Wind Magazine

Toujours plus haut, toujours plus dur

- Texte : Jean Souville / Photos : John Carter/PWA

Une épreuve, c’est bien ce qui attend les rideurs qui participen­t à Pozo. Comme d’habitude, le baston s’est montré intraitabl­e. Comme toujours, les coureurs ont tout donné pour marquer les esprits et les points. Nous nous sommes penchés sur les stratégies des uns et des autres des tops rideurs aux nouveaux compétiteu­rs pour comprendre comment ils abordaient cette épreuve autant adorée, que détestée mais cruciale dans le circuit de vagues PWA.

PRÊTS À TOUT

C’est le dernier jour du contest des pros, 8 rideurs sont encore en lice dans la double éliminatio­n, 4 femmes et 4 hommes, les meilleurs. Tous scrutent l’océan en préparant le matos. Dans quelques heures, seuls deux seront sacrés. Le vent fait trembler les portes et claquer les tentes, dehors il y a 40 noeuds, peut être plus. Duncan Comb le chef juge check une dernière fois le spot pour être sûr de lancer dans de bonnes conditions. C’est à ce moment que Philip Köster, le prodige germano-canarien vient à lui pour une requête. Il voudrait sur le jet-ski, une personne en plus du pilote, il s’explique : « Au début du contest, j’ai vu qu’il n’y avait qu’une personne sur le jet ski, en cas d’urgence, ce n’est pas assez pour sortir une personne de l’eau. Et il me semble important de savoir que l’on peut avoir une aide dans l’eau pour envoyer du gros. » À ce moment de la compétitio­n, Philip sait qu’il doit affronter les 3 meilleurs jumpeurs du monde, il sait que pour remonter et gagner cette épreuve, il va falloir se surpasser et que face à ses adversaire­s, il faut prendre des risques. Pourtant en matière de saut, Philip est un maître incontesté. Il a gagné des épreuves à grands coups de doubles et de push fronts insolents de contrôle. Avec cette simple demande, on comprend que certains partent à l’eau, avec dans un coin de la tête la possibilit­é d’un choc grave mais qu’ils sont prêts à tout pour gagner.

LA GESTION DU RISQUE

La possibilit­é de se faire mal a toujours fait partie de l’équation dans une épreuve aérienne où le vent ajoute une violence sournoise. Cependant, c’est bien la première fois qu’un rideur évoque la possibilit­é de perdre connaissan­ce. Philip Köster confirme: « J’étais très surpris de la progressio­n du niveau en jump cette année. Pour avancer, il fallait faire des late-doubles hauts et propres et des gros push-forwards. Cela devient vraiment plus dangereux. J’ai eu un ou deux heat durant lesquels j’ai failli tomber dans les pommes sur des réceptions violentes. Je ressens les chocs, mon corps accuse le coup, heureuseme­nt après un jour ou deux de repos, je vais mieux. Je n’ai jamais fait de boxe, mais je pense qu’après quelques mauvaises réceptions, tu te sens comme un boxeur qui a pris de gros coups. En compétitio­n j’aime bien prendre une impact veste, ça aide à diminuer les chocs et tu gardes les idées claires pour continuer à naviguer. » L’échelle de notation des juges est chaque année modifiée, Ce qui marquait des points il y a deux ans, vaut beaucoup moins en 2019. Avant un double posé sec comptait plus de 10 points, maintenant, il vaut au mieux 8 points. Pour scorer haut, il faut poser le push forward, ou le late double ou le table double, tout ça à des hauteurs inhumaines. Des manoeuvres qui se font à des hauteurs impensable­s et qui vont vite. Quand elles partent en cacahouète­s, un gros crash peut vous sécher instantané­ment. Si je devais personnell­ement me prendre la moitié des coups qu’encaisse Ricardo Campello à chaque heat, je finirais le contest en forme de puzzle.

