Wind Magazine

Secrets pour waverideur­s

- Texte : Jean Souville - Photos : voir mentions

Est ce la discipline reine du windsurf ? Peut-être. Ce qui est indéniable, c’est que c’est la façon la plus spectacula­ire de pratiquer. C’est aussi une assurance pour se remplir les neurones de sensations fortes. C’est peutêtre également la discipline qui demande le plus de temps pour être maîtrisée. Wind se penche ce mois-ci sur les vagues avec en toile de fond quelques questions existentie­lles, sur le matos, les spots et les vagues…

ADRÉNALINE, COMBAT ET PRISE DE RISQUE

Voilà en vrac pourquoi, la discipline des vagues est si addictive. Le windsurf sur eau plate offre déjà une belle palette de sensations. Le vent qui vous pousse ou le premier planning laissent des empreintes indélébile­s dans le cerveau. Si la vitesse reste un cheval de bataille pour de nombreux rideurs, les courbes deviennent vite des moments privilégié­es pour d’autres. Le vertige du premier jump, l’accélérati­on dans la pente d’une grosse houle, l’impression de perdre le contrôle quand on frappe une mousse… Les vagues créent des sensations fortes qui s’apparenten­t parfois au stress face à une menace, c’est exactement ce qu’il faut pour envoyer des décharges d’adrénaline puissantes. Les Docteurs Ansgar Rougemont-Buecking, Olivier Simon et le Professeur Jacques Besson du Service de psychiatri­e communauta­ire de Lausanne ont publié un article sur les sports à sensations et l’addiction qu’ils peuvent créer. Selon eux L’adrénaline est le premier suspect car elle mobilise tout l’organisme pour affronter un danger. Cette hormone provoque immédiatem­ent un renforceme­nt du rythme cardiaque, une hausse de la pression artérielle, les bronches se dilatent et l’oxygénatio­n des muscles et du cerveau est meilleure etc. L’adrénaline fait que le corps et l’esprit sont plus alertes, un état qui fait que l’on se sent bien et qui tend à faire oublier un certain nombre de tracas. L’adrénaline déclenche la libération de dopamine, hormone du bien-être généralisé. Chaque session peut donc apporter une récompense forte et un mécanisme d’addiction se met en place. « La recherche de sensations et de nouveauté, le besoin d’explorer le monde, l’attirance de voir ce qui est au-delà de l’horizon sont des traits de base propres à la nature humaine. La tendance à s’exposer à des risques représente peut-être même un des objectifs principaux des mécanismes subtils qui se sont mis en place dans le psychisme humain au cours de l’évolution… » Alors voilà, si vous voulez toujours sauter plus haut, sortir dans des vagues plus grosses, et découvrir de nouveaux spots, c’est que vous êtes humain. Et que la planche à voile dans les vagues a bien sa place dans l’évolution, reste à trouver son spot.

ONDES, PEAK ET DÉFERLANTE­S

Une vague, c’est une onde marine et que l’on retrouve potentiell­ement sur tous les plans d’eau grands ou petits. C’est une déformatio­n mobile de la surface de l’eau créée le plus souvent par le vent et qui se déplace dans sa direction. Plus il est fort, plus l’onde grossit vite. Il est très étonnant de voir à quelle vitesse les premières vagues peuvent se former. Même un plan d’eau fermé peut offrir de véritables sessions de vagues. Les puristes parleront de clapot, mais le fait est là, il y a rapidement de quoi faire de bons sauts. Pour que la taille se développe, il faut que le coup de vent dure, qu’il soit fort et que la distance sur laquelle il souffle (le fetch) soit importante. Durée, force, et distance sont les trois variables du vent qui déterminen­t la hauteur des vagues et l’espace entre deux crêtes (la période). La période dépend aussi de l’espace dont disposent les vagues pour se ranger même quand le vent s’est arrêté. Ce point est très important pour la forme, la taille et la puissance du swell. En Méditerran­ée, les valeurs se situent en général entre 5 et 8 secondes. Sur l’Atlantique on se trouve souvent au-dessus de 10 secondes et même 15 lors des belles arrivées de houle. Certaines dépassent 20 secondes, les séries sont alors plus rares, mais elles sont d’une force considérab­le. Plus la période est longue, plus vous aurez de temps pour vous élancer en jump ou pour vous sortir de la zone de déferlemen­t et plus la vague déplace de l’eau quand elle casse. Cela donne une puissance accrue et des erreurs de pilotage plus fracassant­es. La période influe aussi sur la taille de la vague au bord, plus elle est importante, plus elle a de

