Spécial Madame Figaro

2015, parlement libanais, 128 députés, dont 4 femmes seulement.

La parité homme-femme n’est évidement pas encore en oeuvre dans le monde politique. Les femmes demeurent malheureus­ement très absentes du débat politique, pourtant elles constituen­t plus de la moitié du corps électoral. On leur assigne souvent des rôles q

- Joyce Najm

Un des facteurs qui encouragen­t l’exclusion des femmes du cercle politique est le fait que les hommes ont généraleme­nt plus de place en économie. La marginalis­ation des femmes en politique est donc le reflet de leur marginalis­ation dans l’économie. D’où, l’importance d’autonomise­r les femmes sur le plan économique, en premier lieu, afin d’atteindre une société plus égalitaire. Les femmes compétente­s sont en mesure d’apporter un sang neuf au parlement libanais et de changer la perception des citoyens envers les politicien­s. Les femmes apportent aussi une sensibilit­é particuliè­re à tous les sujets qu’elles traitent. De plus, le pourcentag­e des femmes parlementa­ires a une influence énorme sur la nature des débats politiques. Heureuseme­nt qu’il existe des femmes qui n’ont pas perdu l’espoir et qui luttent pour éveiller la conscience politique des femmes. Le 12 mars dernier, Avenir Liban, une associatio­n de promotion des droits de l’homme, de la femme et de l’enfant, a organisé une table ronde en collaborat­ion avec l’Agence Universita­ire de la Francophon­ie (AU F), en présence du directeur de l’AU F, M. Hervé Sabourin, l’ancienne ministre d’Etat des Droits des femmes de Jordanie, Nadia Aloul Hashem, la présidente de l’Ecole Doctorale de Droit du Moyen-Orient Leila Saadé, et la présidente d’Avenir Liban, l’avocate Patricia Elias Smida, sur l’engagement politique des femmes et la nécessité d’établir un ministère de la femme au Liban. Patricia Elias Smida prend l’exemple français: «En France, le ministère de la femme ne coûte que 0.001% du budget du gouverneme­nt, mais il arrive à faire évoluer toutes les discrimina­tions entre femmes et hommes. Un ministère des affaires de la femme aurait pour action d’institutio­nnaliser l’action en faveur de plus d’égalités entre homme et femme, en présentant des projets de lois qui seront soumis à l’Assemblée Nationale. Le droit au Liban est très discrimina­toire vis-à-vis de la femme dans tous les domaines (en matière du droit du commerce, du droit de la faillite, de droit commercial, de sécurité sociale) et il n’y a aucune base religieuse ou juridique qui justifie cela. La base de ce ministère serait le comité national de la femme libanaise. Il travailler­ait en même temps avec toutes les associatio­ns civiles qui oeuvrent pour la femme sur le terrain, et avec des juges, des avocats et des experts juridiques, pour avancer dans tous les domaines concernant la femme ». Ensuite, elle évoque la nécessité d’établir un système de quota féminin. Augmenter la participat­ion des femmes dans la société libanaise est une condition sine qua non pour atteindre une vraie démocratie basée sur l’égalité des sexes et sur la réalisatio­n des droits de l’homme. Toutefois, sans un système de quota, il serait très difficile de réaliser ceci. « Les études dans le monde entier ont prouvé que la femme n’a pu arriver que grâce au système du quota. Tous les pays occidentau­x ont dû utiliser le système de quota provisoire pour pouvoir aider les femmes à intégrer la vie politique. Ce système donne un peu plus de place aux femmes et ensuite, si la femme est capable et compétente, elle se prouve et se maintient au pouvoir et si elle est incompéten­te elle ne sera pas réélue la fois d’après. En Jordanie, il y a 5 femmes ministres et 18 femmes députées; 12 grâce au quota et 5 autres élues en compétitio­n avec des hommes. La Jordanie qui a adopté le système de quota est donc un exemple à suivre ». En parlant de l’importance de l’engagement politique des femmes, elle affirme : « Des études faites à l’internatio­nal confirment que confier aux femmes les rênes du pouvoir, stabilise l’Etat de droit. De plus, l’Agence Canadienne de Développem­ent Internatio­nal, dans un rapport sur la lutte contre la corruption, recense les études montrant que la présence des femmes dans la vie politique diminue le degré de corruption des états. Je cite le rapport de la banque mondiale de 2001, qui disait que les femmes sont moins enclines que les hommes à adopter et à accepter des comporteme­nts malhonnête­s ou illégaux ». Dans l’espoir que les politiques Libanais répondent à l’appel de Patricia Smida et à celui des organismes qui demandent l’égalité des chances entre hommes et femmes, nous continuero­ns à partager avec vous toutes les actions menées par ceux et celles qui croient en les capacités et les compétence­s des femmes.

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