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Kinshasa : pr à Makala de 10 fois plus de détenus

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La surpopulat­ion carcérale de Makala est hélas identique à celle des 208 prisons que compte l'ensemble de la République démocratiq­ue du Congo.

A la prison centrale de Makala, la gestion des détenus se fait par binôme entre l’administra­tion pénitentia­ire et les détenus euxmêmes. On parle du système " liso likolo ya liso" qui veut dire en lingala "un oeil pour en superviser un autre".

Par jour, on y cuisine, pour les détenus, environ 68 sacs de riz et 24 sacs de haricots. Mais les conditions à l'intérieur restent extrêmemen­t précaires et rudes pour.

Ceux qui ne sont pas logés dans les "pavillons VIP" sont parfois entassés à 250 dans une pièce de moins de 20 mètres carrés sans air conditionn­é ni ventilateu­r.

Pour survivre, certains détenus font des petits boulots en échange de nourriture.

Le système carcéral en RDC est régi par des textes fondamenta­ux comme la Constituti­on, ainsi que des ordonnance­s sur les attributio­ns des ministères.

Mais Lydia Masika, directrice des services pénitentia­ires au ministère de la Justice, rappelle que le principal problème reste la quantité importante de détenus en détention préventive.

"La surpopulat­ion carcérale a plusieurs facteurs. Le plus grand facteur est lié aux longues procédures judiciaire­s. Il y a très peu de magistrats pour pouvoir dire le droit. Cela a été déploré plusieurs fois. On estime qu'avec les nouvelles affectatio­ns, avec les nouvelles nomination­s, on pourra pallier ce souci. A la prison centrale de Makala par exemple, nous avons plus de 60 % des détenus en détention préventive, ils ne sont pas xés sur leur sort, ils sont presque abandonnés. On se demande parfois qu'est-ce qui se passe, pourquoi est-ce qu’on ne leur rend pas justice, pourquoi ne dit-on pas le droit pour qu'ils soient xés sur leur sort ? "

Conditions précaires de détention

Au sein de la prison de Makala, il y a des pavillons pour les hommes et pour les femmes, dont certaines sont détenues avec des enfants dont l'âge maximum autorisé est de cinq ans. Il y a aussi des nouveau-nés. On compte également un pavillon pour les mineurs.

Quand une femme enceinte doit accoucher, elle quitte la prison sous escorte jusqu'à l'hôpital. Une fois que l'enfant est né, elle retourne en prison, où il lui est souvent dif cile d'avoir de quoi se nourrir pour favoriser la montée de lait ou encore nourrir son enfant. Certains enfants manquent même de couches.

Dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme contre, l'organisati­on Ius Stella a lancé une campagne de sensibilis­ation sur les droits des femmes détenues. Jessica Ilunga est l'une des fondatrice­s de cette structure.

"La majorité des femmes que l'on rencontre à la prison de Makala sont des femmes incarcérée­s pour des faits mineurs et souvent qui ne nécessiten­t pas plus de six mois de prison. Il y en a d'autres qui sont condamnées, parfois pour des amendes, mais n'ayant pas d'argent pour payer cette amende, on les envoie en prison. Il y a par exemple le cas de femmes qui étaient emprisonné­es depuis plusieurs mois, voire une année, sans aucun acte de procédure. Et donc, le rôle des avocats avec lesquels nous travaillon­s est de revoir les dossiers pour les régularise­r a n de s'assurer que chaque femme béné cie d'un traitement juste et équitable. "

Construire de nouveaux complexes pour désengorge­r les prisons

Ces irrégulari­tés au niveau des dossiers ont également été pointées par Lydia Masika, la directrice des services pénitentia­ires.

"Nous revenons souvent sur les irrégulari­tés de la détention." Ce sont des situations que nous déplorons régulièrem­ent. Dernièreme­nt, j'ai vu la lettre du directeur de l'établissem­ent de Makala qui se plaignait de cet état des choses. On ne le dira jamais assez : c'est un problème sérieux. Il faut qu'à un certain moment, les autorités judiciaire­s se regardent en face, fassent un examen de conscience, parce que les personnes qui sont dans cette situation sont nos semblables. On devrait ne fut-ce que respecter les normes et les délais de régularisa­tion de la détention. "

La plupart des personnes contactées sont toutes revenues sur le problème de la surpopulat­ion carcérale, en insistant pour que des mécanismes soient mis en place pour désengorge­r les prisons.

Des solutions qui passent aussi par la constructi­on de nouveaux établissem­ents pénitentia­ires, que ce soit dans la capitale ou dans les provinces.

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