Wind Magazine

LA « FOILIE » GAGNE AUSSI L’OLYMPISME!

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Dans le monde de l’olympisme, les choses semblent également bouger en faveur du foil. Pourtant, World Sailing et ses membres conservate­urs ne sont pas du genre à innover au niveau du choix des supports olympiques. La RS:X était repartie pour durer, pour 2020 mais aussi pour 2024 ! Il aura fallu une lettre ouverte rédigée par le double champion Olympique en titre Dorian Van Rijsselber­ghe et adressée au World Sailing Council (en charge du choix des discipline­s olympiques) pour secouer les instances.

UNE LETTRE QUI VAUT SON PESANT D’OR

Dorian, lucide et visionnair­e, ne voulait plus entendre parler de R:X. Dans son courrier du printemps dernier, le néerlandai­s n’y est pas allé de main morte. Van Rijsselber­ghe souligne qu’aucun des membres du comité décisionna­ire pour la planche à voile n’est familier avec le support. La décision de poursuivre la RS:X accentuera­it le monopole en cours de NeilPryde en dépit de la nouvelle régulation Européenne et serait en défaveur du sport. D’un point de vue sportif, Dorian se montre encore plus agressif envers le support qui lui a permis d’acquérir deux titres olympiques : « La RS:X a été choisie en tant qu’hybride pour faire le lien entre l’époque de la planche à dérive et le funboard. La RS:X est plus un compromis qu’une solution hybride, elle n’est efficace nulle part. Jusqu’à 12/13 noeuds, la RS:X est la pire classe de windsurf olympique de tous les temps. Windglider, Lechner et Mistral One Design délivrent de meilleures performanc­es que la RS:X ». Dorian insiste : « Choisie en 2004 dans des conditions d’attributio­n douteuses, la RS:X datait déjà. Imaginez en 2024! Ce support incapable de surpasser un dinosaure de 1984 ne peut être la vitrine d’un sport si merveilleu­x ». Le médaillé d’or de Rio et de Londres mentionne également les problèmes inhérents aux défauts de production et les difficulté­s d’approvisio­nnement en pièces de rechange. De plus, la RS:X est un support trop compliqué, trop physique. Dorian termine son message en mentionnan­t la désaffecti­on de nombreux jeune raceurs RS:X au profit du foil. En conclusion, Van Rijsselber­ghe réclame dans sa missive que se déroule une épreuve test pour déterminer le meilleur support pour le windsurf aux JO. Son interventi­on a eu l’effet d’une bombe. À la lecture de ces mots forts, World Sailing a pris la décision de tenir un Sea-Trial au lac de Garde pour évaluer les différente­s propositio­ns. Il vient d’avoir lieu en octobre. Grâce à la lettre de Dorian, le windsurf olympique pourrait enfin avoir de la gueule.

UN SUPPORT « MEDIA-FRIENDLY »

Dorian ne se contente pas de protester contre les autorités, le Néerlandai­s propose des solutions. Avec Nick Dempsey (UK) et Aaron McIntosh (NZL), les médaillés olympiques ont pensé un format dans l’air du temps pour booster le windsurf au JO : la classe Windfoil1. Le but est de remiser la RS: X au placard pour passer au foil pour les olympiades de 2024 (en France). Considéran­t tous les aspects, y compris le coût d’une telle révolution, le petit comité de raceurs a développé le concept Windfoil1 en s’inspirant de l’America’s Cup, une formule monotype dont les accessoire­s seraient « open ». La planche unique One Design pourrait être produite librement par différents fournisseu­rs. Ce flotteur mesure 95 cm de large par 220 cm de long. Les voiles seraient limitées à 9,5 m2 et le foil devrait rentrer sous une jauge de ses éléments. Le concept WF1 est supporté par Starboard, Severne, NeilPryde et Phantom. Le vent mini serait basé sur ce qui se fait avec le matos actuel, soit 4-5 noeuds, ce qui correspond aux sites des JO souvent peu propices à la voile. Des formats de course innovants et dynamiques ont été dessinés pour s’adapter aux spots et aux conditions, et être « media-friendly » et compréhens­ibles. 5 options de parcours sont ainsi proposées: la course racing traditionn­elle, le marathon (tour d’un point géographiq­ue de renom, sont mentionnés la Statue de la liberté, Alcatraz à San Francisco ou le château d’If à Marseille), le sprint-slalom, le challenge GPS (sur 500 m), et la course en étape (un aller, une pause, et un retour au point de départ). Le WF1 laisse libre le

développem­ent du matériel par tranches de transition. Août 2022 sera la date butoir à laquelle le matériel sera figé pour les JO de 2024. Par la suite et pour les JO suivants, une mise à jour sera effectuée tous les 2 ans.

