Deutsche Welle (French Edition)

Pr identielle au Tchad : l’armée, tout sauf neutre

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Au Tchad, la campagne électorale est lancée. Dix candidats, dont une seule femme, sont en lice pour la présidenti­elle du 6 mai prochain.

Pendant trois semaines, les candidats vont sillonner le pays a n de convaincre la population de voter pour eux. Un scrutin censé mettre n à la transition de trois ans, qui dure depuis la mort de l'ancien chef de l'Etat, Idriss Deby Itno.

Cependant, une partie de l’opinion dénonce l’absence de neutralité de l’armée dans ce processus avec le soutien des militaires au président de la transition.

Of ciellement, Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé sa mise en disponibil­ité au sein de l’armée. Son objectif serait de se consacrer à la vie politique.

Participat­ion à la campagne d’a chage

Mais le chef de la junte militaire au pouvoir continue de béné cier des soutiens politiques de ses frères d’armes. Certains haut gradés n’hésitent pas à af cher sur les réseaux sociaux leur adhésion à la coalition qui soutient sa candidatur­e.

Parmi eux, le général Idriss Youssouf, nommé Trésorier général de la direction de campagne de Mahamat Idriss Deby.

Des soldats ont même été aperçus en train d’af cher les portraits géants du candidat Mahamat Idriss Deby.

L’analyste politique Evariste Ngarle Toldé rappelle que "l'armée est contrainte au silence. Elle ne peut en aucun cas et sous aucune forme s'exprimer publiqueme­nt ou prendre position par rapport à une entité politique. Cette neutralité fait de l'armée une institutio­n nationale. Mais aujourd'hui, il est désolant de constater que les militaires tchadiens censés être neutres vis-à -vis de la politique se retrouvent membres des partis politiques".

La crédibilit­é de l’armée est en jeu

Un avis que partage le juriste, écrivain et activiste des droits humains Jean-Bosco Manga. Pour lui, l’absence de la neutralité de l’armée peut être source d’instabilit­é politique.

Il estime que "l’ingérence de l’armée dans la politique peut compromett­re un processus électoral démocratiq­ue en sapant l’équilibre des pouvoirs et en affaibliss­ant surtout les institutio­ns démocratiq­ues. Les militaires pourraient in uencer les élections, restreindr­e les libertés civiques et intimider les opposants politiques. Lorsque l’armée s’engage dans la politique partisane cela peut entraîner une perte de con ance du public".

Depuis son indépendan­ce en 1960, le Tchad n’a connu qu’un seul président qui n'est pas arrivé au pouvoir par un coup d'Etat militaire : François Ngarta Tombalbaye. Il a été assassiné par des militaires en avril 1975.

De 1975 à aujourd’hui, les chefs d’État qui se sont succédés - Félix Malloum, Goukouni Oueddei, Hissène Habré - tous ont tous pris le pouvoir par les armes. Y compris le maréchal Idriss Déby Itno, tué lors d’un assaut rebelle en avril 2021.

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