chances d’enfler en s’approchant de la côte. Le fond joue un rôle fondamenta­l sur les vagues. Il va ralentir la houle, l’onde se déforme en devenant plus verticale, cela fait se lever la crête. À un moment la pente de la vague devient trop importante et elle s’effondre sur elle-même: c’est le déferlemen­t. Pour faire simple, sur un fond qui remonte progressiv­ement comme dans le Nord sur les plages de sable, la vague s’élève peu et seul le haut de la crête s’effondre. Elle peut même déferler plusieurs fois avant d’atteindre la plage en devenant de plus en plus petite au fur et à mesure que son énergie se dissipe. A contrario un fond avec une remontée rapide va casser brutalemen­t le déplacemen­t de l’onde provoquant une remontée brutale du haut de la vague et un déferlemen­t plus complet parfois tubulaire. L’énergie de la vague est libérée d’un coup, cela donne des vagues plus difficiles. Si le fond permet un déferlemen­t qui suit à peu près le sens du vent pour pouvoir faire quelques manoeuvres en surf sailing, les waverideur­s risquent d’adorer. Typiquemen­t se sont les vagues d’Hookipa à Hawaï ou de Teahupoo à Tahiti, mais certains bancs de sable offrent aussi des vagues tubulaires qui déroulent. Les îles Volcanique­s tropicales ont souvent les vagues les plus puissantes, elles reçoivent les houles des tempêtes situées à des milliers de kilomètres donc très rangées et ont des alizés modérés qui ne saccagent pas le line-up. D’autres facteurs géographiq­ues agissent sur les vagues. Une baie fermée aura tendance à diminuer la taille moyenne des vagues, une pointe concentre les ondes et peut donner plus de vagues. Les marées ont aussi beaucoup d’effets ; indirectem­ent, elles transforme­nt les zones de déferlemen­t au fil des heures. Le spot de Wissant à marée basse reçoit la houle de manière spectacula­irement plus modeste qu’à marée haute. Le mouvement des marées peut aussi pousser de l’eau dans le sens des vagues et accentuer directemen­t les ondes. De nombreuses variables agissent donc sur les vagues. Il est assez curieux de constater que les prévisions de houle sont relativeme­nt aisées. Les modèles actuels sont capables d’anticiper avec beaucoup de justesse la propagatio­n des ondes des tempêtes sur d’énormes distances. Cependant plus les distances sont courtes plus les prévisions sont directemen­t liées aux anticipati­ons du vent. À Carro, les vagues dépendent souvent de la Tramontane. Si elle est trop nord de quelques degrés, les vagues partent au large. La précision dans ce genre de cas est difficile. Ensuite les valeurs annoncées sur les prévisions tiennent rarement compte des spécificit­és locales, comme le fond ou les marées. Donc chaque spot nécessite une interpréta­tion que l’expérience et quelques locaux peuvent faire valoir.

LACS, MERS ET OCÉANS

Des sessions de vagues on peut en faire dans de nombreux spots. Certaines rivières comme les Gorges aux USA sont réputées et permettent d’envoyer d’énormes jumps. Près de chez nous, c’est sur le Rhône que les Lyonnais profitent d’un gros clapot du vent de sud pour envoyer de bons sauts. Plus connus certains lacs ou étangs offrent de véritables vagues s’ils sont assez grands. Leucate, la Ganguise, le Léman sont des plans d’eau intérieurs où l’on peut envoyer de véritables sauts dès lors que le vent est assez fort. L’étang de Berre offre très régulièrem­ent des sessions plus grosses qu’en mer et l’on peut y faire de véritables surfs en se contorsion­nant un peu. Évidemment la période des vagues est ultracourt­e et la force du déferlemen­t n’ira pas casser votre mât. Ces spots sont un peu méprisés, pourtant ils permettent à beaucoup d’apprentis de se familiaris­er en douceur à la discipline. Ils permettent de s’amuser et de progresser, n’est-ce pas ce qui compte le plus ?

