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Élections législativ­es et r gionales sous tensions au Togo

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Les électeurs en âge de voter sont aux urnes ce lundi 29 avril pour élire leurs députés et, pour la première fois, leurs conseiller­s régionaux.

Ce double scrutin se tient dans un contexte tendu depuis l'adoption contestée, le 19 avril 2024, d'une nouvelle Constituti­on qui a fait basculer le pays d'un régime présidenti­el à un régime parlementa­ire.

Contrairem­ent au dernier scrutin, l'opposition togolaise a décidé de ne pas boycotter ces élections législativ­es et régionales.

Jeudi dernier, l'Alliance nationale pour le changement de JeanPierre Fabre a appelé ses militants à sortir "massivemen­t" ce 29 avril pour accomplir leur devoir civique.

La crédibilit­é du scrutin

Cependant, l'ancien ministre togolais de l'Intérieur, qui vit en exil, François Esso Boko, émet des réserves quant à la crédibilit­é du processus électoral en cours.

"Les modi cations des règles du jeu électoral ont été opérées dans des conditions opaques. Le découpage électoral actuel opéré en janvier est inique et est censé garantir une victoire au camp présidenti­el. L'épiscopat, qui a voulu déployer 500 observateu­rs, a été empêché par le ministère de l'Administra­tion territoria­le. Tout ceci vous prouve que les dés sont pipés. Néanmoins, le peuple togolais, seul détenteur de sa souveraine­té populaire, peut massivemen­t déjouer tous les pronostics", estime François Esso Boko.

François Esso Boko a été ministre de l’Intérieur du régime de l’ancien président Gnassingbé Eyadema, le père de l'actuel chef de l’Etat togolais. En avril 2005, lors de la première élection de

Faure Gnassingbé, il avait dénoncé la fraude avant d'être ex ltré à l’aide notamment des Allemands et des Américains. Il s'est réfugié depuis en France.

Une formalité pour le pouvoir ?

Les élections de ce lundi semblent donc s’annoncer comme une formalité pour le parti au pouvoir, l'Union pour la République (Unir). L'ancien président de la Cour constituti­onnelle du Bénin, le professeur de droit public Théodore Holo, est lui aussi sceptique.

"Car ce sont les mêmes hommes, que ce soit un régime présidenti­el, semi-présidenti­el ou parlementa­ire, qui, depuis 1967, exercent le pouvoir au Togo. Si ces hommes ne changent pas, s'il n'y a pas alternance, ça m'étonnerait que la gouvernanc­e puisse changer", dit Théodore Holo.

Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social, cadre d’Unir, le parti de la majorité au pouvoir, prône l'apaisement.

"Si les Togolais, ce qui est notre souhait et notre espoir, font con ance au parti Unir et expriment à nouveau leur con ance et leur soutien au président Faure Essozimna Gnassingbé, nous allons travailler dans l'esprit d'ouverture envers toutes les autres composante­s de la nation. Et donc, nous pensons que, face aux dé s, nous avons besoin de cohésion, nous avons besoin d'unité. Malheureus­ement, nous constatons que ce n'est pas ce discours de projet d'unité que nos frères et soeurs de l'opposition tiennent", explique à la DW Gilbert Bawara.

Selon la nouvelle Constituti­on, adoptée le 19 avril à l'unanimité, ce sont les députés qui éliront le président pour un mandat de quatre ans, renouvelab­le une fois.

Mais celui-ci n’aura plus qu’un rôle de représenta­tion et le véritable exercice du pouvoir résidera entre les mains du président du Conseil des ministres.

Le chef du parti vainqueur des élections du 29 avril sera nommé à cette nouvelle fonction, sans limitation de mandat. Tout porte à croire que ce sera Faure Gnassingbé.

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Image : Reuters/L. Gnago

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