LE SEA TRIAL DE LA TORBOLE

La pratique de la RS: X est devenue une discipline athlétique exclusive, « pas fun du tout » selon le président néozélanda­is du projet WF1 Antonio Cozzolino, ce qui l’isole du pratiquant. La majorité des concurrent­s de la dernière olympiade s’est mise au foil. Dans une étude menée par World Sailing, 37 % des sondés souhaitent conserver la RS:X. 54 % souhaitent passer à un support sur foil. Au lac de Garde début octobre, l’épreuve test a permis de confronter 5 projets différents, 2 classes « traditionn­elles » et 3 classes sur foil: la RS:X (version actuelle des JO, qui devrait incorporer un foil pour 2028, changement jugé trop précoce pour 2024 d’un point de vue économique), la Glide (planche à dérive de 299 cm pour 14 kg visant une plage de vent de 1 à 30 noeuds) d’un côté, et la Formula Foil Limited Class, la WF1, et l’iFoil Starboard de l’autre côté. En parallèle, le gréement Severne Hyper Glide Olympic équipait 3 des 5 candidatur­es.

LES RECOMMANDA­TIONS DE LA COMMISSION DE TRAVAIL « ÉQUIPEMENT »

À l’issue des trials, les projets Starboard iFoil et Severne Hyper Glide Olympic semblent être les candidatur­es retenues pour soumission à World Sailing. Le projet iFoil sera disponible sous licence pour un format One design. Il propose un mix de compétitio­ns sur foil et sur aileron avec le même flotteur, en reprenant les propositio­ns de format de course partagées par le projet WF1. Le matériel a été mis au point pour satisfaire des raceurs de 65 à 85 kg (55 à 70 kg pour les femmes). La planche est plus compacte et plus légère que l’actuelle RS:X. Planche + gréement logent dans 2 boardbags, facilitant les coûts lors des déplacemen­ts. Le réseau Starboard déjà en place simplifier­ait la distributi­on et le développem­ent de la série iFoil. Le pack iFoil comprend: 1 planche - 1 foil - 1 aileron - 1 voile (9,0 m2 pour les hommes, 8,0 m2 pour les femmes) - 1 mât - 1 wishbone. Le pack foil comprend : 1 mât - 2 fuselages (115 et 95 cm) - 1 aile avant - 1 stabilisat­eur. Les deux fuselages permettent de jouer de la puissance du foil en fonction des conditions de vent et de plan d’eau. Dans les conditions extrêmes, le foil est remplacé par l’aileron. Le projet iFoil serait la classe de voile la plus abordable financière­ment et possédant la plus grande plage de vent. Le vote final des représenta­nts de chaque nation aura lieu le 3 novembre 2019 pour décider du support windsurf pour les JO de 2024.

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 ?? © Jesus Renedo/Sailing Energy / World Sailing ?? En haut : l’image parle d’elle-même sur le test event de Torbole, avec le foil en premier plan.
© Jesus Renedo/Sailing Energy / World Sailing En haut : l’image parle d’elle-même sur le test event de Torbole, avec le foil en premier plan.
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Ci-dessus : les formats foil-olympiques proposés sont plus « media friendly » et incorporer­aient également du slalom dans les parcours.
 ?? © Sailing Energy / World Sailing ?? Page de gauche : une triplette de médaillés olympiques pro-foil : de gauche à droite, Nick Dempsey, Dorian Van Rijsselber­gh, et Aaron McIntosh.
© Sailing Energy / World Sailing Page de gauche : une triplette de médaillés olympiques pro-foil : de gauche à droite, Nick Dempsey, Dorian Van Rijsselber­gh, et Aaron McIntosh.
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Ci-contre : le projet de flotteur olympique iFoil par Starboard.
Ci-dessus : le combo recommandé par la commission matériel après le sea trial italien : la Starboard iFoil et la Severne Hyper Glide. Ci-contre : le projet de flotteur olympique iFoil par Starboard.
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