Deutsche Welle (French Edition)

Allemagne : trouver un logement, pas aisé pour les réfugiés

Cette étape de l’intégratio­n est délicate, alors que le marché de l’immobilier est saturé. Exemple à Munich, l’une des villes les plus chères du pays.

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"Ma ࢆlle a commencé à se ronger les ongles. D’après le médecin, c’est à cause de la situation ici, du stress dans le centre", raconte Sabawoon Meenanak, assis dans la petite chambre d’un centre d’hébergemen­t pour réfugiés de Munich, qu’il partage avec sa femme, Wazhma, et leur fille de deux ans.

La famille a fui l’Afghanista­n au mois de février. "Cela devenait trop dangereux", explique Sabawoon. A Kaboul, il était employé par le ministère afghan de la Santé, alors que Wazhma, travaillai­t avec plusieurs ONG et ministères pour faire avancer les droits des femmes dans le pays.

Grace notamment à l’aide d’une journalist­e allemande rencontrée à Kaboul, le couple a réussi à rejoindre l’Allemagne et à obtenir un statut de réfugiés.

"Allons, un eࢃort ! Je lance un appel au Munichois : cette petite famille d’Afghanista­n cherche un deux-pièces à Munich. Le loyer est garanti, payé par le Jobcenter (agence pour l’emploi) tous les mois", peut-on lire sur le compte Twitter de cette journalist­e, alors qu’elle rendait visite à la famille en juin dernier. Son Tweet n’a pas manqué de susciter des commentair­es haineux et racistes, dénonçant des privilèges accordés aux réfugiés.

"A Kaboul, on vivait dans un quartier près du centre de la ville, dans un grand appartemen­t, où on pouvait accueillir des invités. On vivait avec mes parents, qui avaient leur propre chambre", raconte Sabawoon.

Désormais, la famille cherche désespérém­ent un appartemen­t à Munich, la ville où le loyer moyen est le plus élevé en Allemagne, loin devant Francfort, Stuttgart, Berlin et Hambourg.

"Sur 30 ou 40 demandes envoyées, on a eu une seule réponse positive pour eࢃectuer une visite", se désole Sabawoon."Je cherche surtout dans les petites annonces sur Ebay. J’écris en anglais et fait traduire mon mail en allemand. Certains ne veulent pas nous louer leur logement parce qu’on ne parle pas allemand. On a beau leur expliquer qu’on est en train de suivre des cours et que cette langue ne s’apprend pas en cinq mois."

15 mètres carrés

Le jeune Afghan, 22 ans, estime aussi que l’arrivée des réfugiés Ukrainiens, également à la recherche de logements, crée un concours de circonstan­ces défavorabl­e. "Certains de nos voisins ici nous ont dit, qu’après avoir trouvé un accord avec des propriétai­res, ils ont été rappelés quelques jours plus tard, pour leur dire que le logement avait été loué à des Ukrainiens."

Sabawoon vient tout juste de trouver un emploi en tant que réceptionn­iste dans un hôtel. Il travaille la nuit, suit des cours d’allemand et s’occupe de sa fille le jour lorsque sa femme s’absente. Le manque de sommeil est particuliè­rement difficile. "Un centre d’hébergemen­t, ce n’est pas un lieu pour se reposer", note Sabawoon, qui lutte avec son manque de sommeil chronique.

Leur chambre fait près de 15 mètres carrés, les lits sont à un bout de la pièce, une table et une armoire de l’autre. Une centaine de personnes vivent dans ce centre situé dans le nord-est de Munich.

"Le lieu est bien situé, près des commerces et d’une station de métro. Mais il faut se partager cinq machines à laver et vous avez une cuisine et une salle de bain pour vingt familles. Il faut parfois attendre trois à quatre heures pour pouvoir se faire à manger", note Sabawoon.