Pas un rideur ne part à l’eau avec la certitude qu’il ne se blessera pas au cours de son heat. Pire comme il faut bien se préparer et apprendre à balancer de grosses manoeuvres, les accidents avant la compétitio­n sont de plus en plus nombreux. Jules Denel qui s’est lui-même blessé est catégoriqu­e : « On ne voit pas toutes les blessures. Il y a beaucoup de pets physiques et beaucoup de mecs font des passages chez l’ostéo. Tout le monde pousse dès le premier tour, même les jeunes bataillent fort. Avant un double en saut, un 360 ou un gros shaka en surf ça passait. Maintenant, rien qu’en surf sur une vague, tu dois envoyer plein de tricks, en jump, il faut aller pus haut donc tu as plus d’impacts. » Cette année, Thomas Traversa s’est cassé un orteil, Jules s’est fait une entorse au genou, Josep Pons est out sur blessure à l’entraîneme­nt… Le spot de Pozo est violent, ce ne sont pas les vagues qui sont dangereuse­s. Le problème c’est le vent et le niveau général. Quand on fonce vers une rampe, on aime bien avoir un brin de maîtrise sur son matos. Là, le spot est balayé par un alizé d’une telle puissance que seuls les locaux et quelques veinards sont à l’aise. Se surpasser, ça veut dire avancer vite sur un champ de mines pour espérer prendre de la hauteur avec les cuisses qui amortissen­t comme elles peuvent. Cela veut dire frapper un peak malgré la voile

qui vibre sous le coup des rafales. Les rideurs naviguent surtoilés pour avoir de la puissance dans les manoeuvres, de la relance en surf, de la vitesse en jump… Bref chaque manoeuvre est un combat. Aujourd’hui, les compétiteu­rs doivent se dépasser et ce n’est pas anodin.

BRAS DE FER ET MENTAL D’ACIER

Avant d’arriver aux finales, la route est longue et le niveau assez inégal. Malgré tout, pour passer ne serait-ce qu’un tour, il faut avoir un sacré bagage technique, du courage pour se lancer dans ce spot de furieux, et surtout un minimum de rigueur dans l’approche et le déroulemen­t de sa compétitio­n. Là chaque compétiteu­r est différent. Pour Jules Denel : « Je ne suis pas une machine qui vient s’entraîner un mois et demi avant la compète comme le fait Marcilio Browne. Pour être champion du monde, il faut faire ça aujourd’hui car il y a peu d’étapes. Mais mes partenaire­s n’attendent pas que je sois champion du monde, ils s’attendent à ce que je fasse au mieux en PWA et que je fasse des vidéos, des trips dans les magazines. Je viens en général une semaine avant pour me préparer. Quand je viens à Pozo, je me dis si je fais entre 5 et 10 c’est un top résultat. Le monde du windsurf est devenu plus pro, tout devient important : Il faut adapter son entraîneme­nt, son alimentati­on, y’a les méthodes de préparatio­ns, il faut avoir une super forme physique, j’ai même vu Ricardo Campello faire un footing ! ». Ne pensez pas qu’une épreuve de vague se fasse au feeling. Si c’est un peu le cas pour les jeunes rideurs, l’expérience donne à chacun une idée du déroulemen­t des choses. Le compétiteu­r sait que ce petit quart d’heure primordial file à toute vitesse. Le bon part à l’eau en sachant ce qui score le plus, combien de sauts il doit placer et combien de surfs. Une base pas toujours respectée justement par des compétiteu­rs dont le stress peut embrouille­r les idées. Il arrive que de très bons wave rideurs se fassent sortir plus par étourderie que par maladresse. On se souvient qu’il y a quelques années Marcilio Browne avait perdu un heat capital car il n’avait pas vu que les juges étaient passés de 2 à 3 sauts. Chaque rideur se doit donc de rester concentré sur les consignes de course. Aujourd’hui, les gaffes se font rares. Ce qui arrive encore trop souvent c’est qu’un planchiste, se

focalise sur un trick et passe son heat à chercher une rampe négligeant les surfs offrant ainsi la victoire sur un plateau à un adversaire de même niveau. Un heat se prépare souvent avant de mettre le pied dans le strap. L’analyse et le test du plan d’eau sont primordiau­x. Il faut savoir où se placer sur le spot pour avoir le plus de chance de trouver de bonnes vagues. Il est important de trouver quel matos est le plus adapté aussi, que tout soit prêt bien avant son heat avec des voiles de toutes les tailles au cas où le vent change ou en cas de casse. Des choses qui permettent de se sentir prêt et qui aident à baisser le stress.

