Spécial Madame Figaro

J’ai pris à partie l’univers, supplié Dieu de me donner la force de transforme­r ma colère

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sans-papiers qui l’incarne s’est elle aussi fait arrêter, raconte la réalisatri­ce. Idem pour la scène où son fils Yonas se voit du même coup abandonné à son sort. La directrice de casting a dû recueillir l’enfant chez elle pendant trois semaines, le temps que Rahil sorte de prison. » Pour rendre son script le plus crédible possible, la cinéaste enquête dans les prisons et les tribunaux libanais. leur mère pour que je me prenne une bonne claque. Je n’avais aucun droit de les juger puisque je n’avais jamais été confrontée à leurs conditions de vie. » Aujourd’hui, Nadine Labaki qui, pendant des mois, s’est assise dès 7 heures du matin devant son ordinateur pour regarder ses personnage­s évoluer à l’écran, a du mal à lâcher l e morceau. Elle aimerait modifier le montage de Capharnaüm pendant des années, ne jamais le laisser. La réalisatri­ce, qui s’est présentée sur une liste électorale aux dernières élections municipale­s de Beyrouth, a encore affûté sa conscience politique, trouvé sa « cause» – celle de ces exclus du système, qui naissent, puis meurent dans l’indifféren­ce générale – et espère bien modifier l’ordre des choses. « Ce film a changé ma vie, confie-t-elle. Il faut que les artistes s’engagent. Le système actuel a prouvé sa faillite. La politique a besoin d’eux pour changer de perspectiv­es. Alors, proposons des projets de loi pour changer le sort de ces enfants, ouvrons le débat. Car, si je sais une chose, c’est que Capharnaüm ne doit pas s’arrêter là. »

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