En France, nous avons une chance énorme,

le littoral est gigantesqu­e et varié. Il y en a pour tous les goûts. Nous avons une partie Méditerran­éenne très ventée. Les côtes entre le Var, les Bouches du Rhône et la Corse reçoivent fréquemmen­t des sessions de vagues. C’est rarement gros, mais les conditions conviennen­t parfaiteme­nt à un niveau moyen à bon. Brutal, la Coudou, Épluchures, Carro, Algajola autant de spots où le nombre de rideurs de très bons niveaux laisse deviner la fréquence et la qualité des sessions. Moins ventée mais avec des conditions parfois de rêve, la façade Atlantique reçoit de la houle belle, puissante et longue. Les sessions sont plus rares et parfois très difficiles mais ça ride bien du côté d’Hossegor par exemple. Que dire de la Pointe Bretagne, sinon qu’elle est bénie des dieux en ce qui concerne la houle et le vent. Idem pour le Cotentin avec un peu plus de vent. Voilà deux régions vraiment propices au pur wave riding, avec des vagues d’une grande qualité et où l’on peut souvent trouver une orientatio­n side ou side-off propice au surf down the line. La liste des spots world class est bien trop grande, mais on peut parler de Siouville en Normandie, du Dossen, de la Palue, de l’Île aux Vaches ou encore de la Torche. Plus au nord-est, la Manche revient un peu sur des conditions méditerran­éennes, avec un peu plus de vagues et un peu moins de soleil. On y surfe, on y jump parfois jusqu’à plus soif. Wissant est l’un des spots les plus généreux de France. Comment ne pas parler de la Réunion ou des Caraïbes? Leurs récifs acérés font des vagues incroyable­s où ont grandi de nombreux rideurs talentueux as du surf-sailing. Alors s’il est une chose assez marquante, c’est que la manière de naviguer des uns et des autres est souvent très liée à son home spot. Les sudistes évoluent souvent avec du matos adapté au vent fort. Ils utilisent des petites planches et voiles de moins de 5 m. Sur l’Atlantique du matos plus gros est souvent préféré. Le ride est aussi très différent, le Breton navigue plus avec l’énergie de la vague, le Varois doit composer avec le vent pour surfer. Bref on ne navigue pas partout pareil. Cela veut dire que quand on va sur un nouveau spot, il y a une phase d’adaptation parfois délicate. Certains spots sont bien plus difficiles que d’autres. Boujmaa Guilloul est un rideur exceptionn­el, il a voyagé et découvert de nombreux spots

aussi variés que radicaux, il nous livre sa recette : « Il faut observer avant tout comment les locaux se placent et comment ils se mettent à l eau. Bien regarder les obstacles, le vent, les séries et en fonction des conditions bien choisir son matériel. Je dirais qu’il vaut mieux commencer un peu surtoilé et changer après pour être plus à l’aise et se permettre d’aller plus loin dans ses limites. » BOTTOM, OFF-THE-LIPS ET LOOPS

Que faire dans les vagues ? Simple, il faut essayer avant tout de se faire plaisir. La base, c’est de s’adapter aux conditions que l’on rencontre. Si vous partez avec l’idée de faire un double front alors que le vent ne dépasse pas 15 noeuds forcément votre journée va être longue. En fonction du vent et des vagues vous aurez donc un certain nombre de choix. Mais sachez déjà que le wave riding est une affaire de temps, se placer en anticipant le déferlemen­t de la vague, personne ne naît avec ce savoir-faire. Tout est question de pratique régulière et d’engagement. Un rideur comme Thomas Traversa est doué, il a une véritable science de la vague, mais il navigue beaucoup sur de nombreux

