Du foil oui, mais pas sans vrai slalom
Quelle claque ! Et manifestement, je n’étais pas le seul à la recevoir en direct de Fuerteventura. Le spectacle a été vu et largement commenté sur les réseaux sociaux. La coupe du monde de slalom qui se déroulait sous nos yeux à quelques milliers de kilomètres de nous, était simplement sublime. De véritables batailles sportives ont éclaté à un rythme endiablé. Le suspens était total jusqu’à la dernière manche. Impossible de se décoller de l’écran. Le live streaming nous plongeait dans l’un des plus beaux slaloms jamais couru. Le trio Iachino, Mortefon Albeau a livré un véritable chef-d’oeuvre qu’il faut apprécier à sa juste valeur. Alors, merci les coureurs, merci Fuerteventura et surtout merci le slalom dans le baston. À l’heure où Wind Magazine se penche de plus en plus sur le foil, au moment où le milieu s’extasie de la possibilité de planer dans un vent plus proche de la pétole que jamais, ces jibes puissants balancés à toute vitesse autour des bouées malmenées nous rappellent les fondamentaux du windsurf. Des planches qui filent laissant un sillage bouillonnant, des courbes où le rail tranche l’eau balançant du spray de partout, des rides où l’on fait corps avec la mer et avec le vent ! Alors, bien sûr, le foil est un outil fantastique, évidemment c’est toujours mieux de glisser avec
peu de vent, ses performances sont incontestables, mais n’oublions pas l’essence de ce qui nous a faits. La PWA est à l’écoute des coureurs et des évolutions du marché, l’année prochaine, le foil sera présent dans deux disciplines : la race et le slalom quand le vent est trop léger. Si le foil permet de lancer de beaux slaloms dans des conditions où les rideurs n’auraient rien pu faire avant, c’est formidable. Ce qui serait regrettable, c’est que dans deux ans ou trois, le foil soit imposé. Le slalom reste de loin la discipline la plus populaire, celle où les pratiquants peuvent se retrouver. En slalom, en matos de vague ou en freeride, qui ne s’est pas tiré la bourre avec son voisin de spot? La formula windsurfing a donné il y a une vingtaine d’années l’exemple à ne pas reproduire. Cela paraissait être une bonne idée: simplifier le quiver des rideurs et permettre de courir dans du vent léger. Mais une grosse partie des pratiquants ne s’est jamais retrouvée dans cette discipline. Le slalom est revenu en 2005, simple, efficace et spectaculaire, faisons en sorte de ne pas le perdre une nouvelle fois. Si le windsurf s’enrichit de nouveaux supports, c’est génial, tant que ce n’est pas au détriment des disciplines les plus représentatives.
Jean Souville