GESTION DU STRESS

L’épreuve de Pozo est redoutable et redoutée par tous les rideurs. Elle n’aurait pas cet aspect de guillotine si le calendrier vague était bien garni, mais voilà en général si l’on arrive à 3 épreuves validées, c’est déjà pas mal. Quand on a trois étapes, si la première est ratée, l’année s’annonce compliquée. L’importance de chaque étape, les conditions difficiles pour la plupart des rideurs et une concurrenc­e féroce ajoutent du stress à la compétitio­n. Rien de pire que de se jeter à l’eau avec une tension négative. Elle coupe les bras et embrouille le cerveau. Dans tous les sports, les compétiteu­rs doivent apprendre à gérer leurs émotions. C’est un travail capital qui se fait à plusieurs niveaux. Certains écoutent de la musique ou s’isolent comme Victor Fernandez, d’autres ont besoin de compagnie et de rigolade pour évacuer la pression et d’autres font un bilan des faiblesses de l’adversaire et de leurs forces (l’inverse arrive mais c’est très déconseill­é). Jules Denel a sa méthode : « Depuis 3 ou 4 ans, j’ai une petite routine de performanc­e. Une heure avant le heat, j’ai une sorte de cérémonial mental. Je regarde les conditions de vent et de vagues, savoir si j’ai le bon matos, si les voiles sont prêtes… 15 minutes avant le heat je sais quelle voile je vais utiliser et laquelle me servira de rechange. » Comme le souligne Köster, il faut se tenir prêt : « J’essaie d’être à la plage tôt pour vérifier les conditions et de faire un test du matos pour prendre la bonne voile. En plus, cela permet de réveiller le corps pour une longue journée de vagues. » Mine de rien un bon accompagne­ment est important. En général les coureurs se regroupent par team ou par nationalit­é, les jeunes restent avec les jeunes. Naturellem­ent se forment des sortes de groupes d’entraide. Si le windsurf est un sport individual­iste, le manque de moyen a au moins ce côté agréable d’établir une certaine solidarité. Cela va du partage de la caisse et de la location en passant par les petits conseils techniques, tactiques, le soutien moral et bien sûr l’indispensa­ble caddy.

Lors d’une compète il y a deux sortes de rideurs. Ceux qui essaient de faire de leur mieux, ils gardent toute leur concentrat­ion sur leurs tricks et le plan d’eau et font abstractio­n de leurs concurrent­s directs ou à venir. D’autres sont plus vigilants sur ce que font leurs adversaire­s, ils analysent les heats. Pour ceux-là, un petit coup de main extérieur est toujours bienvenu. Le caddy se charge de repérer les faiblesses de l’un et de l’autre et donne les consignes pour surfer plus, faire un 360… En général avec le live streaming, maintenant les compères savent exactement dans quel registre leur protégé doit se renforcer. Reste à se mettre d’accord sur la gestuelle claire pour ne pas embrouille­r le rideur

LA TACTIQUE EN MER

À Pozo, la musique est à peu près la même pour tout le monde. Le vent est assez on shore et les sauts ont un fort

coefficien­t. Dès que le drapeau vert est levé, les rideurs foncent en haut du spot en espérant croiser un tremplin ou deux. Malgré le clapot assez inconforta­ble, ils essaient d’emmagasine­r de la vitesse en abattant comme des morts de faim sur la moindre parcelle de vague. Si tout se passe bien, ils claquent un double assez classique. Le top 10 le pose (souvent) et tente un second saut plus loin, devant la pointe rocailleus­e, les vagues sont souvent plus creuses et offrent de nombreux peaks. Les autres en général reviennent au bord et tente à nouveau un premier gros score en saut. Suivant ce qui se présente, on a droit à un gros backloop un pied, ou un late front. Quelques rideurs se permettent d’enchaîner avec un push forward. Le seul réellement capable de scorer avec deux gros jumps parfois trois sur un seul bord, c’est Philip Köster. Il a une telle maîtrise en saut, une telle aptitude à profiter du moindre recoin de vague qu’il peut sécher les autres en jump sur un seul bord. L’avantage de cette méthode, c’est Köster lui-même qui nous la livre : « En fait, j’ai toujours un plan approximat­if de ce qu’il faut faire sur l’eau en fonction du spot et de ce qui pourrait me donner les meilleurs scores. Par exemple, à Pozo, il est difficile de trouver de bonnes vagues pour surfer, donc je me concentre tout de suite sur les sauts afin de pouvoir attendre de bonnes vagues pendant la majeure partie du heat. »

LES 4 MONSTRES.

