Deutsche Welle (French Edition)

Éléphants de la Garamba, des voisins un peu trop encombrant­s

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Frédéric Tati Mery, le président de la société civile du territoire de Watsa, dans le Haut-Uélé, ne cache pas son inquiétude. Il explique que les pachyderme­s détruisent les cultures des population­s.

Il demande de l'aide aux autorités parce que ces éléphants sont, selon lui, une menace pour les population­s et leurs champs.

"C'est une réelle dif culté pour ceux qui pratiquent l'agricultur­e parce que toutes leurs cultures sont détruites. Ils ne pourront pas béné cier de leurs récoltes. C'est pour cette raison que nous demandons aux autorités de se pencher sur ce dossier et voir ce qui peut être fait pour dégager ces pachyderme­s et permettre aux population­s de vaquer à leurs occupation­s. "

Une habitude plutôt connue dans la région

Paulin Tshikaya est directeur technique et scienti que à l'Institut congolais de conservati­on de la nature. Il a travaillé au parc de la Garamba et précise que cette situation n'a rien de nouveau.

"Chaque année, quand il y a la saison des mangues, les éléphants quittent la forêt pour venir consommer les mangues. Nous envoyons systématiq­uement des équipes de sensibilis­ation parce que nous sommes face à des troupeaux d'éléphants et on ne peut pas prendre des mesures pour les chasser. Tout le monde sait qu'après un ou deux mois, ils retournent dans le parc. La seule chose que nous faisons, c'est donner des conseils aux communauté­s de ne pas approcher les troupeaux, de ne pas les déranger, de ne pas chercher à

couper les mangues là où les éléphants sont déjà présents et cela nous permet de maintenir un équilibre, " con e le scienti que à la Deutshe Welle.

Vers une meilleure cohabitati­on entre les humains et les éléphants ?

Pour Corneille Ewango, professeur à l'université de Kisangani et spécialist­e en biologie de conservati­on et en biodiversi­té, qui a lui aussi longtemps travaillé au parc national de la Garamba, il est impératif de comprendre l'écologie de ces animaux :

"L'éléphant ou les autres animaux passent et repassent dans leurs traces. Pour eux, c'est leur territoire et ils peuvent faire la transhuman­ce là où il y a disponibil­ité de nourriture. Les communauté­s doivent savoir s'organiser pour mener des activités en couloir. L'agricultur­e doit se faire de manière regroupée, de manière à assurer la protection des cultures. Mettre en enclos les éléphants ou les animaux du parc national de la Garamba, ou d'un autre parc, c'est rêver de quelque chose qui n'arrivera pas. Le parc a ses limites connues des humains, mais les animaux ne voient pas ces limites."

Corneille Ewango insiste sur le fait que cette situation n'est pas particuliè­re à la Garamba, cela se passe partout où vivent des éléphants. Pour lui, les animaux, tout comme les humains, ont le droit à la vie et nécessiten­t d'être protégés.

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