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CAN 2023 : la fête au "village nigérian" d'Abidjan
Sur le campus de l'université d'Abidjan, les belles soirées s'enchaînent dans ce village festif : on peut venir manger, boire, pro ter de la musique, et bien évidemment suivre les matchs de la CAN.
Ils étaient environ 3.000 à suivre la victoire de la Côte d'Ivoire face au Sénégal, tenant du titre, le 29 janvier dernier. Ils étaient un peu moins pour la quali cation du Nigeria aux dépens de l'Angola quelques jours plus tard, mais qu'importe : pour Okafor Chinonso, un Nigérian de 34 ans, suivre la CAN depuis ce village est une expérience très agréable :
"Ce que j'aime dans ce village, c'est que le football est un facteur de cohésion. La CAN, c'est comme Noël pour nous. Et comme en période de Noël ou dans d'autres périodes festives, on ne reste pas à la maison. On a envie de sortir et de voir comment les festivités de cette période rendent les gens heureux", explique celui qui habite Abidjan depuis 2009.
"On veut s'exprimer, on veut se mêler aux autres, on veut partager la joie que cette compétition apporte. C'est le rôle que joue ce village, et je pense qu'il est très important."
Une belle ambiance
Créé à l'occasion de la CAN, ce village est une idée de Cynthia Chinmwedu. Cette jeune femme nigériane, enseignante dans une école professionnelle de la capitale économique de la Côte d'Ivoire, est ravie de voir que l'initiative a bien pris, notant que certains soirs, "il était dif cile de suivre toutes les commandes de boissons". Pour elle, ce village a une vocation plus importante que d'être juste un lieu où l'on regarde du football :
"Oui, c'est important pour nous d'avoir ce village, dans lequel les Nigérians qui sont loin du pays peuvent venir et pro ter de l'ambiance. La Côte d'Ivoire est un formidable pays. Même après la CAN, nous espérons voir des gens venir ici, que ce soit pour des vacances en famille ou bien pour des opportunités d'investissement. S'ils restent à l'hôtel, les gens ratent ce genre d'ambiance. Quand ils viennent ici, au village, ils se mélangent aux étudiants, aux locaux, et ils découvrent des choses et se rendent compte à quel point ils peuvent se sentir en sécurité", estime celle qui habite
avec son manque de sommeil chronique.
Leur chambre fait près de 15 mètres carrés, les lits sont à un bout de la pièce, une table et une armoire de l’autre. Une centaine de personnes vivent dans ce centre situé dans le nord-est de Munich.
"Le lieu est bien situé, près des commerces et d’une station de métro. Mais il faut se partager cinq machines à laver et vous avez une cuisine et une salle de bain pour vingt familles. Il faut parfois attendre trois à quatre heures pour pouvoir se faire à manger", note Sabawoon.
"On cherche un deux-pièces autour de 75 m2. C’est ce qu’on peut avoir avec le Jobcenter, c’est la super cie maximale qu’ils subventionnent". Le Jobcenter, c’est l’agence pour l’emploi, qui subventionne les loyers des personnes à faible revenus. Les montants varient d’une ville à l’autre en Allemagne. A Munich, une famille de trois personnes peut se faire subventionner un logement ne dépassant pas 75 m2 et jusqu’à 1084 euros. A Berlin, par exemple, cette aide est de 634 euros pour un logement de pas plus de 80 m2. A Cologne, cette super cie est subventionnée jusqu’à 939 euros. Des aides sont également prévues pour couvrir les frais d'électricité et le chauffage.
8 résultats
"Mais la plupart des propriétaires de veulent pas louer aux personnes qui dépendent du Jobcenter, bien que le loyer serait garanti", constate Sabawoon. Au-delà des facteurs de discrimination, la procédure de l’agence pour l’emploi demande du temps, puisqu'une fois un logement trouvé, il faut encore faire valider la subvention. Ce simple délai, sur un marché immobilier déjà tendu, peut suf re à exclure un candidat.
"Même un 50 m2 nous irait. On n’est pas exigeants. On a juste besoin des bases pour vivre", précise Sabawoon.
Il sait qu'espérer dénicher un 75 m2 pour 1084 euros semble être une mission quasi impossible.
Au moment de la rédaction de cet article, une recherche avec ces critères sur immobilienscout24.de, l’un des principaux sites immobiliers allemands, af chait à Munich seulement huit résultats.
Et cette situation ne devrait pas s’améliorer au vu de la ambée des prix de l’énergie, notamment du gaz, qui chau e la moitié des logements en Allemagne.
Le journal Süddeutsche Zeitung, basé à Munich parle d’un "deuxième loyer". Alors que les loyers à Munich stagnent pour la première fois depuis le début des années 2000, les charges devraient "énormément augmenter à cause des prix de l’énergie".
Le quotidien note aussi que "la recherche d’un logement devrait bientôt se compliquer" car le nombre de permis de construire à Munich est en baisse et que les délais pour ériger de nouveaux logements s’allongent.
S’éloigner de la ville
Comme dans de nombreuses métropoles, une solution peut être de s’éloigner de la ville pour espérer des loyers moins chers.
Mais pour des réfugiés en phase d’intégration, cette démarche peut signi er l’isolement.
"Si vous vivez trop loin vous ne pouvez pas facilement vous rendre au travail, vous ne trouvez peut-être pas de place en crèche, ou vous n’aurez pas de cours d’allemand. Nos cours d’allemand, la crèche pour ma lle, mon travail, tout est ici", explique Sabawoon Meenanak.
Il n’écarte toutefois pas la possibilité de quitter Munich s’il ne trouve pas de logement. Cette démarche est cependant limitée géographiquement.
La loi allemande sur la répartition des réfugiés prévoit depuis 2016 qu’une personne béné ciant d’un statut de protection, est tenue d’habiter pendant les trois premières années dans la région (Bundesland) responsable de sa demande d’asile.
"Le logement, c’est notre priorité", conclut Sabawoon, qui depuis qu’il est arrivé en Allemagne en février, seules trois familles de son centre d’hébergement ont effectivement réussi à trouver un appartement individuel à Munich.
Source : https://www.infomigrants.net/fr/post/43270/allemagne--trouver-un-logement-entant-que-refugie-le-parcours-ducombattant-13