spots et il a surtout appris de ses erreurs. Son point fort est d’avoir levé un certain nombre d’appréhensi­ons. Il sait comment tomber et jusqu’à quel point il peut attaquer. Il a sans doute moins peur de manger de la mousse que beaucoup d’autres, la casse de matos n’est qu’un mauvais moment à passer. Mais l’engagement en vagues varie aussi selon ses habitudes de vie et son budget. Un aerial ou gros un front, ça fait forcément plus peur quand on n’a pas l’argent pour se payer une autre voile ou un flotteur neuf. Il faut aussi être bien conscient de son niveau et de sa forme. Des spots comme Pozo, El Medano aux Canaries ou Essaouira au Maroc conviennen­t à un grand nombre de rideurs. Le vent bien établi, des vagues pas trop grosses permettent de s’amuser sans se mettre en péril à moins d’envoyer comme un Fou de Bassan. Certains spots réclament une habitude et une certaine habilité. La vague de Guincho au Portugal est une grosse consommatr­ice de matos à cause de son shore break dément. Hookipa reste le Graal de nombreux windsurfeu­rs. L’été le spot demeure accessible, mais à l’automne, le vent léger, les courants et la puissance du swell deviennent bien trop techniques pour beaucoup. La tentation de sortir dans des sessions plus couillues se fait vite ressentir. Mais rider dans 3 mètres et plus demande une bonne dose de savoir faire. Plus il y a de taille, plus les risques d’une longue séance de natation augmentent. Si l’on veut que les sessions se passent bien, il faut respecter une certaine progressio­n et rester humble. Clairement, naviguer dans les vagues s’avère plus traumatisa­nt qu’une session freeride pépère. Surfs et sauts peuvent partir en vrille à cause d’un manque de contrôle, d’une rafale, de la peur… En général cela se termine dans l’eau avec un palpitant stressé, mais parfois, il peut y avoir un choc ou une torsion avec le matos. Par manque de chance ou juste en bourrinant trop, les blessures sont rares malgré tout. Dans les traumatism­es on trouve le genou qui se tord en surf, le pied cassé car bloqué dans le strap ou à cause d’une réception violente, le coup de tête contre le wish en surf et en saut et les coupures. Les accidents mortels sont exceptionn­els. Reste que trop sauter sur le long terme favorise les problèmes articulair­es classiques dos, genoux. Heureuseme­nt, l’immense majorité des sessions se fait de manière tout à fait tranquille malgré quelques gadins inévitable­s si l’on a un peu d’engagement. La question qui fâche est doit-on se faire mal pour progresser ? C’est le cascadeur marocain Boujmaa Guilloul qui nous répond : « Non pas spécialeme­nt, On se fait plus peur que mal, après bien sûr, je ne dis pas que n’importe qui peut envoyer un double. Il faut d’abord maîtriser le forward simple et au planning avant de s’aventurer au double. Mais il ne faut pas hésiter sur un move qu’on a suffisamme­nt étudié et qu’on est prêt à envoyer. Pour un forward par exemple, il ne faut pas lâcher la voile une fois que l’on a décidé d’envoyer et que les conditions sont là pour essayer. Une fois que c’est parti, il ne faut pas hésiter. Et pour se protéger Casque, Gilet d’impact et chaussons peuvent aider. » Les rideurs les plus forts sont souvent ceux qui ont appris progressiv­ement pas à pas. Ce sont ceux aussi qui acceptent de tomber. Pour progresser, il ne faut pas avoir peur de se mouiller, une nouvelle manoeuvre se réussit rarement du premier coup. Mais il faut garder une certaine clairvoyan­ce

même dans la façon de chuter. Cela s’apprend, au fil du temps et des boîtes. Pour se lancer dans des sessions de vagues, il y a un certain timing à respecter. Déjà il faut savoir faire le water start et le jibe. Inutile de commencer dans des conditions trop musclées pour ne pas galérer. Des vagues de moins d’un mètre peuvent être un super terrain de jeu pour apprendre à passer les mousses, faire ses premiers sauts et commencer à tortiller du tail dans le creux de la vague. Même des vagues de 50 cm peuvent vous rendre accro et permettre d’apprendre les bases d’un bon wave riding. Quelques prises de carre pour rester dans la pente et sentir les premiers frémisseme­nts de l’accélérati­on que l’onde procure. Rapidement selon l’angle du vent un rideur peut commencer à faire de vrais surfs, un peu ronds au début, puis les rails vont se planter plus franchemen­t. Si les premières courbes sont plus faciles dos à la vague, le Graal reste le surf front-side, sur une vague qui déroule et qui permet des enchaîneme­nts de virages bottom/roller. Les choses se compliquen­t quand on veut rajouter un aerial, il faut de la vitesse, de la précision et un bon timing pour que la planche sorte de la vague et reste dans celle-ci sans se faire bouffer par le déferlemen­t. Les tops rideurs ajoutent des 360 reentry et des goyters. Côté sauts, dès que jumps et atterrissa­ges sont un peu maîtrisés, l’appel du loop se fait vite ressentir. Back-loop, front-loop, table top, voilà le trio gagnant du bon jumpeur de base. Les excellents jumpeurs vont lâcher une main, ou mixer les figures, back une main, table front, double front… Le catalogue des figures ne cesse de s’enrichir, les personnes capables de toutes les réaliser se comptent sur les doigts de la main.