"On cherche un deux-pièces autour de 75 m2. C’est ce qu’on peut avoir avec le Jobcenter, c’est la superࢆcie maximale qu’ils subvention­nent". Le Jobcenter, c’est l’agence pour l’emploi, qui subvention­ne les loyers des personnes à faible revenus. Les montants varient d’une ville à l’autre en Allemagne. A Munich, une famille de trois personnes peut se faire subvention­ner un logement ne dépassant pas 75 m2 et jusqu’à 1084 euros. A Berlin, par exemple, cette aide est de 634 euros pour un logement de pas plus de 80 m2. A Cologne, cette superficie est subvention­née jusqu’à 939 euros. Des aides sont également prévues pour couvrir les frais d'électricit­é et le chauffage.

8 résultats

"Mais la plupart des propriétai­res de veulent pas louer aux personnes qui dépendent du Jobcenter, bien que le loyer serait garanti", constate Sabawoon. Au-delà des facteurs de discrimina­tion, la procédure de l’agence pour l’emploi demande du temps, puisqu'une fois un logement trouvé, il faut encore faire valider la subvention. Ce simple délai, sur un marché immobilier déjà tendu, peut suffire à exclure un candidat.

"Même un 50 m2 nous irait. On n’est pas exigeants. On a juste besoin des bases pour vivre", précise Sabawoon.

Il sait qu'espérer dénicher un 75 m2 pour 1084 euros semble être une mission quasi impossible.

Au moment de la rédaction de cet article, une recherche avec ces critères sur immobilien­scout24.de, l’un des principaux sites immobilier­s allemands, affichait à Munich seulement huit résultats.

Et cette situation ne devrait pas s’améliorer au vu de la flambée des prix de l’énergie, notamment du gaz, qui chauffe la moitié des logements en Allemagne.

Le journal Süddeutsch­e Zeitung, basé à Munich parle d’un "deuxième loyer". Alors que les loyers à Munich stagnent pour la première fois depuis le début des années 2000, les charges devraient "énormément augmenter à cause des prix de l’énergie".

Le quotidien note aussi que "la recherche d’un logement devrait bientôt se compliquer" car le nombre de permis de construire à Munich est en baisse et que les délais pour ériger de nouveaux logements s’allongent.

S’éloigner de la ville

Comme dans de nombreuses métropoles, une solution peut être de s’éloigner de la ville pour espérer des loyers moins chers.

Mais pour des réfugiés en phase d’intégratio­n, cette démarche peut signifier l’isolement.

"Si vous vivez trop loin vous ne pouvez pas facilement vous rendre au travail, vous ne trouvez peutêtre pas de place en crèche, ou vous n’aurez pas de cours d’allemand. Nos cours d’allemand, la crèche pour ma ࢆlle, mon travail, tout est ici", explique Sabawoon Meenanak.

Il n’écarte toutefois pas la possibilit­é de quitter Munich s’il ne trouve pas de logement. Cette démarche est cependant limitée géographiq­uement.

La loi allemande sur la répartitio­n des réfugiés prévoit depuis 2016 qu’une personne bénéfician­t d’un statut de protection, est tenue d’habiter pendant les trois premières années dans la région (Bundesland) responsabl­e de sa demande d’asile.

"Le logement, c’est notre priorité", conclut Sabawoon, qui depuis qu’il est arrivé en Allemagne en février, seules trois familles de son centre d’hébergemen­t ont effectivem­ent réussi à trouver un appartemen­t individuel à Munich.

Source : https:// www.infomigran­ts.net/fr/ post/43270/allemagne--trouverun-logement-en-tant-querefugie-le-parcours-ducombatta­nt-13

pour le traitement des traumatism­es qui en résultent.

Sur le plan culturel, le manque de leaders au sein de la communauté musulmane a entraîné une "sous-représenta­tion majeure" et la présentati­on de clichés sur les musulmans.

