour son contrôle et son confort. Chez la concurrenc­e, la tendance du programme freewave a fortement évolué vers un flotteur de vagues light wind/vagues molles. Tabou a choisi de rester sur le créneau 100 % 4 x 4, avec une dominance pour le bump & jump et le freeride vent fort. En 2017 cependant, la 3S est devenue compacte et sacrément nerveuse. Les plus traditiona­listes des planchiste­s ne se sont pas tous reconnus dans ce design. Pour remédier à cela, Tabou revient en arrière en reprenant le shape approuvé de ses heures de gloire en y ajoutant quelques mises à jour.

SHAPES

La 3 S avait subi en 2017 un sérieux lifting en adoptant un nez tronqué et carré, et un arrière large avec un aileron et des footstraps reculés. Son scoop avait été retendu et son tail affublé de cut outs sur deux étages. C’est ce qui lui donne son côté compact. Pour 2018, la dernière évolution de la 3S, la Classic, se base sur la version 2016. Elle reprend quelques 12 cm de longueur supplément­aires, revêt à nouveau un nose pointu traditionn­el, et s’habille d’un arrière élargi. Avec ses cotes revues, la Classic adopte une ligne de scoop adoucie. Les deux modèles voient l’apparition d’un nouveau pads moins épais, plus direct. Un aileron moulé Tabou équipe la Classic alors qu’un aileron G10 signé MFC accompagne la 3S au design compact.

PRISE EN MAIN ET DÉPART AU PLANING

C’est en 5.4 et en 5.0 dans une vingtaine de noeuds qu’ont été effectués nos tests, avec d’abord une mer clapoteuse, puis des vagues onshore de un mètre. La première

impression sur la nouvelle Classic réconforte le freerideur que la compacte avait pu déstabilis­er. En revenant sur une longueur de 236 cm et avec un nez « normal », monsieur tout le monde est de suite plus à l’aise. Il se sent à la maison avec sous les yeux du volume au-delà du pied de mât. La version compacte plaira plus à un planchiste « new school », prêt aux changement­s, et avec un bagage technique plus avancé pour gérer ses petits 224 cm. La Classic, par sa longueur de plat étendue sous sa carène, vous amène vers une glisse plus naturelle. Le départ au planing passif, en se laissant faire, est plus inné que sur la compacte. C’est avec une technique moindre et des efforts réduits que la Classic vous permet de chausser les footstraps avec une mise en route progressiv­e. La différence, bien que présente, n’est pas tonitruant­e, un planchiste dynamique se satisfera d’un coup de pumping sur la compacte pour être actif quasiment au même moment avec une accession à la glisse directe.

CONTRÔLE ET PERFORMANC­ES

Ici, les comporteme­nts diffèrent de manière plus marquée. La Classic est sobre en offrant une conduite rassurante et douce. Sa soeur compacte montre plus de caractère et de nervosité. Visuelleme­nt, la longueur de nose de la nouvelle édition passe le clapot sans pouffer de rire. La Compacte au nose court et anguleux donne une impression de shape tendu, mais se comporte de manière similaire sur plan d’eau haché. Pas de risque d’enfourneme­nt en vue, ce n’est qu’une impression, mais cela peut jouer sur le plan émotionnel de certains. En gestion d’assiette, la 3S courte se montre bien plus nerveuse. La compacte, en étant plus dynamique, se montre plus sportive. Niveau vitesse pure, difficile de séparer ces deux modèles, seule votre aisance à bord fera la différence. La 2017 présente de belles accélérati­ons bien sensibles sur ses cuts out et un travail de carène vivant, passant d’un rail à l’autre à vive allure. La 2018 est douce, vous mène vers une top speed identique, mais offre surtout un contrôle accru avec un pilotage maitrisé. Côté aileron, le modèle moulé de la Classic apporte une tolérance des appuis alors que le G 10 de la compacte est plus direct. D’autre part, l’aileron de la compacte mesure 30 cm (contre 28 cm pour la Classic), dans le but de combler le manque de soutien de son boitier plus reculé.

JIBE ET CONFORT

Curieuseme­nt, la 3S Classic se montre plus incisive au jibe. L’entrée du rail dans l’eau est nette et permet une belle conduite sportive si on le souhaite. En transition décontract­ée, la largeur sous le pied arrière offre une belle assise en courbe. En fin de jibe, cette même surface permet de boucler la manoeuvre avec une belle inertie de planing et offre la relance d’une planche de volume supérieur, sans s’enfoncer ni couler. La compacte plus courte est vivante d’un rail à l’autre et vire sans encombre, seule sa courte longueur peut perturber le jibe dans un clapot serré. L’écart entre les footstraps est le même, avec pour les deux flotteurs la possibilit­é de naviguer en réglage central pour la vague et le bump & jump, et excentré pour le freeride et la vitesse, mais les inserts de la compacte sont plus proches du tail. Question confort, toutes les 3S passent à un nouveau pads affiné. En s’amincissan­t de plusieurs bons millimètre­s, le contrôle gagne en précision alors que le confort offre tout ce qu’il faut pour l’amorti des pieds. Chez WIND, nous préférons, et c’est sans regret que nous abandonnon­s l’effet Charentais­e des versions passées.

SAUTS ET SURFS

L’effet compact de la 3S 2017 procure un net avantage du côté saut. Encombreme­nt réduit sous les pieds dans les airs et point de rotation recentré, le modèle court gagne des points pour son aisance en jump. Le même type de manoeuvres est possible avec la Classic, mais si vous êtes plutôt attiré par le saut et le bump & jump, la compacte s’adresse à vous. Et d’autant plus si vous engagez des rotations, la question ne se pose plus. Les nouveaux pads favorisent la précision de pilotage au surf, c’est un point positif qui se retrouve sur les deux soeurs. Bien que possédant 96 ou 97 litres, ces flotteurs passe-partout montrent une aptitude correcte au surf. Les doubles cut out en fin de carène qui apportent un gain de nervosité en ligne droite endossent le rôle de tail kick en waveriding. À nouveau, le shape court se démarque pour sa réactivité au surf, même sur son aileron de 30 cm. Attention cependant, les 3S restent des planches passe-partout, leurs aptitudes au waveriding sur leur aileron single est en retrait des designs purement typés surf et montés sur Thruster.

VERDICT

Les deux 3S sont très voisines, mais visent deux catégories de clientèles : Si vous tirez des bords au large et mettez l’accent sur le contrôle, la version Classic vous tend les bras. Sa douceur de conduite et sa simplicité de mise en route vous raviront. Son shape long tout en étant au goût du jour avec ses cut out et sa répartitio­n des volumes tolérante vous rassureron­t. La 3S Classic est une planche accessible pour planchiste conservate­ur. Si vous cherchez un 4 x 4 pour jouer en fonction des conditions, sauter dès qu’une rampe se présente, aller chercher les vagues pour placer un surf, et tirer la bourre avec un bon lot de sensations, la compacte est née pour vous. La 3S compacte est une planche pour funboardeu­r tonique et aventurier. Enfin, et pour rajouter une dose de troubles dans vos choix, Tabou sort la Da Bomb, un nouveau modèle de vagues pour conditions molles, qui peut être perçue comme une troisième freewave, cette foisci clairement trempée vagues pour les forts gabarits.

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