SHAPE, SCOOP ET RAILS

La pratique a besoin de matos spécifique. On demande à une planche de vagues d’être maniable. L’idéal est de pouvoir placer des courbes longues ou courtes comme on l’entend. La planche doit obéir aux appuis et la voile doit rester légère et maniable de 10 à 50 noeuds, elle doit se faire oublier dans certains moments et apporter de la puissance à d’autres. Il faut aussi de la solidité pour résister aux crashs et autres lessivages. Certains shapes sont parfaits pour du surf down the line d’autres correspond­ent à un programme plus généralist­e, où cap et vitesse sont importants. Actuelleme­nt, deux points sont rassurants: les perfs des planches sont en hausses sur le plan de la maniabilit­é, du départ au planing et du cap. L’offre gigantesqu­e permet de trouver chaussure à son pied à condition de savoir sa pointure. Cédric Bordes est un compétiteu­r de renom en slalom, mais il possède de nombreux autres talents. Entre autres, il est un excellent wave rideur, avec un véritable sens de la lecture des vagues et un bon engagement au surf. Il sait aussi comment marchent les planches puisqu’il participe aux nombreux tests du matos Tabou GA. Pour Wind il revient sur quelques trucs à savoir sur le matos de vague. « L’Évolution principale, c’est la plage d’utilisatio­n. Avant on avait des planches qui tournaient très bien car il y avait beaucoup de kick sur l’arrière. Mais du coup en départ

au planing et en vitesse, les planches n’étaient pas bonnes. Maintenant on a des planches qui font tout, elles tournent et elles planent bien. Le fait qu’elles soient plus courtes et plus larges permet de changer le rocker, elles sont plus tendues qu’avant. On arrive à des carènes plus complexes et plus polyvalent­es. Maintenant j’ai une planche de 88 litres et je fais tout avec de 5,4 à 4 2. Le volume n’est plus une valeur aussi importante qu’avant, la largeur et la forme sont plus importante­s. Si on a trop de volume on est plus porté mais on ne plane pas aussi vite. Dans la gamme Tabou, les deux modèles sont bons dans du side ou du vent on shore. Leurs shapes sont très proches, Mais la Da Curve est un cran plus radicale et la Da bomb est plus facile quand les conditions sont plus compliquée­s avec plus de nervosité pour le démarrage au planing. La Da Bomb est plus large à l’arrière et a un peu moins de tail kick, elle est plus adaptée aux conditions ou on cherche du planing rapide. Mais la vérité c’est qu’aujourd’hui, les bonnes planches peuvent passer dans toutes les conditions. »

Pour faire simple si on veut schématise­r, sachez qu’une planche fine à l’arrière sera plus maniable, bien adaptée aux surfs down the line avec un défaut: perdre facilement de la vitesse si les appuis sont approximat­ifs. Une planche plus carrée est un peu plus difficile à faire tourner, en revanche elle garde de la vitesse même dans des conditions molles ou difficiles. Les shapes sont indissocia­bles des ailerons. L’évolution la plus marquante concerne les multifins. Avec les nouveaux shapes, ils apportent des améliorati­ons notables en termes de contrôle de la planche. Courbes courtes ou longues, on pilote sa planche plus efficaceme­nt tout en conservant de la vitesse en surf ou en saut. Aujourd’hui, les offres sont majoritair­ement entre trois ailerons (thruster, le central est plus grand) et quatre ailerons (quads). Difficile de savoir ce qui va vous correspond­re le mieux, surtout si on rajoute des questions de flex et de matériaux. Le quad a un léger avantage quand il faut carver, deux ailerons sont toujours dans l’eau lorsque l’on est sur le rail, cela facilite la stabilité et le contrôle de la trajectoir­e dans les manoeuvres. En revanche, lors du passage d’un rail à l’autre, il manque un point de pivot central, aussi la transition d’un rail sur l’autre lors d’un surf demande plus de finesse et d’expérience dans les appuis. En thruster l’aileron central sert de pivot, donc le passage d’un rail à l’autre est plus facile, en revanche lors de l’engagement les appuis sur les rails sont un peu moins faciles, la planche est maniable, mais il faut plus donner de puissance sur le pied arrière pour utiliser l’aileron central comme pivot. On ne peut pas prétendre qu’une configurat­ion est meilleure, le shape, les conditions de navigation­s et les habitudes du rideur sont aussi dans l’équation. Mais gardez autant que possible les réglages et dispositio­ns proposés par le constructe­ur. Pour les voiles, il existe aussi des différence­s notables, selon où l’on navigue, les demandes ne sont pas les mêmes. En Méditerran­ée, les vagues ne poussent pas beaucoup, on compte plus sur le vent pour évoluer, la voile doit garder son rôle de moteur pendant le surf. Sur un reef comme à Hookipa, c’est l’énergie de la vague qui permet le plus d’évoluer, on va chercher une voile légère qui se fait un peu oublier. Le nombre de lattes est devenu un peu la représenta­tion des types de voiles. Avec 5 lattes, le creux de la voile est stabilisé, cela donne des voiles performant­es, un poil plus lourdes et moins maniables. On peut naviguer surtoilé en gardant du contrôle. À l’opposé, les voiles 3 lattes offrent une grande légèreté mais le profil bouge plus et convient moins aux vents rafaleux. Une voile censée convenir mieux aux vents légers et stables et aux conditions de surf down the line. Entre ces deux cas se trouvent les 4 lattes, les voiles les plus polyvalent­es qui mélangent la manoeuvrab­ilité et la performanc­e même dans les conditions européenne­s. Résumer une voile au nombre de lattes est très réducteur, la coupe et les matériaux sont très importants. Comme pour le matos en général, avant de se lancer dans l’achat, il est judicieux de demander conseil aux shops ou a des amis en tenant compte de son gabarit, des spots où l’on pratique et de son niveau.

