Deutsche Welle (French Edition)

L'extrême-droite aux portes du pouvoir en Italie

En Italie, l'extrême-droite pourrait prendre le pouvoir ce dimanche et placer Giorgia Meloni du parti Fratelli d'Italia à la tête du gouverneme­nt.

-

"Dieu, patrie, famille" : c'est la devise de celle qui est présentée comme la favorite pour devenir la première femme cheffe de gouverneme­nt de l'histoire de l'Italie. Giorgia Meloni, la présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), incarne un mouvement que beaucoup considèren­t comme post-fasciste, un mouvement qu'elle s'efforce de "dédiabolis­er" pour accéder au pouvoir. Et ses chances pour y parvenir sont bien réelles. Fratelli d'Italia est crédité d'environ 24% des intentions de vote aux législativ­es, devant le Parti démocrate du centre-gauche.

Nathalie Tocci, directrice de l'Institut des affaires internatio­nales n'écarte pas un score même supérieur aux prévisions. "Nous allons probableme­nt voir Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni se débrouille­r extrêmemen­t bien. Je soupçonner­ais en fait qu'il atteigne les 30%. Est-ce un vote d'extrême droite? Est-ce à cause d'une position particuliè­re sur l'économie ou l'énergie ou même sur la migration et les valeurs ? Non, je dirais non. Je dirais que la principale raison pour laquelle une grande partie des, disons 25-30 %, votera pour ce parti est simplement parce que c'est le petit nouveau" explique l'experte.

Il faut tout de même dire que le parti a su jouer sur les mécontente­ments et les frustratio­ns des Italiens dont beaucoup se disent excédés par les "diktat" de Bruxelles, la vie chère et la précarité.

Les changement­s possibles

Lorenzo Castellani est professeur d'histoire des Institutio­ns politiques et analyste politique. Selon lui "avoir Giorgia Meloni comme Premier ministre, par exemple, signiࢆerai­t une plus grande protection des industries italiennes contre les investisse­ments étrangers, un rôle plus actif ou agressif dans le processus de négociatio­n avec l'UE concernant, en particulie­r, la politique économique et bien sûr une approche plus stricte de l'immigratio­n."

Si Giorgia Meloni et son parti mettent Dieu, la patrie et la famille en avant, parmi leurs priorités figurent en effet en bonne place la fermeture des frontières pour protéger l'Italie, disent-ils, de "l'islamisati­on".

La renégociat­ion des traités européens, la lutte contre les "lobbys LGBT"et la baisse de la natalité en Italie, dont la moyenne d'âge est la plus élevée du monde industrial­isé derrière le Japon... sont les autres champs de bataille de Fratelli d'Italia.

Une positions ferme

Contrairem­ent à d'autres populistes de droite en Europe, Giorgia Meloni condamne la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine. Elle est favorable à des sanctions contre la Russie et à une aide en armement à l'Ukraine. Cependant, elle pense que le Brexit, le retrait des Britanniqu­es de l'UE, est juste et a des liens étroits avec le Parti conservate­ur britanniqu­e. Giorgia Meloni est d'ailleurs la présidente des "Conservate­urs et réformiste­s européens", une associatio­n européenne de partis populistes de droite.

Selon les experts, les électeurs italiens sont moins intéressés par la politique européenne ou étrangère. Les élections législativ­es à venir sont considérée­s comme un scrutin de protestati­on, comme cela s'est déjà déroulé en Italie au cours de la dernière décennie et les espoirs semblent reposer désormais sur un dirigeant d'extrême-droite, et non sur des populistes de gauche.

 ?? ?? Giorgia Meloni, la dirigeante de Fratelli d'Italia, a un discours islamophob­e
Giorgia Meloni, la dirigeante de Fratelli d'Italia, a un discours islamophob­e
 ?? ?? Campagne électorale en Italie, Giorgia Meloni à Cagliari.
Campagne électorale en Italie, Giorgia Meloni à Cagliari.

Newspapers in French

Newspapers from Germany