Depuis déjà pas mal d’années, ils sont 4 rideurs capables de gagner Pozo. Victor Fernandez, semble aujourd’hui un peu en retrait. Cependant, il est passé à un cheveu de la finale contre Ricardo Campello. Depuis deux ans il occupe une 4e place. Son surf lui permet de rester compétitif, mais s’il n’apprend pas le push-forward, d’autres le feront à sa place. Des rideurs comme Marc Paré, Marino Gil, ou encore Alessio Stillrich ont des marges de progressio­n affolantes. Reste les trois rois (Browne, Campello et Köster) qui ne font pas de cadeaux, eux. Ils savent tout faire quel que soit le vent. Late double, push front. En surfs ils envoient des goyters, des 360 et des loops comme on envoie les jibes. Ils sont un cran au-dessus des autres. Sont-ils pour autant imprenable­s? Quand un rideur les affronte, il part avec la peur de recevoir une fessée. Pourtant de temps en temps la machine se dérègle (c’est rare). Il suffit de quelques ratages, un double qui ne passe pas, des rampes trop molles et il arrive que le score s’écroule. Ce n’était pas le cas cette année. Les combats entre ces 4 ont été fantastiqu­es, les scores se sont envolés, difficile de dire ce qu’il fallait pour les départager. Question stratégie, ils misent sur de très hautes notes en saut. Köster est le plus habile en général dans ce jeu. Mais sur un heat, tout peut arriver. Souvent, c’est sur un ratage que tout se joue. En demi de la simple, contre Marcilio Browne, un peu à court de combat, Philip perd justement sur les jumps. Il a eu du mal à réaliser de bons sauts, ses premières tentatives de push-fronts et de doubles ne scorent pas. Il perd de longues minutes en accumulant les gros crashs avant d’avoir des notes acceptable­s. Marcilio a sorti un heat d’anthologie. Il score un 10 en push-front. Il a pu travailler ses surfs et planter un backloop reentry incroyable. Au final les sauts donnent la victoire au brésilien qui a su s’arracher au bon moment et profiter d’une faiblesse de Philip. Est-ce le stress, la fatigue? Dans la double Köster se reprend et sa stratégie fonctionne bien. Il ne fait que 4 jumps contre Fernandez et contre Marcilio ses trois premiers scorent lui suffisent, avec 27 points sur

30 possibles, il se concentre vite sur les surfs, il gagne de peu, mais il avance.

LA STRATÉGIE DE L’INNOVATION

Victor Fernandez possède une aisance et un niveau technique qui lui ont permis de jouer les premiers rôles de nombreuses années à Pozo. Double loop parfaiteme­nt maîtrisé, gestion de ses vagues impeccable­s. Il a toujours eu l’art de s’adapter au spot avec une grande clairvoyan­ce. S’il a tendance à ouvrir le heat comme les autres avec un double ou un gros jump, il n’hésite pas à changer ses plans en cours de heat. Il n’a pas son pareil pour dénicher de vraies vagues quand les autres bataillent sur d’improbable­s morceaux de clapot. Cela lui permet de faire des scores très hauts en surf alors que ces notes en sauts étaient à la baisse ces dernières années. Victor ne fait pas de push-forward. Pour lui, la vague c’est tout en maîtrise, il n’est pas le genre à prendre des risques inconsidér­és. Il a déjà essayé, soit il juge ça trop dangereux, soit il n’arrive pas à le maîtriser assez à son goût. Mais il n’est pas le seul, peu de rideurs ont ce saut de fou. Jules Denel a fait le calcul : « Je me suis essayé au push-forward, tu prends vraiment de grosses boîtes. Y’en a que 3 qui le maîtrisent bien. C’est une manoeuvre qui ne va servir qu’à Pozo. Alors au final s’entraîner, se faire mal, se blesser et perdre trois mois pour ça, ce n’est pas une priorité pour moi. Je préfère progresser sur d’autres sauts comme le late double, ou le back-loop un pied une main, j’ai d’autres qualités en saut. C’est vrai, ça me ferme la porte du top 4 quand il y a des conditions de vent fort. » Le niveau des rideurs est tel qu’il n’y a plus de place sur le podium si l’on n’est pas capable de lancer et de poser cette manoeuvre proprement. Victor a tenté de s’adapter, il a « créé » une manoeuvre inédite capable de scorer très gros: Le table top double forward. Une idée payante qui lui a permis d’obtenir deux notes en sauts à plus de 8 points. Un double classique et un table-double. Mais pas de chance, pour les derniers heats, d’une part il fallait faire trois sauts différents et d’autre part Köster est un monstre. Pendant le heat qui offrait l’accès à la troisième place, Philip Köster a vu Victor faire son table-double, il ne s’est pas privé pour s’accaparer la nouveauté. Avec un late double, un push-front, et un table-double superbe Philip a balayé les espoirs de Victor. Philip nous raconte ce moment: « C’était la première fois que j’essayais de faire le double-table, j’ai été surpris de le réussir du premier coup. C’est un ajout intéressan­t aux gros sauts. Maintenant, je m’entraîne pour tweaker un peu plus la planche histoire qu’il soit encore mieux. » L’allemand réalise un score de plus de 26 points sur 30 possibles en jumps. Il a appuyé aussi en surf réalisant des enchaîneme­nts assassins. Plus de 18 points sur 20 possibles, c’est le score le plus haut du contest. L’intelligen­ce de Victor n’aura pas suffi, Philip avait vu venir le coup et avait le niveau pour le contrer.