 ??  ?? Une vague, deux possibilit­és. Maria Andres surfe, Klaas Voget Saute dans les eaux d’Hawaï.
Une vague, deux possibilit­és. Maria Andres surfe, Klaas Voget Saute dans les eaux d’Hawaï.
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 ?? © John Carter / GA ?? Thomas Traversa se prend une grosse décharge d’adrénaline en chargeant Jaws à Maui.
© John Carter / GA Thomas Traversa se prend une grosse décharge d’adrénaline en chargeant Jaws à Maui.
 ?? © Jean Souville ?? La Méditerran­ée offre très régulièrem­ent de bonnes sessions de vagues. Patrick Vigouroux en push table top.
© Jean Souville La Méditerran­ée offre très régulièrem­ent de bonnes sessions de vagues. Patrick Vigouroux en push table top.
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 ?? © Jean Souville ?? En haut : Patrick Vigouroux sait s’amuser même au Jaï. Un plan d’eau fermé mais où le clapot devient assez gros par fort Mistral.
© Jean Souville En haut : Patrick Vigouroux sait s’amuser même au Jaï. Un plan d’eau fermé mais où le clapot devient assez gros par fort Mistral.
 ?? © Jean Souville ?? Ci-dessus : en Normandie, les vagues peuvent parcourir des milliers de kilomètres avant de toucher les plages. La période entre deux vagues est conséquent­e sur ce coup de vent.
© Jean Souville Ci-dessus : en Normandie, les vagues peuvent parcourir des milliers de kilomètres avant de toucher les plages. La période entre deux vagues est conséquent­e sur ce coup de vent.
 ?? © Jean Souville ?? En 200 km, une violente Tramontane peut donner des conditions grandioses à Carro.
© Jean Souville En 200 km, une violente Tramontane peut donner des conditions grandioses à Carro.
 ?? © Jean Souville ?? Le Cotentin offre des conditions de wave riding réputées. Yann Sorlut attaque une bonne mémère à Siouville.
© Jean Souville Le Cotentin offre des conditions de wave riding réputées. Yann Sorlut attaque une bonne mémère à Siouville.
 ?? © Jean Souville ?? Ci-dessus : trois séquences mais une seule vague exploitée par Philip Koster à Pozo. Il n’a pas son pareil pour mélanger jumps, freestyle et wave-riding.
© Jean Souville Ci-dessus : trois séquences mais une seule vague exploitée par Philip Koster à Pozo. Il n’a pas son pareil pour mélanger jumps, freestyle et wave-riding.
 ?? © Jean Souville ?? Ci-contre : Pas de chance pour ce rideur qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Les vagues peuvent être impitoyabl­es pour le matos.
© Jean Souville Ci-contre : Pas de chance pour ce rideur qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Les vagues peuvent être impitoyabl­es pour le matos.
 ?? © Jean Souville ?? En haut : Adrien Bosson envoie un late front à Carro avec son matos de free-style.
© Jean Souville En haut : Adrien Bosson envoie un late front à Carro avec son matos de free-style.
 ?? © Jean Souville ?? Page de droite : avec les multifins et des shapes qui autorisent plus de volume, même les grosses planches de freewave conviennen­t à la majorité des spots.
© Jean Souville Page de droite : avec les multifins et des shapes qui autorisent plus de volume, même les grosses planches de freewave conviennen­t à la majorité des spots.
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