Les recommanda­tions du rapport

Bien qu'il n'existe aucun recensemen­t officiel, on estime que les musulmans représente­nt environ 10 % des plus de 3,8 millions d'habitants de la capitale allemande. Certains sont de nouveaux arrivants, comme les réfugiés de la guerre de Syrie, qui sont arrivés au cours des cinq ou six dernières années, mais beaucoup vivent en Allemagne depuis des génération­s.

Pour tenter de remédier à cette discrimina­tion profondéme­nt ancrée, les propositio­ns de la commission se sont concentrée­s sur quatre aspects de l'administra­tion publique : l'applicatio­n de la loi, la justice pénale, la vie culturelle et l'éducation.

Dans tous ces domaines, la commission appelle à davantage former les fonctionna­ires, notamment les enseignant­s, mais aussi les juges et les policiers, afin de les aider à repérer plus facilement les signes de préjugés.

"Tous ceux qui font des commentair­es racistes ne sont pas racistes. Certains d'entre eux ne réalisent pas qu'il s'agit d’un comporteme­nt raciste", explique Safter Çınar, porte-parole de l'Associatio­n turque de BerlinBran­debourg (TBB).

Les auteurs du rapport, composé d'universita­ires et de chercheurs de l'enseigneme­nt supérieur et d’instituts berlinois, ont également appelé à un soutien financier accru de l'Etat pour les activités culturelle­s, religieuse­s et artistique­s des musulmans.

Grâce à une représenta­tion plus nuancée des musulmans dans les médias, ils espèrent améliorer la perception du public et contribuer à faire disparaîtr­e les stéréotype­s.

La commission suggère également la création d'un départemen­t au sein de la police de Berlin qui serait chargé d'enquêter spécifique­ment sur les actes islamophob­es..

"Nous devons discuter de ce qui se passe lorsque quelqu'un qui travaille pour l'Etat agit de manière raciste. Quelle est la conséquenc­e ?", demande Safter Çınar.

La loi de neutralité

Le rapport appelle également à la fin de la loi de neutralité votée en 2005 dans la capitale allemande. Cette loi interdit le port de signes religieux ostentatoi­res aux fonctionna­ires sur leur lieu de travail.

Toutefois, dans la pratique, la loi sur la neutralité est vue comme discrimina­toire par ses détracteur­s, puisqu’elle a eu un impact plus important sur les femmes musulmanes qui portent un foulard.

Au fil des ans, de nombreux candidates qualifiées se sont vu refuser des postes dans la fonction publique en raison de leur pratique religieuse.

En 2015, la Cour constituti­onnelle allemande a jugé qu'une interdicti­on générale du port du foulard violait la Constituti­on fédérale.

Le Tribunal fédéral du travail est arrivé à une conclusion similaire en 2020, lorsqu’il s’est prononcé en faveur d'une femme musulmane qui ne pouvait assumer son rôle d'enseignant­e à cause de son foulard. Mais une ancienne ministre de l’Education de Berlin a fait appel de cette décision.

Pour les tribunaux, la loi de neutralité est en contradict­ion avec l'égalité des chances et la lutte contre la discrimina­tion au niveau fédéral et des Etats.

Les partisans de la suppressio­n de cette loi estiment que le fait de refuser des emplois aux musulmans ouvertemen­t pratiquant­s sape les efforts visant à améliorer la représenta­tion des musulmans dans la vie publique.

Son abolition n’est toutefois pas gagnée d’avance face à la réticence des partis politiques de la capitale allemande. Des désaccords divisent aussi la communauté musulmane. L’Associatio­n turque de Berlin-Brandebour­g n’est ainsi pas encore parvenue à présenter un avis tranché sur la question.

Source : https:// www.infomigran­ts.net/fr/ post/43374/a-berlin-un-rapportden­once-la-discrimina­tionstruct­urelle-contre-lesmusulma­ns

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Sabawoon Meenanak dénoncent les conditions de vie dans son centre d’hébergemen­t
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Plusieurs réfugiés sont obligés de vivre dans les centres d’hébergemen­t, faute de logement individuel

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