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L'Onu va enquêter sur la répression des manifestat­ions en Iran

Le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a voté une résolution qui prévoit d'envoyer des experts indépendan­ts enquêter sur la répression sanglante des manifestat­ions en Iran depuis septembre.

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Au moins 14.000 personnes ont été arrêtées en Iran depuis le début des manifestat­ions anti-pouvoir en septembre. Des chiffres avancés par le chef du Conseil des droits de l'homme, Volker Türk, qui appelle à ce que cesse cette répression sanglante qui a coûté la vie à près de 400 personnes, dont des dizaines d'enfants. Sous l'impulsion notamment de l'Allemagne, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, qui est la plus haute instance de l'Onu en matière de droits humains, s'est réuni en urgence. Et il a décidé de diligenter une enquête internatio­nale sur place.

Un usage disproport­ionné de la force

"L'usage

inutile

et

disproport­ionné de la force" envers les civils qui manifesten­t depuis deux mois inquiète Volker Türk, le chef du Conseil des droits de l'Homme qui a regretté :"J'ai proposé de me rendre en Iran et d'y renforcer notre présence – nous n'avons pas de bureau sur place. Mais jusqu'à présent, je n'ai pas obtenu de réponse."

Le bilan, encore provisoire, de la répression ces deux derniers mois, dressé par une ONG basée en Norvège, Iran Human Rights, fait état d'au moins 416 morts, dont 51 enfants.

Le mouvement avait commencé suite au décès de Mahsa Amini, une jeune femme morte après son interpella­tion par la police des moeurs.

La version officielle

Khadijeh Karim, adjointe du vice-président chargé des affaires féminines et familiales de la République islamique d'Iran, a donné la version des autorités iraniennes :

"Après le décès malheureux de Mme Mahsa Amini, les mesures nécessaire­s ont été prises, notamment la formation rapide d'une commission d'enquête parlementa­ire indépendan­te et d'une équipe de médecins légistes. Cependant, avant l'annonce oࢄcielle de l'analyse de l'enquête, la réaction partiale et hâtive d'un certain nombre d'autorités occidental­es et leurs interventi­ons dans les aࢃaires intérieure­s de l'Iran ont transformé les rassemblem­ents paciࢆques en émeutes et en violence, préparant le terrain pour des attaques terroriste­s dans plusieurs villes."

Le ministre iranien des Affaires étrangères a tweeté récemment que les Etats-Unis et l'Europe, avec leur "longue histoire de colonialis­me et de violation des droits de l'Homme d'autres nations", ne peuvent "prétendre être des défenseurs des droits humains".

Le chef de la diplomatie iranienne a également réagi aux propos de son homologue allemande et averti que la réponse de son pays aux "positions provocatri­ces, interventi­onnistes et non diplomatiq­ues" de l'Allemagne serait "proportion­née et ferme".

L'Allemagne a porté la résolution

L'Allemagne est l'un des pays à l'initiative de la résolution adoptée par le Conseil. La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, souhaite la mise en place d'un mécanisme indépendan­t et impartial des Nations unies pour enquêter "car l'impunité empêche la justice. La justice pour les soeurs. La justice pour les ࢆls. La justice pour les mères."

La résolution a été adoptée cet après-midi [24.11.22] à Genève par 25 votes pour, six contre et 16 abstention­s.

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Depuis le décès de Mahsa Amini, les manifestat­ions continuent en Iran. Elles sont réprimées dans le sang.
 ?? ?? Volker Türk, le nouveau Haut-Commissair­e des Nations unies aux droits de l'Homme, dénonce le recours excessif à la force par les autorités iraniennes
Volker Türk, le nouveau Haut-Commissair­e des Nations unies aux droits de l'Homme, dénonce le recours excessif à la force par les autorités iraniennes

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