LES FINALES DE CAMPELLO

Ricardo Campello a eu droit à 3 finales. Dans la simple contre Marcilio Browne, son entame est parfaite, il encaisse très vite de quoi se rassurer en jump. La fin de son heat sera consacrée au surf. Ses deux dernières vagues sont excellente­s. Il choisit bien et enchaîne les manoeuvres dessus sans accroc, 360, front, table-top, tout se déroule comme il le souhaite.

Marcilio lui court après une note décente en saut et du coup néglige son surf qui est habituelle­ment son point fort, il s’incline logiquemen­t. Lors de la double Ricardo offre un tout autre visage. Il se retrouve confronté à Philip Köster qui semble imbattable. Tout commence bien pour les deux hommes, mais rapidement on sent que Campello lâche un peu l’affaire il fait trois tentatives de push front avant d’obtenir un bon score. Difficile de dire si ce ralentisse­ment est stratégiqu­e, mais clairement il ne se bat pas vraiment, alors que Philip fait un superbe show. Le verdict final est clair 40 points pour l’allemand, 28 pour le Vénézuélie­n, c’est son plus mauvais score. Mais dans la double, il sait qu’il a encore une chance de gagner. Effectivem­ent, cette dernière bataille lui offre une chance de confirmer sa victoire dans la simple. Le heat est tendu, limite brouillon. Ricardo n’envoie… pas moins de 10 sauts avant d’avoir trois bonnes notes. Philip aussi a du mal il claque un superbe late double, mais n’arrivera pas à faire de push-front ni de table-double. « Après un gros heat de 20 minutes et de bons maux de tête à cause de mauvaises chutes, j’avais un peu perdu le fil des manoeuvres que j’avais fait déjà. Ce sont des choses

qui arrivent une compétitio­n, ce n’est jamais facile, mais j’apprends de cette défaite ! » Il se fait sortir sur les jumps malgré son potentiel. Les idées embrouillé­es, il oublie un jump alors qu’un simple late front aurait pu le faire gagner. Peut-être est-ce le coup de Ricardo qui paye, en se bridant lors de la première finale, il a coupé un peu d’énergie à Philip qui a sorti 3 gros heats d’affilée avant. Le résultat est là Ricardo gagne sa première épreuve à Pozo après tant d’années à faire crier les spectateur­s par l’audace de ses jumps, c’est mérité.

DE L’IMPORTANCE DU MENTAL ET DE LA TÊTE SUR LES ÉPAULES.

La solidité du mental est la marque des grands champions. Cependant aussi doués soient ils, des éléments extérieurs peuvent troubler les plus forts. Depuis toujours (on exagère à peine), le contest de Pozo est dominé par les soeurs Moreno. Domination dans les airs pour Daida pendant que Iballa achève ses adversaire­s au surf. Depuis quelques années, elles ont pris en charge l’organisati­on de l’évènement. Un travail colossal qui s’ajoute au stress de la compétitio­n. Et si Daida parvient à gérer cette surcharge, sa soeur se montre plus fatiguée depuis deux ans. Conséquenc­e : Une fébrilité accentuée par la poussée redoutable de ses concurrent­es dont le niveau explose depuis trois ans. Cette année, c’est Justyna Sniady une petite polonaise qui manifestem­ent a beaucoup travaillé cet hiver en Australie. Ses surfs ont gagné en explosivit­é et en suivi de vagues et ses sauts sont mieux posés et plus hauts. De quoi faire peur aux autres filles, qui ont bien vu qu’elle avait passé un palier. Ce d’autant plus, que juste avant le contest, Justyna a balancé une vidéo où elle envoie le pâté. Le coup parfait pour mettre la pression aux autres filles du haut du tableau. Justyna se hisse en demi dans la simple sans difficulté. En demi elle est opposée à Iballa, qui va littéralem­ent s’écrouler. Pendant que la polonaise enquille les manoeuvres sur un bon rythme, Iballa tombe, cherche des vagues et fait un de ses plus mauvais scores depuis très longtemps. Elle est sortie. Dans l’autre demi-finale, le combat est explosif. Sarah-Quita Offringa prend même l’avantage sur Daida Moreno en sauts, mais la Canarienne explose les scores en waveriding, elle est plus forte. Pendant la finale, l’intensité baisse d’un cran mais Daida contrôle la situation, Justyna baisse un peu les bras déjà trop contente d’être en finale. Lors de la double, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Iballa navigue mieux mais cela ne suffit pas à avancer. Sarah-Quita trébuche à nouveau contre Justyna. Trop fébrile, trop pressée de scorer gros, elle rate son heat. Lors de la finale de la double Daida Moreno se montre intraitabl­e, elle croque la petite Polonaise comme un tapas bien cuit. Elle se paie même le luxe de balancer un double loop juste pour montrer qu’elle a encore de la ressource. Daida gagne sans donner l’impression de forcer. Elle a le mental et le niveau. Ce n’est pas encore cette année qu’elle perdra sa couronne à Pozo.

 ??  ?? Une première victoire à Pozo pour Ricardo Campello, qui a superbemen­t géré l’épreuve.
Une première victoire à Pozo pour Ricardo Campello, qui a superbemen­t géré l’épreuve.
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Pour passer des tours, les rideurs doivent se surpasser et prendre des risques. Marc Pare sort du cadre.
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 ??  ?? En haut : c’est sur l’atterrissa­ge du Push front que Koster se prend les plus mauvais coups.
En haut : c’est sur l’atterrissa­ge du Push front que Koster se prend les plus mauvais coups.
 ??  ?? Ci-dessus : Jaegger Stone possède un surf incroyable à Pozo, mais il lui manque la régularité des gros jumps pour entrer dans le top 4.
Ci-dessus : Jaegger Stone possède un surf incroyable à Pozo, mais il lui manque la régularité des gros jumps pour entrer dans le top 4.
 ??  ?? Thomas Traversa se bat avec ses armes sur Pozo gros back-loop un pied. Blessé, il ne peut faire mieux que 9.
Thomas Traversa se bat avec ses armes sur Pozo gros back-loop un pied. Blessé, il ne peut faire mieux que 9.
 ??  ?? À gauche : Ricardo est radical, il se prend des crashs et repart aussi tôt, un rideur normal serait KO.
Ci-dessus : Victor Fernandez n’a pas son pareil pour dénicher de bonnes vagues. Dommage qu’il lui manque le Push-forward pour avancer.
À gauche : Ricardo est radical, il se prend des crashs et repart aussi tôt, un rideur normal serait KO. Ci-dessus : Victor Fernandez n’a pas son pareil pour dénicher de bonnes vagues. Dommage qu’il lui manque le Push-forward pour avancer.
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Fernandez Balance un Table double front ? Philip Koster attaque le même en plus radical. Il élimine Victor de la simple.
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Ci-dessus : Daida à l’attaque de la deuxième rotation, la Canarienne ose tout et domine le contest.
En haut: Marcilio Browne est en surf, il s’agit d’un énorme back-loop re-entry. Voilà le genre de choses qu’il faut savoir faire aujourd’hui à Pozo. Ci-dessus : Daida à l’attaque de la deuxième rotation, la Canarienne ose tout et domine le contest.
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 ??  ?? Sarah Quita Offringa, est forte, elle avait largement de quoi jouer en finale, mais la pression lui a joué des tours.
Sarah Quita Offringa, est forte, elle avait largement de quoi jouer en finale, mais la pression lui a joué des tours.

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